Egalité entre les sexes, Haïti doit faire des efforts

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3 avr 2014

Egalité entre les sexes, Haïti doit faire des efforts

En cette année où la communauté internationale voit l’égalité entre les sexes comme un levier à tout progrès, Mme Mimose Royal André, la Chef de service de la législation et de promotion des droits des femmes au ministère à la Condition féminine et aux Droits des femmes fait le point sur la situation en Haïti.

Photo: Logan Abassi-UN/MINUSTAH Photo: Logan Abassi-UN/MINUSTAH

La Journée Internationale de la femme est célébrée en Haïti cette année sous l’angle de l’Egalite entre l’homme et femme comme un levier pour le progrès de tous, que vous inspire ce thème ? Mimose Royal André: Ce que ce thème m’inspire : ‘’ c’est créer un espace propice à l’épanouissement de l’être humain qui se rapporte à la réalisation de la liberté individuelle et la création de richesses’’ énumérés comme objectif du millénaire à atteindre par chaque gouvernement des états membres des Nations Unies. Quelle description faites-vous du statut et du rôle du Haïtien et de l’Haïtienne, y a-t-il une différence, si oui cette différence est-elle juste ? MRA: Les Haïtiennes et les Haïtiens ne sont pas soumis aux mêmes droits et obligations, ne bénéficient pas des mêmes privilèges ou des mêmes chances. C’est une société inégalitaire. La société a établi une différence, accueillie dans une large mesure par le droit Haïtien, entre l’homme et la femme qui sont pourtant deux éléments sociaux vivant dans une seule et même société. Cette différence n’est pas juste, le pouvoir d’expression de négociation, de décision, le pouvoir économique sont monopolisés par les hommes. C’est pourquoi les femmes s’organisent pour trouver un espace de liberté, d’échange et de solidarité. La toile de fond des revendications féminines c’est la répartition équitable des richesses et de pouvoirs. Nous sommes à un tournant de l’histoire où s’est développé une culture de promotion et de défense des Droits Humains en général et des droits des femmes en particulier. C’est aussi une période au cours de laquelle s’est opéré une profonde remise en cause des relations homme-femme et un rééquilibrage des rôles sociaux. D’où l’intégration du genre en développement qui est la stratégie qui permet aux décideurs de prendre en compte les besoins spécifiques des femmes et des hommes. Durant les 20 dernières années, y a-t-il eu des améliorations du statut de la femme si oui quels en sont les points significatifs ?

Photo: Logan Abassi-UN/MINUSTAH Photo: Logan Abassi-UN/MINUSTAH

MRA : Oui il y a une nette amélioration du statut de la femme durant ces années-là : 1) Les questions liées à la réalité des femmes se transforment en des engagements internationaux ; 2) l’importance de protéger et de promouvoir l’égalité entre hommes et femmes est confirmée par plusieurs conventions internationales et régionales ; 3) l’égalité des sexes est devenue un mandat international. Donc, les questions essentielles des femmes se transforment en une nécessité humaine et une nécessité structurelle, en une nouvelle vision humaine, en respect de la dignité de la personne, une voie menant à un monde plus humain et plus juste. C’est aussi la promotion de la femme et de l’homme. En partant du postulat que la femme Haïtienne subit des pesanteurs sociales et culturelles qui nuisent à son épanouissement, dites-nous quelles sont ces pesanteurs et d’où proviennent-elles ? MRA : La haute privatisation des services sociaux a un cout très élevé pour les femmes surtout pour les femmes chefs de familles et au niveau de l’offre de services, nous pouvons constater l’exclusion tant au niveau géographique qu’au niveau des conditions d’accès aux services ont des conséquences néfastes sur les femmes et sur les filles. Plus autonome et mieux éduquer, la femme saura maitriser sa fécondité et soulagera l’économie du poids de la démographie. Une mentalité mieux adaptée à l’économie moderne pourrait être transmise à l’enfant (femelle ou male). Elle pourra participer plus efficacement à la vie politique et économique de son pays. L’hygiène permettra aussi de pallier les conséquences économiques de maladies trop fréquentes qui diminuent la productivité. Ces pesanteurs proviennent de l’exclusion, de la discrimination, de la violence faite aux femmes, en un mot de la mauvaise répartition des richesses et de pouvoirs. Quels efforts Haïti (Gouvernement, société civile, Institution de formation, famille leader d’opinion) doit faire pour faire progresser les choses. mimose-vignette MRA: Haïti doit se donner pour obligation d’appuyer les efforts déployés par les femmes pour accroitre leur capacité à influencer la direction de la société et l’orientation politique de leur pays, à lever les barrières qui les empêchent d’avoir accès au pouvoir et à élargir leurs rôles en tant qu’acteurs politiques dans la société civile et au sein des gouvernements. La réforme des institutions de sorte que les femmes et les hommes deviennent égaux devant la loi. ‘L’aide de la communauté internationale doit être efficace’’. Haïti et les organisations internationales doivent renforcer leurs capacités à réaliser l’égalité entre les sexes. Haïti et la communauté internationale (8eme objectif du millénaire) ne sauraient atteindre cet objectif sans la motivation et la sensibilisation, sans la participation de la communauté rurale qui représente le pourcentage le plus important de la population haïtienne. Pour conclure, je dirais à l’instar de certains romantiques allemands ‘‘libérer le propre de la femme, afin qu’elle nourrisse enfin la culture et la société dans son ensemble, influence et civilise le comportement des hommes’’. Interview accordée à Jonas Laurince – UN/MINUSTAH Plus de photos sur la journée internationale de la femme ici