En Haïti, la paix se chante et se danse

29 sep 2014

En Haïti, la paix se chante et se danse

Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAHPhoto : Logan Abassi - UN/MINUSTAH

Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH

 

Place Boyer, samedi soir

Plusieurs centaines de personnes ont chanté et dansé samedi soir à la Place Boyer, (Pétion-ville) dans le cadre d’un concert pour la paix animé par des artistes haïtiens engagés, avec comme invité spécial, Lokua Kanza, originaire de la République Démocratique du Congo qui vit et travaille, à Paris, en France.

« Je célèbre la paix en dansant. Pour moi, c’est un signe de paix quand nous autres haïtiens, on se retrouve mêlés aux étrangers, ici », témoigne Elda presqu’à la première ligne de la foule massée devant la scène, reprenant en cœur un refrain de Beethovas Obas, artiste haïtien internationalement connu. « Couleur café, que j’aime ta couleur café ».

En sueur, corsage rose , la jeune femme était « émerveillée » de constater à côté d’elle des étrangers, parfois les main en l’air, reprenant le même refrain.

« S’il n’y a pas de violence, s’il y a la paix, je sens que mon pays peut aller loin », lance sa compagne, Badette, pouvant à peine retenir son souffle. « Je m’excuse, hein », dit-elle souriante, tout en essayant d’écarter de sa main gauche ces petites tresses tombant sur son visage pour pouvoir de la main droite s’essuyer le front.

A l’autre bout de la scène, Jean Pierre, est « content » lui aussi d’observer des étrangers danser et faire la ronde avec des enfants de rue, dont certains aux pieds nus. Cet agent de sécurité, revenant de travail, passait par là. T-shirt bleu ciel, jeans gris, sac à dos noir, serrant ses deux épaules, il croit que « si les autorités pouvaient encadrer n’étaient-ce ces enfants de rue, à un fort pourcentage, la paix des rues pourrait être garantie ». Car, observe-t-il, une bonne partie des actes perpétrés dans le pays sont l’œuvre de ces jeunes recrutés par des chefs de gangs.

 


 

« Choisir la paix c’est choisir le dialogue et le respect, c’est cultiver l’échange et le consensus, c’est avoir confiance et faire confiance. »

 


 

Ce concert pour la Paix, à l’initiative de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), et organisé en collaboration avec la Fondation Haïti Jazz, donnait en fin de soirée l’aspect d’une soirée dansante. Certains jeunes n’avaient même pas attendu l’invitation à la danse qui leur a été lancée par « Beetov », comme ils le surnomment, pour entonner « ou wo, ou wo », secouant la tête, tout en se balançant des deux côtés, les mains en l’air, alors d’autres en couples s’étaient mis de face pour entrer dans la danse.

Non loin de là, Maryse trentaine révolue, hisse son petit garçon de deux ans et demi sur son épaule. Pour elle, ce concert est une façon simple de se décompresser. « C’est intéressant de sortir et se distraire, surtout quand la paix est la toile de fond de l’activité », explique-t-elle, cadençant au rythme de la musique entrainante.

« N’était-ce la musique, beaucoup d’entre nous, auraient recours à la violence ou perdu la tête, tenant compte des divers problèmes auxquels nous faisons face tous les jours », estime pour sa part, Mario Grisonnant, portant des verres, une chemise bleue à rayures blanches et noires, manche longue retroussée, le quinquagénaire haïtien ne « regrette » pas de s’être arrêté, sur les lieux ce samedi 27 septembre.

« Choisir la paix c’est choisir le dialogue et le respect, c’est cultiver l’échange et le consensus, c’est avoir confiance et faire confiance. Le partage est aussi dans l’art et le chant. Ce soir nous sommes ici pour montrer que la paix se chante, se danse et se vit dans la joie. Parce que l’on ne construit rien par la violence. Parce que sans la paix, il n’y a pas de stabilité. Parce que sans la paix dans nos esprits comme dans nos actes, il n’y a pas de développement », a lancé la représentante du Secrétaire général des Nations unies en Haïti, Mme Sandra Honoré, en présence notamment de la ministre de la culture, Monique Rocourt, de représentants des institutions Haïtiennes et de membres de la communauté internationale.

Les Haïtiens Rutschelle Guillaume, Mysty Jean et James Germain aux côtés de Lokua Kansa, ont animé cette soirée retransmise en direct sur la Télévision Nationale d’Haïti entrainant avec eux les milliers de personnes venues partager leurs messages en musique et en chanson sous le thème « Ann chwazi lapè » (en français, « Choisissons la paix’’).

- Pierre Jerome Richard – UN/MINUSTAH

 

Voir la galerie de photos du concert :

https://www.flickr.com/photos/minustah/sets/72157648120952246/show