Fêtes de fin d’année 2015 en Haïti, pour le meilleur dans le pire

31 déc 2015

Fêtes de fin d’année 2015 en Haïti, pour le meilleur dans le pire

 

 

Photo Anderson LaforetPhoto: Anderson Laforet - UN/MINUSTAH

 

 

« L’argent manque dans notre foyer. On ne peut même plus se permettre de respecter certaines de nos traditions », se plaint Murielle, la trentaine, mère de deux enfants, à bord de sa voiture. Cependant, cela ne l’empêche de s’offrir, au coin d’une rue dans le quartier de Delmas, à Port-au-Prince, une paire de poulets qu’elle compte déguster le 2 janvier.  

« Traditionnellement chaque année, c’est avec une dinde que l’on se fait plaisir», explique-t-elle. Sauf que cette fois-ci, pour la première fois, son portefeuille ne lui permet pas ce luxe.

Mais, même pour s’acheter les poulets, la tâche n’a pas été facile. Si l’année dernière elle pouvait avoir ces volailles pour 1500 gourdes, cette année il faut les payer 2500 gourdes. Et ce n’est nullement la faute de la marchande ni celle des éleveurs. Les conditions changent tout simplement.  

Son : La marchande de volailles.

 «La politique et l’insécurité, voilà ce qui a gâché la fête de cette année », regrette Janjan, chauffeur de moto. «…Et certains passagers ont peur de nous, puisque ces jours-ci la plupart des bandits utilisent ce véhicule pour commettre leurs forfaits», précise-t-il.

En effet, la Police Nationale d’Haïti (PNH) a enregistré plusieurs cas d’individus victimes d’insécurité. Parmi eux, des policiers. Soulignons qu’elle est parvenue tout de même à mettre la main au collet d’un bon nombre de ses malfaiteurs. Ce qui rassure un peu la population, qui réclame d’ailleurs mieux.    

 

 

Cette situation socioéconomique difficile n’affecte pas qu’une seule catégorie de la population. Elle est ressentie à tous les niveaux de l’échelle tant à la capitale que dans les villes de province. Les jouets ne se vendent plus sur le trottoir. Les parents au faible moyen économique s’en plaignent, alors que leurs enfants en rêvent davantage. Et, les détaillantes sont peu enclines à vendre aux moins offrants. Ce qui risque de leur faire rater le coche. Car, après la Noel, certains jouets ne valent plus la peine d’être étalés.

 

 

 

Comme pour sauver la face.

« Elle, c’est Taïsha.  Elle est née avec un bec de lièvre. Ses parents l’ont abandonné à l’Hôpital. On nous l’a amené alors qu’elle avait à peine un mois », raconte Cébien Delphin, responsable de l’orphelinat  ‘Jesus love me’. A quatre ans, cette petite fille a déjà subi deux interventions chirurgicales pour corriger sa malformation.

L’institution héberge présentement 28 enfants avec chacun une histoire différente, mais quand même un peu à l’image de Taïsha. Abandonnés des leurs ou séparés d’un parent par la mort, ce fut une joie pour ces enfants de recevoir des jouets à l’occasion de la Noel.

« Moi, je veux une poupée!», lance Taïsha depuis le banc sur lequel elle est assise. Les bras grands ouverts, elle saisit son cadeau et le serre très fort contre elle, défiant quiconque tenterait de le lui enlever.

 

Photo : Taina Noster - UN/MINUSTAH

 

Secondé par sa femme, Mr. Delphin administre cette institution depuis 1995. « Nous sommes à notre 4ème promotion », lance-il sur un ton de défi. Ils sont maintenant des professionnels et/ou des universitaires.

L’organisation locale Agir pour Changer est l’initiatrice de cette activité qui a ciblé deux orphelinats des Gonaïves et deux sections communales de la commune d’Anse-Rouge. Il s’agit, selon le coordonnateur de cette structure, Carl Gérard Jean-Marie, de la 2ème édition baptisée « agissons ensemble pour que règne la joie au cœur de tous les enfants ».

 

Entretemps, la ville des Cayes vit sa pâleur

La Radio Télé caramel réalisait annuellement  un show baptisé « Noël Caramel » très prisé dans la métropole du Sud et ses environs. Cette année, la chaine n’a pu réaliser ce programme. Motif : les sponsors ne répondent pas à l’appel, car la situation socio-économique difficile affecte beaucoup le secteur des affaires dans cette région. Et, on peut considérer cette situation comme l’une des conséquences directes de la crise politique que confronte le pays depuis plusieurs mois, confie Sarah Georges, animatrice culturelle à cette station de télévision privée.

 Si dans les années antérieures, Les Cayes étaient animées d’activités diverses, en 2015, la réalité est bien différente. Et cela est visible dans les quartiers, les institutions publiques et les marchés.

Toutefois, un seul show « Okay nan Nwèl » allait marquer la période de fin d’année dans la Ville. Réalisé par BOLO Group, ce concours de Noel a enregistré 63 compétiteurs originaires de divers départements et communes du pays ; ce qui lui a conféré une envergure nationale.

Abordant la situation sociale et politique à l’occasion de la période et la fin d’année, l’Animatrice et Journaliste Sarah Georges  formule le vœu « que les protagonistes puissent trouver une issue favorable à la crise politique afin que le pays puisse connaitre un avenir meilleur. Avec cela, soutient-elle, lors des périodes de Noël à venir, le secteur médiatique et culturel des Cayes pourra renouer avec les programmations habituelles.

 

Rédaction : Anderson Laforet, Taina Noster, Faubert Francois