Face aux intempéries, Cap-Haitien de plus en plus vulnérable

15 fév 2016

Face aux intempéries, Cap-Haitien de plus en plus vulnérable

Photo: Docteur Moise Alex - UN/MINUSTAH

Photo: Moise Alex Docteur  - UN/MINUSTAH

 

Debout près de la ravine Zetriye, des dizaines de capois regardent, impuissants, la coulée de boue résultant des 4 jours d’intempéries ayant touché le Nord d’Haïti du 9 au 12 février 2016. « Les gens prennent l’habitude de se servir de la ravine comme dépotoir », s’indigne Fifi, une mère de famille. Cette marchande de fritures, elle aussi victime de ce désastre, présume que la mauvaise gestion des déchets domestiques en est à la base. 

En effet, des canaux obstrués par des immondices, des alluvions au milieu de la chaussée, des badauds juchés sur tout ce qui peut leur servir d’estrade, constatant avec tristesse les débordements de la ravine charriant des tonnes de détritus, tel est le décor de la rue Fatima, à Cité Lescot, un quartier pauvre de Cap-Haitien. Par endroit, le dépôt d’alluvions atteint jusqu’à un mètre de hauteur par rapport au niveau de la rue. Les voisins de Fifi quant à eux, essayent vainement, à l’aide de l’eau de pluie, de nettoyer tout ce qui peut l’être, en attendant le soleil qui n’est pas aux rendez-vous.

 

 Photo: Docteur Moise Alex - UN/MINUSTAH

Photo:  Moise Alex Docteur - UN/MINUSTAH

 

« Le centre d'opération d'urgence départemental a été activé en vue de voler au secours des zones les plus affectées », a affirmé Henry Petit Jean, responsable de la Protection civile faisant état de 500 familles sinistrées. Ce dernier a aussi présenté un bilan de trois (3) morts, dont un garçon de 11 ans. À l’instar de Fifi, M. Petit Jean attribue ce drame à une gestion inconsciente de l’environnement, faisant ainsi référence à la construction anarchique, la gestion des déchets et l'encombrement des exutoires.

 

Les habitants ont ras-le-bol

Bluehills, un autre quartier défavorisé, situé à environ 10 minutes de voiture au sud du centre-ville, présente le même spectacle. La rue principale généralement animée, est quasiment déserte. Cette artère est envahie par la Rivière Haut du Cap qui laisse et innonde au passage tout le quartier.

Des enfants accroupis sur les fondations d’une maison en ruine observent les quelques riverains qui essayent tant bien que mal de vaquer à leurs occupations quotidiennes. Le milieu de la voie est transformé en lave-auto de fortune. Des jeunes jouant aux dominos, visiblement dégoutés par des inondations à répétition de leur quartier, refusent tout contact avec les journalistes.

Sous couvert de l'anonymat, un sapeur-pompier habitant la zone propose des solutions.

 

 

Dans son appel à une transition vers une plus grande résilience en Haïti, le 11 mars 2015, la Communauté internationale a rappelé qu'Haïti est le cinquième pays au monde le plus exposé au risque de catastrophes naturelles. Réduire l'extrême vulnérabilité et renforcer la résilience en Haïti deviennent donc, selon elle, des défis majeurs pour les futurs dirigeants. ​

 

Rédaction : Moise Alex Docteur