Grande-Anse : sur le chemin des ouragans

26 nov 2012

Grande-Anse : sur le chemin des ouragans

Du 23 au 26 octobre 2012, l’ouragan Sandy de catégorie 2 a frôlé la côte sud d’Haïti, notamment le département de la Grande-Anse. Toutes ses communes ont été touchées. Par sa position à l’extrême Sud-ouest d’Haïti, la péninsule de la Grande-Anse est particulièrement vulnérable aux aléas climatiques.

Impacts de Sandy sur la Grande-Anse, un departement fragile

Photo : UN/MINUSTAH

« Par sa situation géographique, sur la trajectoire des cyclones, la Grande-Anse se trouve très exposée au vent, aux ouragans et aux tempêtes tropicales. C’est ce qui s’est produit avec l’ouragan Sandy », explique l’agronome Mikerlange Balmir. En effet, selon le bilan de la Direction de la protection civile de la Grande-Anse, ce département, qui s’étend sur l’extrême Sud-ouest d’Haïti, a payé le plus lourd tribut au passage il y a un mois de l’ouragan Sandy. Les pluies et les vents y ont fait douze morts sur les 52 enregistrés officiellement sur tout territoire. Plus de 11.000 familles ont été touchées et 5.853 maisons endommagées par les inondations et le vent.

En crue, les rivières et cours d’eau comme à Dame-Marie, Voldrogue, Roseaux et Duchity ont arraché ponts et chaussées dont certains sont depuis fermés à la circulation en attendant les travaux de consolidation. Le Ministère des travaux publics et télécommunications chiffre à plus de 8 millions de dollars US les dégâts enregistrés sur plus de 16 routes et ponts. Si le Centre national des équipements est intervenu rapidement pour rétablir la communication entre les départements du Sud et de la Grande-Anse dès le lendemain du passage de l’ouragan, les interventions sur les voies secondaires détériorées n’ont pas encore débuté.

Hormis la réparation des infrastructures endommagées, l’avenir de l’agriculture, première ressource économique du pays, préoccupe les autorités haïtiennes et leurs partenaires. Selon le Directeur départemental du Ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural, l’ouragan Sandy est venu aggraver la situation du secteur déjà fragilisé par le passage de la tempête Isaac en Août dernier. « En pleine saison des récoltes, Sandy a dévasté 33.000 hectares de terres agricoles. Des pertes qui sont doublées par la détérioration des routes agricoles que le Ministère de l’agriculture devra réparer », explique l’agronome Vladimyr Potgony Jean. Le responsable de la protection civile dans la région, Sylvera Guillaume, craint ainsi une baisse du pouvoir d’achat de nombreux ménages vivant directement de l’agriculture et, comme corollaire, une hausse de l’insécurité alimentaire. En effet, dans leur appel d’urgence pour 39 millions de dollars US fonds lancé suite au passage de l’ouragan Sandy, le Gouvernement haïtien et ses partenaires humanitaires internationaux estiment à 2,5 millions le nombre d’Haïtiens en situation d’insécurité alimentaire. Alors que 21 millions de dollars ont déjà été promis par les bailleurs de fonds, le Fonds pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) prépare la distribution, avant la mi-décembre, de semences pour aider à relancer les cultures d’hiver dans les communes agricoles touchées dans le grand Sud d’Haïti.

François Fobert/Sophie Boudre