Haïti: la technologie, un plus pour la modernisation de l’état civil

3 fév 2014

Haïti: la technologie, un plus pour la modernisation de l’état civil

14-01-28-CPIO Visits ONI to document the electoral registrtion processEn vue de répondre à la demande croissante des haïtiens en quête de pièces d’identité, l’Office national d’identification (ONI) se modernise.

Alors que l’on parle de plus en plus d’élections en Haïti, c’est l’affluence dans les 142 bureaux de l’ONI à travers le pays. De 500 à 600 traditionnellement, ce nombre en début d’année a doublé selon son directeur, Jean Baptiste St Cyr, pour qui le nombre pourrait même tripler dans les jours à venir.
« Ces jours-ci nous recevons un nombre supérieur à la normale avec une augmentation de 40 à 50% des citoyens en quête de cartes d’identités », explique M. St Cyr, au bureau central de l’ONI à Port-au-Prince.
Avec l’annonce des élections législatives, municipales et locales prévues en 2014, nombreux sont les haïtiens qui se précipitent dans les bureaux d’Etat civil afin d’obtenir leur carte d’identité nationale (CIN) et être ainsi inscrits sur les listes électorales comme électeurs.
« Je voudrais soutenir mon cousin qui veut se porter candidat à la députation pour la 3e circonscription de Port-au-Prince », explique Anel, un futur électeur venu faire sa demande de carte d’identité au bureau central de Port-au-Prince. « Mais je veux aussi recommencer à traverser la frontière, cette fois-ci légalement », avoue-t-il. En effet, Anel vient d’être refoulé de la République Dominicaine voisine où il a travaillé plus de 5 ans comme maçon, sans papiers. « Je veux me lancer dans le commerce entre Haïti et là-bas », explique-t-il.
Parmi les visiteurs du bureau de la capitale, il y aussi Jeannette, portant son sac d’écolier en bandoulière sur un uniforme bleu marine. « J’en ai besoin pour mon inscription aux examens du Baccalauréat », dit cette élève en fin de cycle scolaire.
En effet, la carte d’identité nationale, instituée par le décret du 1er juin 2005 - en remplacement de la carte d’identification fiscale (NIF) - est utilisée à divers échelons de la vie publique haïtienne. Pas de passeport, de permis de conduire, de transaction bancaire, ou de signature de contrat sans carte d’identité
Jean Pierre, la cinquantaine, est là pour mettre fin à son «calvaire ». « Je survis grâce à des amis », raconte-t-il, le visage fatigué. Résidant à Carrefour, commune au sud de la capitale, il a parcouru plusieurs kilomètres à pieds pour obtenir une nouvelle carte d’identité au bureau de l’ONI situé dans les collines au-dessus du centre-ville.
Après s’être fait volé son portefeuille il y a trois mois, ce père de famille ne peut gagner son pain, interdit d’accès dans la zone portuaire où il travaille, faute de papiers d’identité.
Produire plus et mieux
Sachant qu’un citoyen sans identité officielle ne peut participer pleinement à la vie économique, politique et démocratique de son pays, les autorités haïtiennes se sont mises d’accord sur la nécessité d’adopter de nouvelles mesures susceptibles d’enregistrer le maximum de gens en un minimum de temps.
« Cela ne m’a pris que 15 minutes », se réjouit Sara en se levant de la petite table où elle s’est fait prendre en photo et relever ses empreintes digitales par un opérateur muni d’un ordinateur portable relié à un appareil photo numérique.
C’est ce qu’il faut pour se faire enregistrer et obtenir ainsi sa CIN. « A condition que toutes les données à savoir le nom et le prénom, la date et le lieu de naissance, et l’adresse physique soient correctes », nuance le Directeur de l’institution.
Des kits d’enregistrement mobiles en Haïti et à l’étranger
Grâce à un plan d’ « optimisation » de ses capacités de production, l’ONI produit plus de 15.000 cartes par mois.
Ce plan consiste non seulement à équiper l'ONI en matériels informatiques, mais également à former son personnel. En ce sens un accord a été signé avec une firme internationale pour accélérer le processus d’enregistrement des citoyens haïtiens. Pour cela, plus de 600 kits d'enregistrement mobiles sont actuellement déployés à travers le pays et une centaine d'autres placés dans les missions diplomatiques haïtiennes, grâce à un financement de 48 millions de dollars du Venezuela.
« L’interconnexion des bureaux, la mise en place d’un centre et d’un dépôt de données », font aussi partie du plan, ajoute M St Cyr.
En juillet 2012, une campagne de communication a été lancée pour sensibiliser les habitants des zones reculées sur l’enregistrement et l’obtention de pièces d’identité. Une initiative soutenue logistiquement par la MINUSTAH qui avait aussi favorisé l’enregistrement de près de 10 000 personnes et la distribution de 2 500 cartes dans les coins reculés du pays, grâce à 88 unités mobiles, entre juillet 2012 et décembre 2013.
La Mission onusienne avait en effet pris le relai de l’Organisation des Etats américains (OEA), à la fin d’une première phase de modernisation financée par le Canada.
« Maintenant, tout se fait en Haïti », se félicite M. St Cyr rappelant qu’avant les cartes étaient produites en dehors du pays. Selon le responsable, plus de 5 800 000 haïtiens, soit un peu plus de la moitié de la population haïtienne estimée à 10,4 millions, sont déjà enregistrés dans la base de données de l’ONI.

Pierre Jérôme Richard

 

En vue de répondre à la demande croissante des haïtiens en quête de pièces d’identité, l’Office national d’identification (ONI) se modernise.

14-01-28-CPIO Visits ONI to document the electoral registrtion process

Alors que l’on parle de plus en plus d’élections en Haïti, c’est l’affluence dans les 142 bureaux de l’ONI à travers le pays. De 500 à 600 traditionnellement, ce nombre en début d’année a doublé selon son directeur, Jean Baptiste St Cyr, pour qui le nombre pourrait même tripler dans les jours à venir.
« Ces jours-ci nous recevons un nombre supérieur à la normale avec une augmentation de 40 à 50% des citoyens en quête de cartes d’identités », explique M. St Cyr, au bureau central de l’ONI à Port-au-Prince.
Avec l’annonce des élections législatives, municipales et locales prévues en 2014, nombreux sont les haïtiens qui se précipitent dans les bureaux d’Etat civil afin d’obtenir leur carte d’identité nationale (CIN) et être ainsi inscrits sur les listes électorales comme électeurs.
« Je voudrais soutenir mon cousin qui veut se porter candidat à la députation pour la 3e circonscription de Port-au-Prince », explique Anel, un futur électeur venu faire sa demande de carte d’identité au bureau central de Port-au-Prince. « Mais je veux aussi recommencer à traverser la frontière, cette fois-ci légalement », avoue-t-il. En effet, Anel vient d’être refoulé de la République Dominicaine voisine où il a travaillé plus de 5 ans comme maçon, sans papiers. « Je veux me lancer dans le commerce entre Haïti et là-bas », explique-t-il.
Parmi les visiteurs du bureau de la capitale, il y aussi Jeannette, portant son sac d’écolier en bandoulière sur un uniforme bleu marine. « J’en ai besoin pour mon inscription aux examens du Baccalauréat », dit cette élève en fin de cycle scolaire.
En effet, la carte d’identité nationale, instituée par le décret du 1er juin 2005 - en remplacement de la carte d’identification fiscale (NIF) - est utilisée à divers échelons de la vie publique haïtienne. Pas de passeport, de permis de conduire, de transaction bancaire, ou de signature de contrat sans carte d’identité
Jean Pierre, la cinquantaine, est là pour mettre fin à son «calvaire ». « Je survis grâce à des amis », raconte-t-il, le visage fatigué. Résidant à Carrefour, commune au sud de la capitale, il a parcouru plusieurs kilomètres à pieds pour obtenir une nouvelle carte d’identité au bureau de l’ONI situé dans les collines au-dessus du centre-ville.
Après s’être fait volé son portefeuille il y a trois mois, ce père de famille ne peut gagner son pain, interdit d’accès dans la zone portuaire où il travaille, faute de papiers d’identité.
Produire plus et mieux
Sachant qu’un citoyen sans identité officielle ne peut participer pleinement à la vie économique, politique et démocratique de son pays, les autorités haïtiennes se sont mises d’accord sur la nécessité d’adopter de nouvelles mesures susceptibles d’enregistrer le maximum de gens en un minimum de temps.
« Cela ne m’a pris que 15 minutes », se réjouit Sara en se levant de la petite table où elle s’est fait prendre en photo et relever ses empreintes digitales par un opérateur muni d’un ordinateur portable relié à un appareil photo numérique.
C’est ce qu’il faut pour se faire enregistrer et obtenir ainsi sa CIN. « A condition que toutes les données à savoir le nom et le prénom, la date et le lieu de naissance, et l’adresse physique soient correctes », nuance le Directeur de l’institution.
Des kits d’enregistrement mobiles en Haïti et à l’étranger
Grâce à un plan d’ « optimisation » de ses capacités de production, l’ONI produit plus de 15.000 cartes par mois.
Ce plan consiste non seulement à équiper l'ONI en matériels informatiques, mais également à former son personnel. En ce sens un accord a été signé avec une firme internationale pour accélérer le processus d’enregistrement des citoyens haïtiens. Pour cela, plus de 600 kits d'enregistrement mobiles sont actuellement déployés à travers le pays et une centaine d'autres placés dans les missions diplomatiques haïtiennes, grâce à un financement de 48 millions de dollars du Venezuela.
« L’interconnexion des bureaux, la mise en place d’un centre et d’un dépôt de données », font aussi partie du plan, ajoute M St Cyr.
En juillet 2012, une campagne de communication a été lancée pour sensibiliser les habitants des zones reculées sur l’enregistrement et l’obtention de pièces d’identité. Une initiative soutenue logistiquement par la MINUSTAH qui avait aussi favorisé l’enregistrement de près de 10 000 personnes et la distribution de 2 500 cartes dans les coins reculés du pays, grâce à 88 unités mobiles, entre juillet 2012 et décembre 2013.
La Mission onusienne avait en effet pris le relai de l’Organisation des Etats américains (OEA), à la fin d’une première phase de modernisation financée par le Canada.
« Maintenant, tout se fait en Haïti », se félicite M. St Cyr rappelant qu’avant les cartes étaient produites en dehors du pays. Selon le responsable, plus de 5 800 000 haïtiens, soit un peu plus de la moitié de la population haïtienne estimée à 10,4 millions, sont déjà enregistrés dans la base de données de l’ONI.

Pierre Jérôme Richard