Haïti : le volontariat, une ressource disponible, mais peu exploitée

4 juil 2012

Haïti : le volontariat, une ressource disponible, mais peu exploitée

Le volontariat, pratiqué sous de nombreuses formes traditionnelles en Haïti, comme le combite et l’escouade, devrait bientôt bénéficier d’un cadre légal. Promesse faite par le Secrétaire d’Etat à la jeunesse, aux sports et à l’action civique, Francener Thelusma. Ainsi le Gouvernement souhaite-il entreprendre des actions « d’envergure nationale », avec l’appui du système des Nations Unies, en vue non seulement de « reconnaitre la valeur et le statut du volontariat », dans le pays, mais également de lui donner « sa place dans le développement économique et social du pays ».

Haïti : le volontariat, une ressource disponible, mais peu exploitée

Photo : Randy Torres - UN/MINUSTAH

Doter le pays d’un cadre légal en matière de volontariat, dans les trois prochains mois, est le vœu exprimé le 29 juin dernier par le secrétaire d’Etat à la jeunesse, aux sports et à l’action civique, Francener Thelusma, lors du lancement officiel du premier « Rapport sur la situation du volontariat dans le monde (RSVM) -Valeurs universelles pour le bien-être mondial », tenu à l’Hotel Montana, à Port-au-Prince, en présence de Luc Duchesne, le Chef de cabinet du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti, de la Chargée de portefeuille au siège du Programme des Volontaires des Nations Unies, Véronique Zidi Aporeigah, d’une quarantaine de personnes, volontaires haïtiens et étrangers ainsi que des enfants de l’Ecole nationale Solidarité Fraternité de Tabarre.

Le document, préparé par le programme des Volontaires des Nations Unies (VNU), vise à promouvoir une meilleure compréhension du volontariat, de sa richesse et de son potentiel pour les pays. Selon M. Thélusma, le Gouvernement entend « créer un environnement propice à l’engagement de ses citoyens », a-t-il-déclaré, se félicitant que « 50.000 haïtiens contribuent volontairement tous les jours à la fierté de notre pays ». Saluant la volonté du Gouvernement haïtien de donner au volontariat « une visibilité », Zidi Aporeigah, à son tour, estime que le volontariat a un rôle « crucial » à jouer pour la paix et le développement, avec 140 millions de volontaires actifs à travers le monde, dont 250 issus de 80 pays travaillent en Haïti au sein de la MINUSTAH et des Agences de l’ONU. Et dans le monde, explique-t-elle, une cinquantaine d’Haïtiens sont volontaires des Nations Unies.

En Haïti, des dizaines de milliers de volontaires nationaux travaillent à combattre la pauvreté, la faim, la maladie, l’analphabétisme, la dégradation de l’environnement et la discrimination à l’encontre des femmes. Ces hommes et femmes qui font partie de la Croix-Rouge, des Scouts d’Haïti, des brigades communautaires ou des Organisations Non Gouvernementales (ONG) se retrouvent en majorité au sein de la Coalition haïtienne pour l’Année internationale des volontaires (Cohaiv) regroupant actuellement quelques 130 organisations réparties sur tout le territoire national.

Citant l’exemple du Rwanda où le gouvernement a distribué des téléphones mobiles à des agents sanitaires volontaires pour qu’ils apportent secours et soins aux habitants des zones rurales reculées, Luc Duchesne a indiqué que « le plein potentiel du volontariat ne sera réalisé que lorsqu’il sera reconnu comme un élément vital du capital social de chaque nation ». Ainsi, afin de donner un cadre légal au volontariat, le Programme des Volontaires des Nations Unies apporte un appui « technique » au Gouvernement pour le développement d’une loi sur le volontariat.

Alexandra, portait d’une volontaire haïtienne engagée

Haïti : le volontariat, une ressource disponible, mais peu exploitée
Photo : Randy Torres - UN/MINUSTAH

Agée de 23 ans, Alexandra Vanessa Destin Pierre termine ses études en architecture à la Faculté des Sciences de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH). Originaire du Bas-Artibonite, elle participait souvent, aux côtés de sa grand-mère maternelle - considérée comme un « leader de la zone » - à des activités sociales et communautaires comme la distribution de nourriture ou le règlement de conflits. De là est née pour la jeune Alexandra une vocation à aider son prochain qui, enseignant l’après-midi à des enfants défavorisés chez les sœurs du Sacré-Cœur de Turgeau, « éprouvait du plaisir à aider les élèves à faire la différence ente les i, les u, et les é », raconte-t-elle, soulignant qu’à l’Ecole « on appelait cela entraide et non volontariat ».

Impliquée dans la vie estudiantine, Alexandra connait un cap important lors du séisme du 12 janvier 2010, quand elle rejoint l’ONG locale « Terre des jeunes », et participe, grâce au soutien de la Cohaiv, au Forum environnemental de Marseille, en France, dans lequel elle représente l’UNICEF. Elue parlementaire mondiale de la jeunesse pour l’eau pour trois ans, elle se trouve enfin un cheval de bataille. « Maintenant je dois faire en sorte que les jeunes et les acteurs de l’eau collaborent pour protéger les ressources naturelles, particulièrement l’eau », explique-t-elle.

De la distribution d’aide aux sinistrés du séisme à Jaquet-Toto (un quartier de Petionville, à Port-au-Prince), à la création de sa propre fondation Pluriel, pour l’intégration économique des femmes, Alexandra est sur tous les fronts. « Etre volontaire n’est pas facile », reconnait-elle. « Cela exige un engagement, une volonté d’embrasser une cause. On ne doit rien attendre en retour », alors que se succèdent les réunions, les conférences et ateliers de travail, explique la jeune volontaire. Mais au bout du compte, estime-t-elle, les bénéfices sont plus grands que les sacrifices en n’appartenant « pas seulement à une famille, à une communauté, mais aussi à un pays, et au monde », dit-elle.

Rédaction : Jérôme Pierre Richard
Edition : Sophie Boudre