Haïti/Droits de l’homme : Encore du chemin à parcourir

précédent suivant
12 déc 2013

Haïti/Droits de l’homme : Encore du chemin à parcourir

A l’initiative d’associations locales de défense des droits de l’homme, des activités de sensibilisation appuyées par la MINUSTAH ont été réalisées un peu partout dans le pays à l’occasion du 65e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

A Port-au-Prince, sur la Place Boyer, au cœur du quartier commercial de Pétionville, le 10 décembre a été célébré avec un air de carnaval. Des groupes de jeunes et membres de 8 comités des droits de l’homme dans les écoles de la capitale ont dansé, joué et chanté pour la Journée des droits de l’homme.

[slideshow_deploy id='47937']

Les violences faites aux femmes, les traitements infligés aux enfants en domesticité ou la quête de justice par des défavorisés de la société, étaient quelques-uns des thèmes développés par ces jeunes dont le but était d’exprimer et de revendiquer leurs différents droits.

Organisée avec le soutien du Bureau du Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme en Haïti, la MINUSTAH et le ministère en charge des droits humains et de la pauvreté extrême, la journée avait pour slogan : « Continuons à revendiquer tous nos droits ».

Une centaine de personnes étaient massées sur la place en fête : des jeunes d’organisations de la société civile, des écoliers en uniformes, des badauds mais aussi des responsables de la MINUSTAH, qui soutient ces jeunes par la formation et l’appui technique, ou de la Police Nationale d’Haïti (PNH). Tous ont dansé au son des meringues carnavalesques, raps et chansons populaires jouées sur scène.

Prenant la parole en la circonstance, la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en Haïti, Sandra Honoré, a estimé que « beaucoup reste à faire pour atteindre pleinement les objectifs fixés » en matière de droits de l’homme dans le pays. Avant d’ajouter que d’importants progrès ont été réalisés en matière de liberté d’expression. Ce qui, pour elle, constitue un levier permettant d’ « exposer besoins et doléances ».

Malgré tout « les droits de l’homme sont loin d’être respectés », estime Etienne, 42 ans. Cet agent de sécurité, attiré sur la place par la musique, prend pour exemple la loi votée en 2009 sur le salaire minimum fixant à 300 gourdes (environ 6,66 dollars US) le salaire minium journalier. Pourtant, le salaire minimum appliqué actuellement en Haïti est de 200 gourdes (soit 5 dollars US).

Pour Destin, jeune slameur de 17 ans, le respect des droits de l’homme doit impérativement passer par l’amélioration des conditions de vie. Ce jeune du quartier de Carrefour Feuilles (Sud-est de Port-au-Prince) croit que les autorités devraient mettre en place des structures devant permettre à la population de jouir de ses droits.

« Nous pouvons – et nous devons – faire mieux 

A Jacmel, des jeunes ont parlé de violences policières dont ils ont été victimes, lors de débats organisés dans le chef-lieu du Sud-est.

Au Cap-Haitien les  réflexions ont porté sur les défis à révéler et les perspectives à entreprendre pour combattre la détention préventive et la surpopulation carcérale, dans le cadre d’un atelier  à l’initiative de la Ligue haïtienne des organisations de la défense des droits de l’homme (LHODDH).

Cependant rien n’est possible sans une lutte « continuelle » en faveur du respect des normes relatives à l’état de droit, a souligné, à Fort-Liberté (Nord-ouest), Maismy Mary, officier des droits de l’homme à la MINUSTAH. Lors d’une séance de sensibilisation, il a présenté l’état de droit comme «  une situation juridique dans laquelle toute personne a des droits mais aussi des devoirs ».

Dans la Grand’ Anse, un débat sur la problématique des droits humains a rassemblé une cinquantaine de personnes à Jérémie.

Et c’est aux Etats de donner l’exemple. Ce sont eux qui  « doivent en premier lieu protéger » ces droits, conseille le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, dont le message de circonstance a résonné lors de ces manifestations. Le chef de l’ONU a exhorté les Etats, en ce 10 décembre, à « prévenir les violations de ces droits au niveau national et à répondre présents quand d’autres États faillent à leur devoir ».

« Nous pouvons – et nous devons – faire mieux », estime pour sa part la Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU Navy Pillay.

Pierre Jérôme Richard

Regardez la galerie photo de la Journée des droits de l’homme à Port-au-Prince