Jacmel au son du carnaval national

2 fév 2013

Jacmel au son du carnaval national

La ville historique de Jacmel se prépare à accueillir plus d’un million et demi de visiteurs d’Haïti et d’ailleurs lors de son carnaval national, célébré ce dimanche 3 février. L’occasion pour ses habitants de montrer aux visiteurs la richesse artistique et artisanale de la capitale du Sud-est d’Haïti, ville choisie comme nouveau pôle de destination touristique du pays de la Caraïbe.
Jacmel au son du carnaval national

Photo :Jeffrey Clark Lochard -  UN/MINUSTAH

« Fraternité, couleur, beauté, convivialité, richesse artistique et artisanale seront au rendez-vous » dévoile, enthousiaste, Jean Elie Gilles, un membre du comité organisateur du carnaval de Jacmel. Des thèmes qui sont à l’origine du concept de cette 21ème édition, la « Jacmélitude ».

Selon l’écrivain et docteur ès-lettres Jean Elie, cette expression singulière reflète le  sentiment d’appartenance de ses habitants - artistes, artisans, danseurs ou simples citoyens - qui, depuis les années 70-80, mettent leurs talents au service de ce moment unique qui rassemble toutes les couches de la société. « C’est le désir de se surpasser, cette joie immense de jouir pleinement de cette fête populaire par la danse et des prouesses de toutes sortes »  argumente M. Elie.

Des préparatifs

Jacmel au son du carnaval nationalA Jacmel, on pense, on vit, et on respire pour le carnaval. Dès le mois de juillet, tout se met en branle pour l’édition de l’année suivante. Des coups de pinceau des fabricants de masques en papier mâché à l’explosion des baffles des camions-DJ, l’esprit du carnaval palpite dans les veines de la ville. «Au-delà des contraintes budgétaires, les préparatifs pour le carnaval avancent jacmélitudement », sourit Jean Michel Sabbat, président du comité  du carnaval composé des représentants de la municipalité, du tourisme, de la culture et de la société civile.

Considéré comme un des incontournables du carnaval de Jacmel, Blaise Elie coordonne l’Association des Groupes Masqués de Jacmel (AJMD), aussi connu sous l’emblème de G27. De la peinture plein les doigts, l’artisan travaille jour et nuit, avec la centaine de membres du G27, pour être au rendez-vous le jour J. « Même si nous n’avons pas encore reçu de subvention de l’Etat, nous travaillons d’arrache-pied pour offrir à nos visiteurs un beau spectacle carnavalesque. Après le choix du comité la veille du défilé, 250 groupes feront le parcours de Congo Plage au carrefour Oramor », explique t’il, pointant du pinceau le front de mer poussiéreux. Avec sa ribambelle de masques et mannequins en papier mâché, il espère évidemment faire partie des sélectionnés.

Le carnaval de Jacmel, ce sont les masques mais aussi la musique populaire. Roddy Louis, qui représente l’Associations des bandes à pied de Jacmel, se dit prêt au niveau instrumental, mais les fonds manquent encore pour terminer les déguisements. « Le carnaval c’est non seulement la musique mais aussi les jeux de couleur, la mise en exergue des beautés par le maquillage et le déguisement » explique t’il, volubile.

Pour Michelet Divers, directeur départemental de la culture et auteur du livre « Le carnaval jacmélien » publié en 1994, l’originalité du carnaval de Jacmel réside dans le défilé des reines et des œuvres artisanales mais surtout la parade des personnages masqués de légende tels que le Juif errant, Diables Thomsin, les lanceurs de corde, les tigres, Zojoubann, Zèl Matirin, etc…

Chaque année, le spectacle promet d’être plus coloré et plus bruyant. Avec un million et demi de visiteurs attendus, le carnaval de Jacmel est une manne pour la ville touristique, dont l’architecture coloniale lui vaut déjà le statut de patrimoine mondial de l’UNESCO.

Sécurité pour tous

Jacmel au son du carnaval nationalEt, afin d’accueillir les carnavaliers dans les meilleures conditions, les agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH), appuyés par leurs homologues des Nations Unies assureront la sécurité des foules par des patrouilles dans le périmètre du défilé et trois points de contrôle sur le pourtour de la ville.

Par ailleurs, la MINUSTAH appuie l’Institut du Bien-être social et des recherches (IBESR) et la direction départementale de la condition féminine à la sensibilisation  du public sur la protection des femmes et des enfants pendant la période du carnaval.

 

Jeffrey Clark Lochard