Justice : Formation pluridisciplinaire aux techniques d’enquête sur les scènes de crime

28 sep 2012

Justice : Formation pluridisciplinaire aux techniques d’enquête sur les scènes de crime

Pour pallier les lacunes en termes d’effectifs et de connaissances sur la gestion des scènes de crime, une formation a eu lieu cette semaine à l’Ecole de la Magistrature de Pétionville, avec la participation d’officiers de police, de juges, de commissaires et de professionnels de santé.

Justice : Formation pluridisciplinaire aux techniques d’enquête sur les scènes de crime

Photo : Logan Abassi – UN/MINUSTAH

« Il y a trop de failles dans les dossiers », a reconnu le Directeur de l’Académie de la Police Nationale d’Haïti, l’Inspecteur Jean Miguélite Maximé, lors de cette formation visant à former des équipes pluridisciplinaires capables d’examiner et d’analyser une scène de crime.

Haïti fait notamment face à une pénurie de personnels et d’infrastructures en médecine légale. Seuls deux médecins légistes (pour une population de 10 millions d’habitants) sont capables de faire des autopsies, et, selon l’Inspecteur Maximé, la maitrise des procédures à appliquer sur les scènes de crime est faible. Du coup, les enquêtes de la police scientifique traînent en longueur et les corps restent bien plus longtemps que nécessaire dans des morgues souvent mal entretenues.

Le Représentant du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), le Dr Armel Demorcy – l’un des deux seuls médecins légistes en exercice en Haïti - explique également qu’il est arrivé à de multiples reprises que des personnes dans le coma soient conduites à la morgue, « parce que seul le juge est venu faire le constat, alors que les articles 33 et 34 du Code d’Instruction Criminelle stipulent que lors d’un décès, le juge de paix doit être accompagné d’un médecin ».

Or, comme le rappelle le Chef de la Section Justice de la MINUSTAH, Frank Dalton, « avoir plus de preuves scientifiques dans les procès ici en Haïti est très important pour la lutte contre l’impunité et la criminalité d’une part, et d’autre part pour éviter que les personnes innocentes soient mises en cause injustement ».

Dans cette optique, la MINUSTAH a financé les travaux de rénovation et d’équipement de l’Institut Médico-Légal (IML) de Port-au-Prince, basé à l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH), fermé depuis bientôt deux ans et qui doit prochainement ouvrir à nouveau ses portes.

Dans le cadre de son appui au renforcement des capacités de la justice, la Mission a également inauguré deux centres médico-légaux aux Gonaïves et à Hinche, et travaille à la mise en place de deux structures semblables au Cap-Haïtien et à Jacmel.

En outre, la création d’un numéro de téléphone d’urgence ou encore la formation des internes à la médecine légiste, à travers des bourses d’études, sont deux autres aspects de ce programme mené conjointement par les autorités haïtiennes, à savoir les ministères de la Justice et de la Santé Publique et de la Population, la Police Nationale d’Haïti et l’Unité de Recherche et d’Action Médico-Légale (URAMEL), et leurs partenaires internationaux tels la MINUSTAH, l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

Rédaction: Jonas Laurince