L’Art, source de Paix

15 jan 2016

L’Art, source de Paix

Photo: Taina Noster - UN/MINUSTAH

« Je suis née avec un pinceau à la main. J’observe et je peints » explique Clairemitha Prénélus, l’une des participantes à  un atelier de peinture libre animé par le peintre haïtien Mathieu Painvier, instigateur du ‘’mouvement’’ dénommé Caravane Art expo.  Elle a décrit, dans son œuvre, le paysage haïtien qu’elle considère comme sa principale source d’inspiration. Élève de philo, elle se présente comme une passionnée de la peinture, de l’artisanat et de la musique.

Elle a, d’ailleurs, participé à deux concerts financés par la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) en mai et en septembre 2015.

Clairemitha était parmi six jeunes artistes à participer à l’exposition. Ils sont tous membres d’un club dénommé « Beautiful stars » aux Gonaïves. Ils perçoivent leurs activités comme une source de paix et un antidote contre la délinquance juvénile. 

«  L’espace d’un instant, l’art nous a offert cette possibilité de nous évader »  lâche la jeune femme visiblement plongée dans des souvenirs.

Pour la troisième édition de Caravane art expo, ces jeunes avaient donc produit, sous l’œil du maitre Painvier, plusieurs tableaux qui ont, eux aussi, été exposés  à côté de ceux des grands noms de la peinture tels Wilson Bigaud et Ernst Réveil.

Un remède à la douleur et au traumatisme

« L’art est un moyen, un instrument qui permet de lutter contre l’adversité et de voyager dans l’imaginaire » explique avec vigueur et passion, Mathieu Painvier.

Ce dernier rappelle que ‘’Caravane art expo’’ a vu le jour au lendemain du terrible tremblement qui a frappé Haïti en janvier 2010. Pour avoir vécu la douleur, le désarroi et la désolation du peuple, il a décidé d’apporter sa contribution à travers ce qu’il sait faire le mieux, la peinture. « J’ai donc décidé de venir en aide aux gens en les invitant à rêver. Je voulais les aider à surmonter leur traumatisme » martèle-t-il.

 

Photo: Taina Noster - UN/MINUSTAH

Photo: Taina Noster - UN/MINUSTAH

Pendant quelques jours, enfants et adultes ont pu oublier leur désarroi en  dessinant  des fresques sur des pans de  murs, mais aussi en participant à des  représentations théâtrales.

En effet, comme pour les premières éditions réalisées au Centre Pétion Bolivar et dans des camps de fortune érigés en la circonstance à Port-au-Prince et ses environs, l’artiste s’était fait accompagner de certains collègues de la scène.

Hommages à lakou souvenance

Les 200 ans de « Lakou souvenance », commémorés en septembre 2015, ont donc été un beau prétexte pour Painvier de « débarquer » dans la Cité de l’Indépendance.  Une ville « trop souvent vilipendée en raison de son histoire émaillé de violence » dont il souhaite offrir une autre image.

Durant sept jours, les Gonaïviens ont défilé à l’Alliance française de cette ville pour voir et apprécier  des œuvres émanant notamment du mouvement Saint Soleil. Une centaines de tableaux accompagnés de coupures de journaux aux idées de liberté et d’autres sujets inspirateurs furent exposés sous le thème : Bicentenaire du Lakou Souvenance.

 

 

Révolté par l’absence de réflexion et de débat autour de l’anniversaire de ce qui, pour lui, constitue un patrimoine à côté des autres « lakou » comme Soukri, Badjo, le peintre voulait offrir une alternative à la société gonaïvienne. Il a invité la population, particulièrement, les jeunes à s’accrocher à l’art. Car, déclare-t-il «  rien de profond ne peut être conçu s’il ne puise son inspiration dans l’art ».

Encourager un nouveau langage

 De plus en plus rêveur, l’artiste croit que la ville a besoin  d’un réveil, d’une thérapie spirituelle qui devrait lui permettre de « rejoindre sa source ». Cette activité, espère l’organisateur, deviendra une tradition qui apportera une dimension de pensée et de méditation.

Au-delà du spirituel, M. Painvier croit également que l’art peut déboucher sur une forme de  militantisme pacifique. Il se substituera à « cette forme de militantisme violent qui engendre la peur ». « L’art et la culture constituent un langage propre, beau,  et respectueux de l’autre. J’encourage, particulièrement les étudiants, à adopter ce langage qui élève » plaide-t-il en guise de conclusion.

 

 

Rédaction: Taina Noster