La Chef de la MINUSTAH insiste sur l’importance de préserver les acquis enregistrés en Haïti

8 avr 2014

La Chef de la MINUSTAH insiste sur l’importance de préserver les acquis enregistrés en Haïti

A l’occasion de sa première conférence de presse au Siège de la MINUSTAH depuis son retour de New York, où elle a présenté le dernier rapport de Ban Ki-moon devant le Conseil de Sécurité, Sandra Honoré a exhorté tous les Haïtiens à s’abstenir de lancer des appels à la haine ou à la violence dans la perspective d’élections prévues cette année. Saluant le dialogue politique à l’origine de l’«Accord d’El Rancho », la Chef de la MINUSTAH a par ailleurs réitéré la disponibilité des Nations Unies à accompagner les autorités dans l’organisation d’élections libres, transparentes, équitables et inclusives. En concluant, Madame Sandra Honoré a soulignée qu’il est crucial que les autorités, les acteurs politiques et la société civile puisse s’assurer que les acquis enregistrés en Haïti soient préservés afin de poursuivre le processus de consolidation de la stabilisation.

Voici l’intégralité de ses propos :

SRSG Press Conference Logan Abassi - UN/MINUSTAH

« Comme vous le savez, le 24 mars, le Conseil de sécurité a tenu un débat sur la situation en Haïti au cours duquel j’ai présenté le rapport du Secrétaire général sur la MINUSTAH publié le 7 mars. Les Etats Membres ont accueilli favorablement les avancées au niveau politique en Haïti avec le processus de dialogue facilité par la Conférence Episcopale d’Haïti (CEH) et la signature de « l’Accord d’El Rancho » par les parties prenantes, c’est-à-dire l’Exécutif, le Parlement et les partis politiques ayant pris part au dialogue.

Comme vous le savez, l’accord prévoit des élections combinées pour le renouvellement des deux-tiers du Sénat, la Chambre des députés et les collectivités territoriales avant la fin de l’année 2014. Une décision que les Nations Unies et les membres du Conseil de Sécurité ont salué tout en offrant leur appui aux autorités Haïtiennes en charge de l’organisation des élections, si celles-ci le considèrent nécessaire.

L’accord prévoit également l’amendement de la loi électorale, le remplacement optionnel d’un membre chacun par les trois branches du pouvoir au sein du conseil électoral, et la formation d’un gouvernement d’ouverture pendant une période de dix jours suivant la signature de l’Accord. Avec la nomination des nouveaux membres du gouvernement ainsi que le vote par la Chambre des députés de l’amendement de la loi électorale, la semaine dernière, nous espérons que les institutions vont avancer cette semaine pour mettre en place les conditions pour des élections libres, transparentes, équitables et inclusives en 2014.

En tant que Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti, je continue nos bons offices, aux côtés de nos partenaires du corps diplomatique, auprès des représentants de l’Exécutif, du Parlement et des partis politiques afin de promouvoir la mise en œuvre de l’esprit de l’Accord pour avancer vers les élections en 2014, tout en respectant le caractère national du dialogue.

Ceci dit, je voudrais réitérer l’importance des messages lancés auprès de la population. Il va sans dire qu’il appartient à tous les Haïtiens, la société civile, et tous les principaux acteurs, y compris les leaders politiques, religieux et communautaires, de respecter et de faire respecter l’Etat de droit ; et de s’abstenir des appels à la haine ou à la violence. La liberté d’opinion et de parole ne doit pas faire oublier les droits et principes de liberté de circulation et de non-violence dans les actes et les propos. A ce titre, je condamne fermement les cas récents de violence survenus à Miragoane, et nous demandons aux autorités judiciaires et policières de prendre toutes les dispositions nécessaires conformément à la loi afin de faire la lumière sur ces actes, et je suivrai avec attention les suites qui seront données pour que les personnes responsables répondent de leurs actes devant la justice haïtienne.

Pour revenir sur le rapport du Secrétaire général au Conseil de Sécurité, étant donné les avancées en terme de stabilisation en Haïti depuis 2004, le Secrétaire général s’est montré confiant sur le fait qu’Haïti et ses partenaires peuvent poursuivre le processus de consolidation de la stabilisation autour des quatre indicateurs clés, processus qui a débouté en 2012, c’est-à-dire : (i) le plan de développement de la PNH en accord avec son plan 2012-2016; (ii) le renforcement des capacités électorales; (iii) le renforcement de l’Etat de droit et des droits humains; et (iv) des avancées sur les questions de gouvernance à travers le processus de dialogue et le renforcement des capacités des institutions aux niveaux central et local.

Pendant le débat du Conseil de sécurité, les Etats Membres ont soutenu cette perspective tout en soulignant la nécessité de redoubler d’efforts dans les domaines du développement de la police nationale et, surtout, de la réforme du système judiciaire pour consolider le processus de stabilisation.

En accord avec la Résolution 2119 voté en octobre 2013 par le Conseil de Sécurité, un processus d’étude et de planification au sujet de la configuration post-2016 de la présence des Nations Unies en Haïti a été lancé par le Secrétaire général. C’est la première étape du processus qui aidera le Conseil de Sécurité à déterminer la forme la plus appropriée pour soutenir la stabilité et le développement après la fin du processus de consolidation de la Mission.

Le rapport du SG sur la MINUSTAH présente, sur la base de ce processus d’étude et de planification, 5 options de configuration possible.

Ces 5 options comportent soit (1) la désignation d’un/d’une Envoyé(e) spéciale pour Haïti qui fournira des bons offices politiques; soit (2) l’établissement d’une Mission Spéciale Politique avec un soutien continu au développement de la Police Nationale d’Haïti (PNH) au travers de policiers UNPol et d’une assistance au renforcement de l’Etat de droit et des droits humains; soit (3) l’achèvement du mandat de la MINUSTAH et la création d’une nouvelle mission de maintien de la paix ayant surtout un rôle politique, comprenant la présence sur l’ensemble du territoire des unités de police constituées.

Il est important de noter que ces trois premières options ne comporteraient pas de présence militaire.

La 4ème option envisagerait une nouvelle opération de maintien de la paix dans les mêmes conditions que dans la troisième mais avec une présence militaire réduite. Une 5ème option modifierait le mandat actuel de la MINUSTAH et réduirait ses activités au Plan de consolidation et à réduction continue et progressive de la composante militaire, tout en conservant le déploiement de la police des Nations Unies.

Pour préparer la transition vers l’une de ces options, la MINUSTAH va travailler étroitement avec les autorités haïtiennes afin de continuer de progressivement transférer les fonctions de la Mission aux autorités nationales au niveau central et local.
Dans cette optique de consolidation et de reconfiguration, nous allons également maximiser la coordination avec l’équipe pays des Nations Unies et les bailleurs engagés en Haïti pour faciliter la transition.
Un processus d’évaluation stratégique va démarrer prochainement en étroite consultation avec le Gouvernement d’Haïti, afin d’évaluer les conditions sur le terrain permettant la transition. Il faut noter que, comme le dit le Secrétaire général dans son rapport, le Conseil de Sécurité pourrait décider en faveur d’une transition accélérée si les conditions sur le terrain le permettent.

Pour résumer, il est clair à partir des progrès réalisés jusqu’à présent, que le caractère de la présence des Nations Unies en Haïti va se transformer. Il est également évident que cette transformation va se produire d’une manière progressive et concertée.

Il est crucial que les autorités, les acteurs politiques et la société civile puissent s’assurer que les acquis enregistrés en Haïti soient préservés. C’est l’avis exprimé par les Etats Membres pendant le débat du Conseil de Sécurité et par les pays contributeurs de troupes lors de ma visite en Argentine, au Brésil, en Chili et à l’Uruguay.

En concluant, Madame Sandra Honoré a souligné qu’il est crucial que les autorités, les acteurs politiques et la société civile puissent s’assurer que les acquis enregistrés en Haïti soient préservés afin de poursuivre le processus de consolidation de la stabilisation.

Lisez le compte-rendu intégral de la conférence de la presse de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti 

Regardez la conférence de presse en vidéo.