La MINUSTAH face aux étudiants : quel avenir pour la Mission en Haïti ?

6 avr 2017

La MINUSTAH face aux étudiants : quel avenir pour la Mission en Haïti ?

Photo : UN/MINUSTAH

L’avenir de la MINUSTAH, dont le sort sera fixé au termes d’une résolution votée après la prochaine réunion du Conseil de sécurité le  11 avril, était au cœur de débats entre les hauts responsables de la Mission onusienne et quelques 70 étudiants de la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’ Université Quisqueya à Port-au-Prince, la capitale haïtienne, le 3 avril dernier.

Dans le cadre de ces échanges uniques, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti, Sandra Honoré, et le Commandant de la composante policière de la MINUSTAH, le Général de Brigade Georges-Pierre Monchotte ont tour à tour détaillé le mandat de la Mission, les prochaines étapes de son évolution et répondu aux questions des étudiants.

Si les recommandations du Secrétaire général lors de la réunion du 11 avril sont suivies par le Conseil de sécurité, « une nouvelle mission de maintien de la paix prendra le relai avec un mandat très spécifique de renforcement de la police et de l’état de droit après le 15 octobre [date à laquelle doit prendre fin le mandat de la MINUSTAH, NDLR] », a expliqué Sandra Honoré. Afin d’étayer les discussions, la Chef de la MINUSTAH a par ailleurs passé en revue ces principales recommandations comme le retrait progressif et complet de la composante militaire de la Mission d’ici au 15 octobre, et la diminution de ses effectifs policiers et civils.

Certes, comme toute entreprise humaine, le travail de la MINUSTAH est « perfectible », reconnait le Commandant de la composante policière de l’ONU. La Représentante spéciale justifie cependant que le retrait prochain de la Mission est la preuve que la MINUSTAH a atteint certains de ses objectifs. « Les effectifs de la police sont passés d’environ 5 000 agents en 2004 à 14,016 à la sortie de la 27e promotion de la police haïtienne », précise-t-elle par exemple au sujet de la Police nationale d’Haïti (PNH) dont le travail accompli notamment lors des dernières élections, traduit « une professionnalisation aigüe de la police ».

Fidèles à un discours présent de longue date dans certains cercles critiques de la présence onusienne en Haïti, certains étudiants ont dépeint la MINUSTAH comme une « force d’occupation ». A quoi la Représentante spéciale a répondu que « le Conseil de sécurité des Nations Unies a décidé de déployer la MINUSTAH sur la demande du gouvernement provisoire d’Haïti dirigé par le Président Alexandre Boniface et le Premier Ministre Gérard Latortue » [en 2004, NDLR]. « Son mandat n’est pas d’établir en Haïti un protectorat mais une mission de maintien de la paix », a précisé Mme Honoré.

Face aux craintes exprimées par un étudiant quant à la persistance de l’instabilité politique, elle en a profité pour appeler à « tirer les leçons » de la « culture de polarisation politique en Haïti [qui] a alimenté la permanence de la crise depuis la fin de la dictature ». « Le Gouvernement et l’opposition doivent trouver un modus operandi pour arriver à un vrai vivre-ensemble dans l’intérêt du pays », a-t-elle conclu.

Pour le Professeur Dandoy, qui gère le cours  "Opérations de maintien de la paix et guerres humanitaires " « l’objectif est d’abord de créer à partir de la réalité du terrain un discours et favoriser les échanges. Lors de ce débat, les étudiants ont échangé avec leurs tripes, leurs savoirs et leurs convictions mais beaucoup sont satisfaits ».

« Les échanges contribuent par ailleurs à mieux faire connaitre et comprendre la Mission auprès de cercles qui ne lui sont pas toujours favorables, voire, parfois, à faire tomber certains mythes au sujet de la Mission dont l’image peut en sortir ainsi renforcée », a confirmé pour sa part Sophie Boudre, responsable de plaidoyer au Bureau de Communication stratégique et d’information publique de la MINUSTAH.

Cette rencontre rentre dans le cadre d’une série d’échanges avec la MINUSTAH entamés il y a quatre ans en collaboration avec  Arnaud Dandoy dans le cadre de son enseignement.

 

Antoine Adoum Goulgué