Le marché de l’Ile à Vache ouvre enfin ses portes

8 oct 2013

Le marché de l’Ile à Vache ouvre enfin ses portes

Entamée il y a cinq ans, la restructuration de l’unique marché public de l’Ile-à-Vache a pris fin le 2 octobre 2013, avec l’inauguration d’un complexe entièrement neuf dans la localité de Madame Bernard.

Myrline  Mathieu LUCIEN-UN/MINUSTAH Myrline Mathieu LUCIEN - UN/MINUSTAH

« Avant, je vendais dans un ajoupa (petite maison au toit de chaume) qui me protégeait à peine contre la pluie », explique Mislande Pierre, une des marchandes venues assister à l’inauguration du nouveau marché. « Je vais pouvoir exposer dès demain mes produits hors de la boue en cette saison pluvieuse », se réjouit, émue, cette vendeuse de fruits de mer et de boissons gazeuses depuis 14 ans.

« Je suis impatiente de prendre bientôt place dans le nouveau marché mais je souhaite que la mairie installe des poubelles aux alentours pour nous permettre d’assurer la propreté du marché », ajoute pour sa part Roselie Jean-Gilles, marchande de produits alimentaires.

Faute de financements, le chantier avait été interrompu il y a quelques années, forcant les commerçants a vendre leurs produits parmi les flaques d’eau. « L’Ile-à-Vache est maintenant dotée d’un marché qui permettra aux marchands, toutes catégorie confondues d’exercer leurs activités dans de meilleures conditions », explique le Maire de la commune, Fritz César.

Desservant les 20 000 habitants de la commune et des localités environnantes, le marché rénové comprend 3 hangars de 102 places au total ainsi que trois réservoirs d’eau. Chaque lundi et jeudi, 4 000 personnes s’y donnent rendez-vous pour des transactions commerciales.

« Nos petits-enfants hériteront de ces projets de développement »

A côté de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, la population de l’Ile-à-Vache tire une grande partie de ses ressources du tourisme. A cet effet, le marché de l’Ile à Vache servira de lieu d’exposition des produits artisanaux pour satisfaire la demande des touristes qui se pressent sur ses plages de sable fin.

La municipalité projette d’imposer une taxe annuelle de 500 Gourdes (environ 12 dollars US) par étal aux marchandes. « Nous allons utiliser cet argent pour notamment créer une décharge à ordures en vue de l’entretien du marché », justifie le Maire. Certains habitants interrogés lors de l’inauguration ne semblent pas contre l’idée. « Je suis contente de voir que l’Ile-à-Vache évolue. Mes petits-enfants hériteront de ces projets de développement », dit Marie Velita Dié en esquissant un sourire édenté.

Susan Asomaning, la Cheffe régionale de la MINUSTAH dans le Sud, dont les Casques bleus ont construit le marché, se dit persuadée que celui-ci sera source d’opportunités économiques pour la population. « Le projet Gran Ouvèti [nom donné au projet, NDLR] est l’un des projets les plus grands mais aussi les plus difficilement réalisés par la MINUSTAH », reconnaît-elle. Débutée en juin, la construction du marché sur l’île a en effet nécessité d’importants moyens logistiques pour transporter les matériels et les hommes par voie maritime et aérienne. Une équipe de 60 personnes dont 16 ouvriers haïtiens, 7 spécialistes  en construction du Paraguay ont pu réaliser les travaux pendant un total de 80 jours.

Pour sa part, le délégué départemental du Sud appelle la population à bien gérer leur marché pour « permettre aux commerçants d’exposer dans des conditions standardisées sur une île touristique de renommée internationale pour sa beauté naturelle », explique Serge Chéry.

La construction du marché est l’œuvre du contingent de sapeurs militaires brésiliens de la MINUSTAH, assistés de 16 ouvriers haïtiens de l’organisation non gouvernementale ‘Soul of Haiti’. Celle-ci est financée à hauteur de 210 000 dollars US dans le cadre des Projets à effets rapide et de la coopération civilo-militaire (CMIC) de la Mission.

Myrline Mathieu LUCIEN