Les besoins humanitaires encore multiples en Haïti et dans le monde
Port-au-Prince, le 19 Août 2016.- Au lendemain du Sommet Humanitaire Mondial (WHS), et six ans après le tremblement de terre dévastateur de 2010, les besoins humanitaires en Haïti restent importants même si des progrès considérables ont été atteints. A titre d’exemple, environ 96 percent des 1,5 millions de personnes déplacées ont quitté les camps pour un logement adéquat. Des écoles, des hôpitaux ou encore des infrastructures administratives ont été reconstruits. De plus, des avancées dans l’assainissement, l’accès à l’eau potable et aux infrastructures sanitaires ont permis une reduction significative des cas du cholera, de 351.839 en 2011 à 36.045 en 2015.
Toutefois, d’importants défis humanitaires restent en Haiti, notamment, la persistence du cholera, l’insécurité alimentaire, la malnutrition, la vulnerabilité aux désastres naturels et la crise migratoire binationale à la frontière avec la République Dominicaine. «En depit des progrès réalisés, le contexte humanitaire en Haiti demeure complexe et fragile suite à l’action de multiples facteurs de risque interliés et une situation générale de gouvernance fragile et de sous développement structurel.», a indiqué Enzo di Taranto, chef du Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) en Haïti.
Pour faire face a cette situation, le Gouvernement d’Haiti et l’Equipe Humanitaire Pays ont lancé en Avril 2016 le Plan de Réponse Humanitaire (PRH) avec un appel de fonds à la communauté internationale de 193.8 millions de dollars pour répondre aux besoins critiques de 1,3 millions de personnes. Le choléra reste une urgence nationale avec encore cette année 23.933 cas enregistrés jusqu’au 30 juillet 2016 et 219 décès sur la même période. Suite à l’impact d’El Niῆo et la très grande vulnérabilité du pays aux phénomènes météorologiques, la sécherèsse s’est aggravée affectant plus de 3 millions d’Haitiens, dont 1.5 millions en situation d’insécurité alimentaire sévère et 130.000 enfants en situation de malnutrition aigue. La crise migratoire binationale avec la Republique Dominicaine a entrainé le retour massif d’au moins 133.000 personnes dans un contexte où ni le Gouvernement Haïtien ni la communauté internationale n’ont pas la capacité de les assister. En plus, environ 62.000 personnes sont encore dans les camps de déplacés du tremblement de terre, vivant dans des conditions difficiles de vulnerabilité et avec encore des besoins en assistance humanitaire.
Face à ce constat, la Journée Mondiale de l’Aide Humanitaire est l’occasion de rappeler ces défis et inviter tous les partenaires et tous les citoyens à l’action. Au niveau global, plus de 130 millions de personnes ont besoin impérativement de l’aide humanitaire pour survivre, au moment où les financements diminuent considérablement, mettant en danger les progrès importants réalisés jusqu’à present. «Nous en appelons donc à un engagement renouvelé et soutenu de la part des bailleurs de fonds traditionels pour supporter les populations vulnérables, mais aussi de la part des acteurs émergents tels que le secteur privé, la diaspora, les artistes Haïtiens et les ambassadeurs de bonne volonté des Nations Unies.», a ajouté Monsieur di Taranto.
Cet objectif trouve écho dans les conclusions du récent Sommet Humanitaire Mondial, auquel Haiti a pris part de façon active, surtout sur les thèmes de la santé publique, la mobilisation du secteur privé et la diaspora, ainsi que l’engagement des femmes dans l’action humanitaire. En collaboration avec tous les partenaires, OCHA contribuera à adapter les recommendations issues du Sommet Mondial Humanitaire à la réalité haïtienne en prenant en compte les 17 Objectifs de Développement Durable récemment adoptés par l’Assemblée Générale des Nations Unies. En effet, les ODDs à l’horizon 2030 constituent un plan sur 15 ans pour réduire les besoins et la vulnérabilité des plus nécessiteux, en favorisant l’avènement d’un monde de paix, de dignité et de possibilités pour tous.