Northwest faces hurricane seasonLe département du Nord-ouest face à la saison cyclonique

4 juil 2013

Northwest faces hurricane seasonLe département du Nord-ouest face à la saison cyclonique

Like so many other parts of Haiti, the Northwest Department is bracing for hurricane as the season started a month ago. Several actions are being considered by the regional authorities, aid agencies and the public in order to mitigate potential damage.

A l’instar des autres contrées d’Haïti, le département du Nord-ouest redoute les cyclones, ces vents qui ravagent tout sur leur passage. La période propice à ce phénomène naturel commence en juin. Aussi, plusieurs actions sont-elles envisagées par les autorités régionales, les organismes d’aide et la population, en vue d’atténuer les éventuels dégâts.

Since she was 17 years-old, Denicia Saint Firmat has lived in the rue des Trois Grâces, near the town hall of Port-de-Paix. From one year to the next, the hurricane season is a period of suffering for this now 46-year-old mother of six.

"Every time the sky darkens, I lose sleep. With recurrent flooding, I have lost everything. Every day we pray to God to protect us, "she says, surrounded by her three youngest daughters.

Logan Abassi - UN/MINUSTAH Logan Abassi - UN/MINUSTAH

Over the years, Denicia has learned to cope with the phenomenon. "As soon as the weather is threatening, we secure all our important documents inside the house. And if the threat seems particularly acute, we take refuge with neighbours who live in the hills," she explains - while pointing to traces of past flooding that reach a one meter high mark on the walls of the house.

The concerns of residents here contrast with the relative serenity of the inhabitants of the Demelus area. Grouped within the Demelus association for development (DVD), they have been mobilized since April 2013. "After significant damage recorded in our area during hurricanes Hanna, Ike in 2008, and last year Sandy, we undertook several actions to make us safe," said Pierre-Paul Brutus, head of the association.

In fact, the rue des Trois Grâces is situated directly beneath two very steep ravines which create inundations for those living there.

Preventive measures

For prevention, an awareness campaign was organized for the 10,000 people directly concerned. All evacuation routes were cleaned, temporary shelters were identified – along with families to welcome and accommodate potential victims. "These shelters have a low capacity; they can only house about 500. Our supply of food is very low and we have no emergency kits”, says Brutus. He calls for help from the authorities and non-governmental organizations (NGOs) working in the region.

On the humanitarian side – for both state and non-state players - the problems are preoccupying, but mobilization is noticeable because the Northwest is so very vulnerable to disasters such as cyclones, floods, tidal waves, droughts, earthquakes and epidemics.

Nevertheless, a contingency plan has been developed. In this plan, the State, through its Civil Protection, humanitarian players including CARITAS, the Red Cross and MINUSTAH, have examined resources and stock available in case of natural disaster. 121 temporary shelters have been identified throughout the area by local authorities. Public service announcements are being broadcast regularly on radio channels and television stations. Ten municipal committees and 33 local civil protection committees (with more than 200 volunteers) have been mobilized to assist in an emergency, or evacuation alert.

The NGO World Concern has launched an 18-month disaster reduction initiative in five communities, including four in the town of Port-de-Paix (Petit Port-de-Paix, Nan Palan Dierilon and Demelus) and one in the town of Anse-à-Foleur. Activities focus on access to water, sanitation and rehabilitation of temporary shelters. "We are aware that our efforts are insignificant in this ocean of need, but you need to do something," said a resigned-sounding official from the NGO.

For his part, José Réthone, Technical Advisor of the DPC admits that "the situation is complicated" because of the topography of the area, and the danger posed by water catchment areas.

Overcoming pitfalls

Several difficulties, however, impede the implementation of such measures. The first issue is that people have a pessimistic attitude towards the hurricane season due to earlier experiences that have caused injuries.

The second difficulty relates to changes in the municipal teams. It is necessary to train newcomers who are not all trained in mechanisms of humanitarian crisis management.

"The drains of Port-de-Paix and Mellus are the main causes of flooding in the city of Port-de-Paix and these have not been purged. Nobody came to see us. We rely on God to not open the floodgates of heaven, "sighs Denicia Saint Firmat, in the rue des Trois Grâces.

"The authorities must see our suffering and provide an explanation," she argues, while two neighbours nod in agreement.

Recent rains on June 16th lasted less than two hours, but one death and damage to property was reported. The street where Denicia lives is still blighted by mud and dust, barely functioning since this most recent ordeal. Will it be the last?

Vicky Delore Ndjeuga

Denicia Saint Firmat habite depuis l’âge de 17 ans à la Rue les Trois Grâces, près de la Mairie de Port-de-Paix. D’une année à une autre, la saison cyclonique est pour cette femme de 46 ans, mère de six enfants, une période de souffrance.

« Chaque fois que le ciel s’assombrit, je perds le sommeil. Avec les inondations récurrentes, j’ai tout perdu. Chaque jour, nous prions Dieu pour qu’il nous protège », lance-t-elle, entourée ses trois plus jeunes filles.

Logan Abassi - UN/MINUSTAH Logan Abassi - UN/MINUSTAH

Au fil des années, Denicia a appris à faire face à ce phénomène. « Dès que la météo se fait menaçante, nous mettons tous nos documents importants en sécurité dans la maison. Et si la menace est forte, nous nous refugions chez des voisins qui habitent les hauteurs », explique-t-elle, en indiquant du doigt les traces d’inondations passées hautes de plus d’un mètre sur les murs de sa maison.

Les inquiétudes des riverains contrastent avec la relative sérénité des habitants de la zone de Demelus. Regroupés au sein de l’association Demelus vers le développement (DVD), ils se sont mobilisés dès le mois d’avril 2013. « Après les importants dégâts enregistrés dans notre zone lors des ouragans Hanna, Ike en 2008, et Sandy l’année dernière, nous avons entrepris plusieurs actions pour nous mettre à l’abri», explique Pierre Paul Brutus, le responsable de cette association.

En effet, la rue des Trois Grâces est dans le prolongement de deux bassins versants abrupts, dont l’inclinaison fait déverser sur les habitations des flots d’eaux emportant tout dans leur sillage.

Les mesures préventives

En prévention, une campagne de sensibilisation a été organisée auprès des 10 000  personnes concernées. Toutes les voies d’évacuation ont été nettoyées, des abris provisoires identifiés, ainsi que les familles devant accueillir d’éventuels sinistrés. « Les abris ont une faible capacité d’accueil, seulement 500 places environ. Notre réserve de nourriture est très faible et nous ne disposons d’aucun kits d’urgence », explique cependant M. Brutus. Il sollicite l’aide des autorités et des organisations non gouvernementales (ONG) qui travaillent dans la région.

Du côté des acteurs étatiques et non étatiques, la question préoccupe et la mobilisation est perceptible car le Nord-ouest est très vulnérable aux catastrophes telles que les cyclones, les inondations, les raz de marée, la sécheresse, les séismes et les épidémies.

Un plan de contingence a toutefois été élaboré. Dans ce plan, l’Etat, à travers la Direction départementale de la protection civile (DPC), les acteurs humanitaires dont la CARITAS, la Croix Rouge et la MINUSTAH, ont fait le point des ressources et des stocks disponibles et mobilisables, en cas de catastrophes naturelles. 121 abris provisoires ont ainsi été identifiés à travers le département par les autorités locales. Des spots de sensibilisation sont diffusés de façon régulière sur les chaines de radio et télévision locales. Les 10 comités communaux  et 33 comités locaux de protection civile avec plus de 200 volontaires ont été mobilisés, afin d’assister en cas d’urgence, de l’alerte aux évacuations.

L’ONG World Concern a lancé une initiative de 18 mois pour la réduction des catastrophes dans cinq communautés dont quatre dans la commune de Port-de-Paix (Petit Port-de-Paix, Nan Palan Dierilon et Demelus) et une dans la commune d’Anse-à-Foleur. Les activités portent sur l’accès à l’eau, l’assainissement et la réhabilitation des abris provisoires. « Nous en sommes conscients, nos efforts sont insignifiants dans cet océan de besoin, mais il faut quand même faire quelque chose », constate un responsable de cette ONG, presque résigné.

Pour sa part, José Réthone, conseiller technique de la DPC, reconnait que « la situation est compliquée » du fait de la topographie de la région, formée de bassins versants abrupts et du mauvais.

Des écueils à surmonter 

En revanche, plusieurs difficultés pèsent sur la mise en œuvre de ces mesures. Le premier enjeu est  que la population a une attitude pessimiste a l’égard de la saison cyclonique du fait des traumatismes antérieurs que celle-ci a engendrés.

Le second tient aux changements survenus au sein des équipes de gestion locale. Il faut en effet toujours plus de formations car les nouveaux venus ne sont pas tous formés sur les mécanismes de prévention et gestion des crises humanitaires.

« Les drains Port-de-Paix et Mellus, principales causes des inondations de la ville de Port-de-Paix n’ont pas été curés. Personne n’est venu nous voir. On s’en remet à Dieu pour qu’il n’ouvre pas les vannes du ciel », soupire Denicia Saint Firmat, dans la Rue des Trois Grâces. « Les autorités doivent constater nos souffrances et nous donner des explications », plaide-t-elle, soutenue par les acquiescements de ses deux voisines.

De récentes pluies, le 16 juin dernier, ont duré moins de deux heures, mais fait un mort et des dégâts matériels importants. La rue ou loge Dénicia, encore sous la boue et envahie de poussière, peine à se remettre de cette énième épreuve. Sera-t-elle la dernière ?

Vicky Delore Ndjeuga