Pagany Léonard: rechercher la paix pour aider au développement du pays

24 mai 2013

Pagany Léonard: rechercher la paix pour aider au développement du pays

Membre de la section de la Réduction de la violence communautaire (RVC) de la MINUSTAH, Pagany Léonard  s’est fait une réputation notamment dans des quartiers sensibles de Port-au-Prince comme Cité Soleil et Martissant. Sa motivation : voir les conditions de vie s’améliorer et le pays prendre le chemin du développement.

Pagany Léonard: rechercher la paix pour aider au développement du pays

Photo : Srdan SLAVKOVIC – UN/MINUSTAH

Bientôt 8 ans à la RVC, Pagany est surtout connu pour son amabilité et sa manière de susciter le consensus, la concertation. « Il n’est pas quelqu’un qui vous impose son point de vue, avec lui, on se sent à l’aise pour discuter », confie Hyppolite Wilfrid, leader communautaire du quartier populaire de Brooklyn.

Pagany Léonard: rechercher la paix pour aider au développement du paysA Cité Soleil, Pagany participe chaque semaine à une réunion sur la sécurité rassemblant autorités municipales et policières haïtiennes accompagnées de responsables tant civils que militaires de la MINUSTAH. Il supervise aussi des projets  pour la réinsertion sociale d’enfants des rues et au renforcement des capacités des femmes financés par la Mission onusienne.

A toute heure du jour et de la nuit, il reçoit appels et sms de jeunes des quartiers où il a l’habitude de travailler, qui le sollicitent pour participer à des formations soutenues par sa Section, ou recherchent d’éventuels contacts pour un job.

A Cité Soleil, cet employé de la MINUSTAH est comme chez lui, les gens l’arrêtent dans la rue. Comme Kenson,  jeune du quartier « La Différence » à Cité Soleil,  qui l’arrête alors qu’il circule à bord d’un véhicule de l’ONU lors d’une visite de suivi. « Pagany est quelqu’un de bien », sourit-il. « Il a toujours du temps pour nous écouter. J’ai rencontré beaucoup de personnes lors de nos formations, mais il est le seul avec qui je maintiens le contact », témoigne le jeune diplômé en électricité bâtiment.

Miriam Ruscio, chef de projets à l’Association des Volontaires au Service International (AVSI) à Martissant voit en Pagany beaucoup plus qu’un partenaire dans l’exécution des projets financés par la RVC. « C’est pour nous un support, avec une présence constante et qui donne toujours de bons conseils susceptibles d’améliorer la situation de nos bénéficiaires ».

« Pour maintenir la paix, la force seule ne suffit pas »

Pagany Léonard: rechercher la paix pour aider au développement du paysMarié et père de deux filles, Pagany, âgé de 38 ans, parle l’Anglais et l’Espagnol. Ce qui lui a valu de travailler avec les contingents militaires brésiliens,  en charge de la sécurité dans des quartiers sensibles de Cité Militaire, Bel-Air ou Cité Soleil. A leurs côtés, il a compris que, pour maintenir la paix, la force seule ne suffit pas.

Avec le projet « Clean Blocks », financé par la RVC, les soldats ont nettoyé et rénové des quartiers délabrés de Cité Soleil ensemble avec leurs habitants, qui ont ainsi trouvé un emploi temporaire.

Une approche qui, selon Pagany, a permis aux militaires de se rapprocher de la population et du même coup faire baisser les actes de violences et de banditisme dans la zone réputée ‘chaude’. L’Haïtien avoue d’ailleurs que de telles initiatives lui ont permis de mieux comprendre la réalité des communautés.

Pagany Léonard: rechercher la paix pour aider au développement du pays« C’est quelqu’un qui a une forte envie d’apprendre », signale Pierre Mérité Dieusibon, coordonnateur du bureau régional Ouest de la RVC, qui souligne avoir « toujours la garantie que les tâches confiées à Pagany seront bien exécutés, et à temps ».

Même au bureau quand il rédige ses rapports, il ne se sépare jamais d’un sifflet, glissé dans la poche droite de son pantalon. « Si je l’avais, je n’aurais pas passé plus de 16 heures sous les décombres », explique-t-il, songeant au terrible séisme du 12 janvier 2010 lors duquel  une centaine de ses collègues de la MINUSTAH ont péri dans l’effondrement de leurs bureaux.

Pour l’heure, sa principale source d’inquiétude demeure la quête des moyens de subsistance et l’influence des courants politiques qui divisent les quartiers où il travaille. Et rêve à un vrai communautarisme, capable de changer l’image et les conditions de vie de ses frères haïtiens…