Pour une meilleure participation des femmes dans la reconstruction d’Haïti

2 mar 2012

Pour une meilleure participation des femmes dans la reconstruction d’Haïti

Réunies du 28 février au 1er mars 2012 à Port-au-Prince autour du slogan « Nap vanse! » (Nous avançons) et du thème  « Fanm se poto mitan rekonstriksyon Ayiti » (la femme est le pilier de la reconstruction d’Haïti), les femmes issues de tous les départements d’Haïti ont, ensemble, défini une «Plateforme Nationale d’Action des Femmes Haïtiennes pour la Reconstruction », laquelle a été présentée,  le 1er mars, au Président de la République, Michel Joseph Martelly. C’était lors d’une cérémonie solennelle en présence de la Première dame, Mme Sophia Martelly, et de diverses personnalités haïtiennes et internationales, dont le PDG de la Bank of America, Brian Moynihan, et  le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti, Mariano Fernández Amunátegui.

LeTitreDeLArticle


galerie

Photo : Logan Abassi – UN/MINUSTAH

La présente Plateforme a pour vocation de « renforcer le rôle et la réelle participation des femmes ainsi que la prise en compte effective de leurs besoins spécifiques dans le processus de reconstruction et de développement du pays, à tous les niveaux de la vie nationale ». Il est en effet établi que la gent féminine -52 % de la population et à la tête de quelque 44 % des familles du pays - est sous représentée dans les sphères décisionnelles du pays.

Les mesures prioritaires de la Plateforme, un document de cinq pages, sont regroupées en quatre volets principaux : « renforcement des opportunités économiques et d’éducation pour les femmes, investissement dans les infrastructures et un environnement propice au développement, meilleur accès aux soins de santé et lutte contre la violence sexuelle, et accroissement de la participation politique et civique des femmes ».

Toutes ces doléances ont trouvé un écho favorable auprès du chef de l’Etat qui a vivement remercié ses compatriotes pour l’initiative en admettant volontiers que « les femmes constituent le principal pilier de notre société ». Le Président Martelly a, par la même, encouragé celles-ci à plus de « regroupement et de concertation » pour que leurs doléances soient mieux prises en compte et que leur participation à la reconstruction du pays soit effective.

La cérémonie de présentation de la Plateforme au Chef de l’Etat a clôturé la rencontre internationale initiée grâce à la coordination de  l’ONG haïtienne Femmes en Démocratie  (FED) avec l’appui du Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF), du gouvernement norvégien, de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), de la ‘Bank of America’ et de l'ONG ‘Vital Voices’, qui défend la cause des femmes à l'échelle internationale.

Une rencontre au cours de laquelle une vingtaine de femmes invitées pour la circonstance et provenant de divers coins du monde ont partagé vécus et expériences avec leurs consœurs haïtiennes. Parmi elles, l’actrice américaine et activiste des droits de la femme Maria Bello, l’ancienne Ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), Constance A. Morella, la parlementaire cambodgienne Mu Sochua et la Ministre de l’Agriculture du Liberia, Florence Chenoweth.

Au nombre des participants à la rencontre, le député Bilgot Colas, (Fort-Liberté- Ferrier- Perches), également président de la Commission des Affaires sociales et aux Droits de la femme, selon qui il importe d’« avoir un cadre légal où les femmes et les hommes devront  avancer côte à côte ». Pour sa part, Margareth Fortuné, ex-candidate à la députation pour la 2ème circonscription de Port-au-Prince, ne cache guère son insatisfaction relative « à la façon dont le pays est dirigé », déplorant que la majeure partie des décisions soient prises à l’insu des femmes à tous les niveaux politique, social voire économique.

Fruit d’un vaste processus de consultations coordonné par la MINUSTAH

La présente rencontre s’inscrit dans le cadre du projet de promotion de la participation des femmes à la prise de décision, via le renforcement de leur leadership. Démarré en septembre 2011 et coordonné par le Bureau des Questions de Genre de la MINUSTAH, ledit projet est financé grâce à des fonds du Luxembourg pour un montant de 50.000 dollars américains, d’où l’appellation de « Projet Luxembourg », et mis en œuvre par ‘Femmes en Démocratie’ avec la collaboration du Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes et le Caucus des femmes parlementaires.

Depuis, quelque 350 ateliers de formation et de consultations sur les besoins prioritaires des femmes ont été initiés dans 55 communes du pays, puis  dans les 10 départements. Environ 450 personnes au total représentant des organisations de femmes, la société civile, la presse et les autorités locales ont participé aux rencontres dans les départements.

C’est pourquoi dans son intervention à la cérémonie de présentation de la Plateforme, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti, Mariano Fernández Amunátegui, a salué cette initiative « dont les objectifs recoupent les préoccupations des Nations Unies en matière de promotion de l’égalité des genres, notamment la participation des femmes aux processus de reconstruction et de développement ».

Le Chef de la MINUSTAH a aussi rappelé les grandes  directives, stratégies, plans d’actions et instruments internationaux développés par les Nations Unies pour la promotion de l’égalité de genre telle que la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’Egard des Femmes (CEDEF) et la Résolution 1325 (2000). De par son mandat, a encore souligné  le Représentant spécial, « la MINUSTAH s’est engagée à accompagner l’Etat haïtien et les organisations de la société civile, dont celles des femmes, dans la reconstruction et le renforcement de l’Etat de droit démocratique aux côtés des autres partenaires de la communauté internationale ».