Retour sur les lieux : l’agriculture de Gascogne durablement renforcée

31 aoû 2012

Retour sur les lieux : l’agriculture de Gascogne durablement renforcée

A Gascogne, section communale de Mirebalais limitrophe de Lascahobas (Centre), une série de projets d’irrigation agricole et de pisciculture intégrés, accomplis entre 2009 et 2011, a permis aux paysans de la localité de Desvarieux de gagner en indépendance, et même de faire entendre leur voix au niveaux du département. Financés par la MINUSTAH dans le cadre de ses Projets à Impact Rapide (QIPs), ces travaux ont permis de développer l’agriculture maraîchère et la pisciculture dans la zone. Nous sommes retournés sur les lieux, 10 mois après la fin des travaux.


Retour sur les lieux : l’agriculture de Gascogne durablement renforcée


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Photo : Logan Abassi – UN/MINUSTAH

« Avant la construction du système d’irrigation, en semant 35 marmites de pois noirs, on en récoltait au plus 400. Mais aujourd’hui, nous en récoltons au moins le double», se félicite Pierre Jean-Claude Louimé, agriculteur et ancien CASEC de Gascogne. En effet, en 2009, la construction d’un système d’irrigation agricole de 300 mètres linéaires en maçonnerie et la réhabilitation de 400 mètres linéaires de canaux en terre battue, pour un budget avoisinant 23.960 dollars US, permet aujourd’hui de doubler la production de pois.

Ces travaux réalisés par l’Organisation des Paysans de Gascogne (OPG), ont également permis aux paysans de mieux gérer leurs cultures maraichères. « Ce projet est à l’origine du développement de ce type de culture dans la zone », fait même remarquer Odette Raphaël, une bénéficiaire directe. En effet, grâce au système d’arrosage de leurs portions de terre, les paysans cultivent maintenant le petit mil, le maïs, le riz, plusieurs variétés de pois dont le pois noir qu’ils considèrent comme leur culture fétiche. Ils cultivent aussi la pistache, la tomate, le piment, la laitue, le chou et le poivron.

Pour Alexandre Paul Léonard, cultivateur et bénéficiaire direct, la vie de sa famille a changé. « Ces nouvelles opportunités m’ont permis d’augmenter mes bénéfices, de nourrir décemment ma famille et d’assurer l’éducation de mes enfants», fait-il remarquer. Odina Paul, elle aussi, peut maintenant scolariser ses quatre enfants. « Avant l’installation de ce système, je parvenais difficilement à m’acquitter des obligations scolaires de mes enfants, à force d’escompte et de dettes cumulées » se souvient-elle. « Mais aujourd’hui, avec une seule récolte de pois, je viens à bout de tout cela».

Vers une extension du projet

Suite au développement de la production agricole, enregistré grâce à ce nouveau système d’irrigation, la MINUSTAH a investi, en septembre 2011, 50.000 dollars supplémentaires pour construire deux bassins piscicoles et 300 mètres linéaires de canaux d’irrigation, réhabiliter 500 mètres linéaires de canaux d’irrigation en terre battue, distribuer des alevins pour les bassins et former certains agriculteurs en pisciculture.

Les marchandes de poisson de la zone, qui revendent la production de ces nouveaux bassins, sont satisfaites. « Je perds moins de temps tout en faisant plus d’argent, j’économise en frais de transport et je cours moins de risques tout en garantissant la qualité du produit que je revends », raconte, ravie, Odette Raphaël, qui vend du poisson depuis près de 20 ans.

Grâce à ces deux projets réalisés à Gascogne, 80 hectares de terre sont aujourd’hui irrigués. « Les travaux effectués sur l’ensemble du territoire irrigué et drainé, outre leurs bienfaits pour la production agricole, réduisent les risques liés aux inondations et rendent moins vulnérables les ménages qui vivent dans et autour de la zone irriguée », note Gabriel Gardère, coordonnateur de l’OPG, renommée Organisation des Paysans du Centre (OPC) pour mieux s’identifier aux deux projets.

La collaboration entre l’OPC et la MINUSTAH a permis à ses responsables de pourvoir progressivement aux besoins des paysans du Plateau Central, notamment ceux du Bas Plateau. « Les projets de la MINUSTAH nous ont permis, non seulement de prendre conscience de nos forces, mais aussi d’être considérés comme un modèle pour les autres organisations qui évoluent dans la communauté et qui ont obligatoirement besoin d’accompagnement pour se développer de manière autonome», conclut M. Gardère.

Rédaction : Louicius Micius Eugène
Edition : Sophie Boudre