VIH/SIDA : Des progrès importants contre la transmission du virus de la mère à l’enfant en Haïti

30 nov 2012

VIH/SIDA : Des progrès importants contre la transmission du virus de la mère à l’enfant en Haïti

Débutée il y a une dizaine d’années, la Prévention de la Transmission du VIH de la Mère à l’Enfant (PTME) est aujourd’hui au cœur de la lutte contre le SIDA en Haïti, avec des avancées significatives en matière de prévention, de dépistage précoce et de prise en charge globale.

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Photo : UN/MINUSTAH

« Depuis que nous avons commencé la PTME dans notre centre hospitalier en 2008, nous avons eu à suivre 32 femmes enceintes séropositives qui ont toutes accouché normalement, d’enfants séronégatifs », affirme Thérèse Germaine Gelva, infirmière à l’Hôpital Citimed de Port-au-Prince.

La PTME, explique-t-elle, comprend la sensibilisation, le dépistage volontaire et confidentiel du VIH, le traitement des infections sexuellement transmissibles et la pratique de l’accouchement à moindre risque.

« On administre la prophylaxie aux anti-rétroviraux (ARV) aux femmes séropositives en les suivant dès le début de leur grossesse jusqu’à 2 ans après l’accouchement », explique l’infirmière.

« Nous leur donnons aussi des conseils en alimentation, nous leur apportons un appui psychosocial et suivons leurs enfants à travers des contrôles mensuels de leurs poids, d’administration de médicaments et des examens jusqu’à l’âge de 2 ans », ajoute-t-elle.

En mars 2010, alors qu’elle était enceinte de deux mois, Marjorie*, ouvrière de 32 ans, avait fait le test de dépistage du VIH au niveau de l’Hôpital Citimed, et découvert sa séropositivité.

« Lorsque le médecin m’a informée que j’étais infectée, j’avais eu beaucoup de peine pour mon futur bébé, mais il m’a rassurée, en m’expliquant que l’hôpital disposait de produits qui me permettraient de rester en forme et d’accoucher normalement, sans que mon enfant ne soit contaminé », raconte t-elle.
« On a alors commencé à me donner des médicaments, dès ma 28ème semaine de grossesse et jusqu’à mon accouchement », dit-elle, « et j’ai eu finalement une fille séronégative âgée aujourd’hui de 2 ans et demi et qui va à l’école ».

Denise*, ménagère de 28 ans résidant à Port au Prince, a elle aussi eu une fillette de deux ans en pleine forme. « Quant à moi, je suis tellement en bonne santé que je pense que je n’ai plus le virus du SIDA », confie t-elle.

Considérée comme la seconde courroie de transmission du VIH, la contamination maternelle était en 2010 estimée à 9,2% en Haïti, selon des études du Groupe Haitien d'Etude du Darcome de Kaposi et des Infections Opportunistes (GHESKIO).

Des données d’études comportementales récentes ont montré que si plus de 80% des femmes, chez les 15-49 ans, savaient que le VIH peut se transmettre de la mère à l’enfant pendant la grossesse et l’allaitement, seulement 36% d’entre elles savaient que ce risque pouvait être réduit par la prise de médicaments spéciaux par une mère séropositive.

Le Gouvernement haïtien a dû élaborer un Plan Stratégique National de PTME du VIH et de la Syphilis congénitale 2009-2015 en vue de réduire la mortalité maternelle et infantile, et d’enrayer la propagation du VIH/SIDA d’ici 2015.

C’est dans cette optique que plusieurs femmes séropositives, à l’instar de Marjorie et Denise, suivent un programme de PTME offert gratuitement dans les centres hospitaliers de Management Ressource Community Health (MARCH), une ONG haïtienne financée par le Fonds Mondial et l’Agence américaine pour le développement international (USAID).

Selon Thérèse Gelva, depuis qu’elles prennent leurs médicaments, ces femmes acceptent leur maladie. « Et pour les encourager », explique-t-elle, « en dehors des ARV et des vitamines que nous leur fournissons, nous prenons également en charge leurs frais de déplacement à l’hôpital et leur fournissons du lait, pour celles qui pratiquent l’allaitement artificiel, jusqu’au sixième mois du nourrisson ».
En outre, le Ministère de la Santé Publique et de la Population, à travers la Direction de la Santé Familiale (DSF), a lancé en octobre dernier une campagne d’information publique sur la PTME.

Selon le Directeur de la DSF, Docteur Reynold Grand’Pierre, en Haïti, avant le séisme du 12 janvier 2010, les estimations portaient à 120.000 le nombre de personnes vivant avec le VIH dans le pays, dont 6.800 enfants âgés de moins de 15 ans.

« La campagne d’information publique sur la PTME a été lancée dans le but d’éliminer d’ici 2015 la transmission du VIH et de la syphilis de la mère à l’enfant sur tout le territoire de la République d’Haïti », souligne t-il.

Le Docteur Guirlène Calixte, Chargée de Programme à MARCH, assure que la PTME a permis des avancées significatives en Haïti. « En 2010, MARCH a dépisté 3.600 femmes enceintes et moins de 30 d’entre elles étaient séropositives », annonce t-elle, rappelant que « le taux de prévalence au VIH/SIDA tourne aujourd’hui autour de 2% en Haïti alors qu’avant 2000, il était de 6% ».

Selon le dernier rapport de l’ONUSIDA sur l’état de la lutte contre le sida dans le monde publié en novembre dernier, il y a une accélération sans précédent de la riposte à la pandémie. Le taux d’infections au VIH a fortement baissé depuis 2001 et l’accès aux traitements s’est considérablement accru.
Célébrée le 1er décembre de chaque année, la Journée mondiale de lutte contre le sida a pour thème entre 2011 et 2015 «Objectif zéro: zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination, zéro décès lié au sida».

Tahirou Gouro Soumana

* noms d’emprunt