Dans le Sud’Est, la police vient en appui aux femmes victimes de violences

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26 déc 2013

Dans le Sud’Est, la police vient en appui aux femmes victimes de violences

Un bureau de lutte contre la violence faite aux femmes vient d’ouvrir ses portes au commissariat de Jacmel (Sud-est). Là, les victimes pourront en toute quiétude porter plainte, recevoir un accompagnement médical et une assistance juridique. Inauguré le 4 décembre dernier, ce bureau est un projet financé par le gouvernement de la Norvège en appui avec la MINUSTAH.

« Lutter contre la violence exercée sur les femmes est un combat de tous les jours qui engage tout le monde », raisonne Cleta Alexis, responsable du bureau de genre nouvellement installé à l’étage supérieur du commissariat de Jacmel. Cette démarche, dit-elle, « vise à renforcer le travail des institutions féminines, complémente celui des organismes de défenses des droits humains et rend plus facile la tâche des acteurs judiciaires ».

Photo : Patrick Mackintosh Jean UN/MINUSTAH Photo : Patrick Mackintosh Jean UN/MINUSTAH

Selon les responsables de cette nouvelle structure, les plaintes dans les cas de violences verbales, physiques ou psychologiques seront traitées avec célérité et la justice appliquera la politique de tolérance zéro contre les agresseurs. Le Directeur départemental de la police dans le Sud-est appelle tous les acteurs de la chaine pénale à combattre ce fléau : « Avec le dynamisme des agents affectés à ce bureau, aucun dossier ne restera sans suivi », espère Frantz Elbé.

En moyenne, 10 plaintes liées aux violences physiques, conjugales ou viols sur mineurs sont enregistrées par semaine, témoigne un agent de ce service. « Bon nombre d’entre elles sont traitées soit sur place ou acheminées auprès de la justice pour les suites légales ». Durant les cinq dernières années, le nombre de cas de viol a considérablement grimpé dans le Sud-est, informe la responsable du bureau de genre de Police Nationale d’Haïti (PNH). Pour inverser la tendance, Cleta Alexis annonce une campagne de sensibilisation à travers les communes du département visant à changer le comportement de potentiels agresseurs et du coup pousser les victimes à porter plainte.

Engagées dans la lutte contre la violence exercée sur les femmes, des militantes féminines regroupées autour de l’Association des Femmes Juristes du Sud-est (AFJSE) veulent accompagner les jeunes filles et femmes violentées devant la justice. « Cette association est perçue comme un nouvel outil capable d’entériner le travail déjà commencé par les organisations féminines de la région », laisse entendre Me Immacula Jeannis Bazile, juge d’instruction au Tribunal de Première Instance de Jacmel. « Nous avons formé les représentants de 25 organisations de femmes sur les termes juridiques et les procédures tracées par la loi pour ester en justice un agresseur », réplique Me Jeannis, présidente de l’AFJSE.

Dans le Sud’Est, la police vient en appui aux femmes victimes de violencesPour sa part, la représentante du gouvernement de la Norvège Eva Irene Tuft, qui a financé la construction du bureau, explique vouloir toucher les commissariats de toutes grandes villes d’Haïti. En effet, sept des dix départements du pays sont déjà équipés d’un tel bureau, dans le cadre du soutien de la MINUSTAH au développement de la PNH.

La cérémonie d’inauguration du bureau de genre au commissariat de Jacmel s’est déroulée en présence de la commissaire divisionnaire, Marie Louise Gauthier, la responsable nationale du bureau de genre pour la Police Nationale d’Haïti, du directeur départemental de la police du Sud-est, du maire de la ville, du chef du bureau régional de la MINUSTAH, du Commissaire de police des Nations Unies, des organismes de défense des droits humains de la région et des représentants de l’Ambassade de la Norvège.

Alain Pierre / Patrick Mackintosh Jean