Photo : Loucius Eugnène - UN/MINUSTAH

« Je me sens guérie et soulagée », a lâché dans un éclat de rires Prissille Mathieu, 81 ans , après avoir rempli ses devoirs civiques. Comme nombre d’électeurs et d’électrices, son vote est conditionné au changement du pays, à un meilleur avenir d’Haïti. Elle l’a offert aux leaders qui lui inspirent confiance. Depuis les élections présidentielles, législatives, municipales, jusqu’aux élections locales, Mme Mathieu n’a jamais raté l’occasion de s’acquitter de l’une des premières missions que lui confère sa citoyenneté haïtienne : voter !

De même que nombreux autres haïtiens, l’octogénaire a rempli ses devoirs civiques au cinquième bureau du Centre de vote de Marigot, dans la localité de Figier, située à Savanne du Bois (Sud-Est) d'Haïti.  Elle a été accompagnée par deux agents de la Police Natione d'Haïti et un Agent de Sécurité Électorale. Ils l’ont aidée à voter en priorité . Impatients de retrouver leurs noms sur la liste électorale, électeurs et électrices s’accoudent et s’entraident. La sécurité qui règne dans ce centre de vote favorise, jusque-là, le bon déroulement du scrutin. Sur la cour de l’école nationale de Figier, en grand nombre,les électeurs dont la queue en fonction du numéro de leur bureaux de vote.

Comme Mme Mathieu, Prispert a eu l’occasion de remplir très tôt ses devoirs civiques au Lycée Henri Christophe de Marigot. Dans ce centre de vote, on élit uniquement un cartel de délégués de ville. Avisé, Prisper sait bien que les délégués de ville auront une lourde tâche pour servir de contrepoids au pouvoir des maires au niveau des communes, notamment dans la zone citadine. Il plaide pour des élections inclusives, transparentes et démocratiques. Car, selon Prisper, sa ville soufre encore du traumatisme des dernières élections.

En effet, à la suite de la publication définitive des résultats des élections à la députation, il y a eu des casses et des incendies criminels. Il souhaite que plus jamais de telles situations ne se répètent chez lui.

A Marigot, les électeurs du troisième âge cherchent, particulièrement à travers leur vote, un avenir meilleur pour Haïti. Un avenir qui doit se définir et se cristalliser à travers leur accès à l’eau potable, à une éducation de qualité, à l’accès aux soins de santé et à la construction de nouvelles routes. Certains vont encore plus loin dans l’espoir placé dans leur vote. « J’espère que pour accéder à l’eau potable, nous n’aurons plus besoin de parcourir plusieurs kilomètres ; pour faire des appels téléphoniques, j’espère qu’il ne sera plus nécessaire de faire autant de kilomètres que pour aller puiser de l’eau », a fait savoir un riverain de la localité de Guyomonde, appelée aussi Djomoun. Ces habitants demandent aux responsables de CONATEL (conseil national des télécommunications) d’intercéder en leur faveur auprès des compagnies cellulaires établies en Haïti. Ils doivent parfois payer plus de 50 gourdes de taxi motos pour aller placer un appel qui ne leur coûtera que 10 ou 15 gourdes de crédit sur leur portable.

Présente dans les CVs, la Police nationale d’Haïti (PNH) sécurise le vote des électeurs avec autorité et professionnalisme. Les policiers déployés dans la commune de Marigot sont présents dans les 13 centres de vote. Ils couvrent ainsi le périmètre sécuritaire de 73 bureaux de votes de la commune. Tandis que les agents de la PNH viennent en appui aux gardes électoraux affectés devant les bureaux de vote, ils reçoivent en support des patrouilles conjointes constituées de casques bleus de la MINUSTAH et d’autres unités mobiles de la PNH. Environ quatre camions militaires effectuent des patrouilles et sillonnent tous les centres de vote en vue de dissuader toute tentative de violence électorale.

Jusque là, le vote se déroule paisiblement à Marigot, sauf à Haufouque, où des mandataires se sont présentés munies de  faux mandats. 

Les votes ont repris, selon le président du Bureau Électoral Communal de Marigot, Will Alexandre, quoique prudent.