Dessine-moi la paix

30 jan 2015

Dessine-moi la paix

Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH

Ils font travailler leur imagination, leur créativité et leur passion pour la peinture et prêchent la paix à travers leurs dessins.

Ces 167 jeunes écoliers des classes première et terminale à travers le pays ont participé, pendant environ un mois, au concours de dessin organisé par le Bureau de la communication et de l’information publique de la MINUSTAH, sous le thème « Mwen responsab tou pou kenbe lapè ».

« J’adresse mes félicitations à vous, jeunes écoliers des 10 départements d’Haïti. Vos œuvres témoignent aujourd’hui de votre espoir pour une Haïti qui bannit toute forme de violence sur les femmes et garantit leur autonomie », a déclaré la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti, Sandra Honoré, lors de la cérémonie de remise de prix au champion national du concours de dessin, le 31 octobre 2014.

Les œuvres gagnantes des jeunes écoliers haïtiens ont été exposées pendant une semaine parmi celles de grands artistes d’Haïti dans une galerie de Port-au-Prince. Le concours proposait aux jeunes lycéens de dessiner autour d’un thème unique : « Mwen responsab tou pou kenbe lapè »

(Moi aussi je suis aussi responsable du maintien de la paix, en Créole).

Pour la ministre de la Culture, Monique Rocourt, les participants à cette compétition d’envergure nationale sont des messagers de paix. Aussi, insiste-t-elle : « la beauté et la paix peuvent sauver le monde ».

Les dessins, dans leur simplicité, expriment tous des situations vécues par les jeunes artistes. « Vous avez aussi montré que la paix dit non au lynchage, à toute forme de justice populaire », dit Mme Honoré. « Vous avez superposé des situations de violence et de paix pour faire ressortir la place de la paix dans nos communautés», poursuit-elle, s’adressant aux participants.

Ravi, le lauréat national, du Cap Haïtien (Nord), Déjoie Frantz Moïse, explique son dessin. « Il présente la carte d’Haïti avec une famille au milieu, se tenant par la main. Cela exprime l’union et la solidarité. En haut à droite, la colombe, symbole de paix, puis à gauche deux mains serrées de couleurs différentes, signe de non-discrimination. J’ai choisi la famille comme modèle parce que c’est le plus petit élément de la société. Si tout marche bien dans les familles, il en sera autant pour la société de manière générale».

Quittant pour la première fois sa ville natale pour recevoir son prix, le jeune Moïse a gagné un dictionnaire, une séance de travail avec la peintre haïtienne Michelle Manuel, et un kit de peinture offert par Mme Honoré. Il a aussi eu droit à une tablette numérique et une clef USB. Elève en terminale à l’Ecole Saint Joseph du Cap-Haitien, Moïse, 18 ans, a d’abord remporté le concours dans le Nord avant d’affronter les neuf autres champions départementaux du pays. Pour obtenir ce titre, son œuvre a dû être sanctionnée d’abord par un jury composé des peintres Vanessa Craan, Edith Lataillade, Michelle Manuel et de l’écrivain Gary Victor.

La note décernée par le jury équivaut à 60% contre 40 % des votes des internautes et des abonnés aux réseaux sociaux de la MINUSTAH.

Moïse a obtenu le score global de 36,55 sur 40. Il est suivi par Aristilde Abed Negro Fils Junior, de l'Institut Mixte Pradel Pompilus, Gonaïves (33,75 sur 40) et de Diligent Jean Daniel du Lycée Philippe Guerrier des Cayes (17,55 sur 40).

Dans chaque département du pays, cinq élèves des classes de première et de terminale, provenant de cinq écoles retenues en fonction de leur excellence académique et de leur popularité, étaient invités à produire un dessin fruit de leurs réflexions sur le concept de la paix, pour partager leur vision et leurs actions pour le maintien de la stabilité en Haïti.

Une communauté divisée se mobilise derrière ces champions

Dans les différentes régions, le concours a suscité les passions. Seulement sur Internet, plus de 2 300 personnes ont voté. Pour les jeunes de Jérémie, la paix et le développement marchent de pair. « La paix est indispensable au développement d’un pays et à l’épanouissement des jeunes. Je m’engage à contribuer à la paix et à transmettre le message au plus grand nombre», a indiqué la championne de la Grand’Anse, Paulin Love China, élève en première au Lycée Presbytéral Saint Louis de Gonzague.

Dans le Plateau Central, le vainqueur départemental, Belizaire John Roges, décrit sa ville de Thomonde comme une communauté rongée par la violence et les déchirements politiques. Sa participation et son accession à la finale nationale a engendré une solidarité nouvelle entre les habitants de Thomonde.

« Jusque-là, nous n’espérions pas que les thomondois puissent se mettre ensemble pour réaliser quelque chose en faveur de l’avancement de leur communauté », a-t-il expliqué, ému.

Le concours de dessin pour la paix, à l’instar d’autres activités comme le concert pour la paix, la caravane de théâtre-forum ou la chanson pour la paix, est une déclinaison de la grande campagne contre les violences communautaires, lancée il y a plus d’un an par la MINUSTAH, sous le thème « Ann Chwazi Lapè » (Choisissons la paix, en Créole ).

 

Louicius Micius Eugène – UN/MINUSTAH