Gonaïves savoure son Carnaval national

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4 mar 2014

Gonaïves savoure son Carnaval national


Gonaïves est la troisième ville de province à accueillir, depuis 2012, le Carnaval national. Son passé historique en tant que la ville où fut proclamée l’indépendance haïtienne en 1804, ainsi que les troubles violents et les catastrophes naturelles dont elle a été victime en 2004 et 2008 donnent à ce carnaval une portée historique
.

« Le premier jour gras s’est bien déroulé, les gens ont fait la fête dans la joie », se réjouit Emmanuela, une Gonaïvienne qui a l’habitude de participer aux activités carnavalesques.

Photo : Vicky Delore Ndjeuga Photo : Vicky Delore Ndjeuga UN/MINUSTAH

Tout a démarré aux environs de 17 heures ce 2 mars, avec le défilé de plusieurs bandes à pied, ainsi que des jeunes acrobates qui ont émerveillé le nombreux public avec leurs acrobaties. Puis, est venu le tour de la Fanfare du Palais national de charmer la foule, à travers des musiques populaires haïtiennes.

Dans cette ville ou les pères de la nation haïtienne ont déclaré l’indépendance du pays, les décors ne manquent pas pour présenter, à travers les chars allégoriques et costumes, l’histoire du monde dont celle d’Haïti.

Ensuite c’est le moment du défilé des groupes musicaux qui ont électrisé la foule sur leur parcours. « L’ambiance était surchauffée et on s’est bien amusé», jubile Brunel, un jeune Gonaïvien, fier de voir le carnaval national se dérouler dans sa ville natale.

Pour Tina Nadeene Ferrier, « bien que le carnaval a bien démarré, il y a toutefois eu des problèmes de logistiques». « Comment comprendre que des chars allégoriques défilent sans rois et reines, alors que ces jeunes attendaient impatiemment d’être à bord de ces chars », regrette-t-elle.

Un carnaval sécurisé

Côté sécurité, une forte présence de la Police Nationale d'Haïti (PNH) est constatée sur tous le parcours du carnaval et dans les coins de rue. Environ 2 000 agents de la Police nationale d’Haïti (PNH) ont été mobilisés.

Selon le Chef de département UNPol de l’Artibonite, Sawadogo Adama, « 41 UNPols et 75 policiers FPU de Jordanie ont été déployés en vue d’appuyer la PNH ».

Photo : Vicky Delore Ndjeuga UN/MINUSTAH Photo : Vicky Delore Ndjeuga UN/MINUSTAH

Cependant, ce sont les policiers haïtiens qui assurent la sécurisation de 1,8 kilomètre de parcours du carnaval, tandis que d’autres agents de la PNH aidés des UNPols, des militaires argentins et des FPU de la MINUSTAH sécurisent le périmètre de la ville, à travers des patrouilles et des check points.

Ajouter à cela, la sécurisation des axes routiers menant à la ville des Gonaïves, tels la Route Nationale #1 (Saint-Marc – Gonaïves et Gonaïves – Ennery), la route Gonaïves – Gros-Morne et Gonaïves – Anse-Rouge.

Constats faits par les carnavaliers, eux-mêmes, satisfaits de la sécurisation du carnaval. « La police a fait du bon boulot », constate Emmanuella. « On s’amuse tellement qu’on oublie le que le temps passe vite … et la police a arrêté le parcours aux environs de 3 heures du matin », ajoute Brunel.

Selon les chiffres partiels de la Croix-Rouge Haïtienne, pour ce premier jour gras, le bilan provisoire fait etat de deux morts et de 135 personnes blessées.

2004 – 2014 : de la traversée du désert vers une lueur d’espoir

En 2004, l’année marquant le Bicentenaire de l’Indépendance d’Haïti, la ville des Gonaïves a connu de violents troubles. D’importantes pertes en vie humaine et matérielles ont été enregistrées. Le 19 septembre de la même année, l’ouragan Jeanne a fait environ 3000 morts.

Photo : Vicky Delore Ndjeuga UN/MINUSTAH Photo : Vicky Delore Ndjeuga UN/MINUSTAH

Quatre ans plus tard, les ouragans Hanna et Ike ont dévasté la ville, des dizaines de morts ont encore été enregistrés, ainsi que plusieurs milliers de sans-abris.

Depuis, plusieurs travaux ont été entrepris par l’Etat haïtien et les organisations internationales dont les Nations Unies en vue de restaurer des routes, curer et réparer des canaux

Résultats, une bonne partie des routes gonaïviennes sont maintenant asphaltées ou bétonnées. « Ce carnaval est l’occasion de montrer aux étrangers les progrès réalisés dans la ville en vue d’accueillir de possibles investissements », espère Wesley un jeune informaticien de la Cite de l’indépendance.

Jonas Laurince