Guerda Benjamin: un deuxième mandat pour continuer sa lutte

3 avr 2017

Guerda Benjamin: un deuxième mandat pour continuer sa lutte

Fabienne Viltus - UN/MINUSTAH

« Mon secret se résume dans ma détermination à travailler avec et au profit de ma communauté », confie Guerda Bellevue Benjamin Alexandre, une des trois figures féminines dans la chambre des députés d’Haïti, qui est à son deuxième mandat consécutif.

En effet, au les 20 dernières années ont vu une très faible représentativité des femmes, notamment au parlement haïtien. La députée Guerda  Benjamin fait partie des rares femmes ayant gagné la confiance des électeurs de sa commune à trois reprises : maire dans les années 2000, député en 2010 pour la 49e législature (élue dès le premier tour), puis la 50législature,  en cours. « La fidélité à la parole donnée » est, selon elle, la clef de sa réélection.

Née le 9 Avril 1970 à Savanette,  dans le département du centre, Guerda a intégré les groupes sociaux de sa communauté dès son plus jeune âge : le groupe Kyro de sa paroisse, le Rassemblement des Jeunes pour l’Avancement de Savanette (RAJES), le Komité Devlopman Lokal/Comité de Développement Local (KDL), ainsi que le « Mouvement Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen ». Femme engagée, elle se donne pour mission de travailler sans relâche afin de changer les conditions de vies des plus pauvres.

Combattre la pauvreté, une lutte qu’elle n’est pas prête à lâcher.

 «Je suis née dans une famille très pauvre » confie-t-elle sans détour. «Travailler pour changer la situation des plus démunis est mon leitmotiv», poursuit celle qui se considère comme la voix des « sans-voix » de Savanette. Convaincue du bien fondé de sa lutte, Madame Alexandre est consciente des obstacles liés à cette noble tâche.

 « J’ai été inspiré d’une part, du vécu de ma mère qui a éduqué ses enfants grâce à un petit commerce de friture communément appelé en Haïti « machann marinad »,  [Ndlr sorte de beignet salé], et d’autre part,  pour avoir été témoin de la misère atroce dans ma ville natale ».

Savanette est l’une des communes du département du Centre, très riche en eau et disposant de terres agricoles très fertiles. Et pourtant, elle reste l’une des communes les plus pauvres du Plateau Central, dépourvue des services sociaux de bases en raison de son enclavement.  Et, cela ne date pas d’aujourd’hui. Étant enfant, Guerda a été victime comme toutes les autres personnes de sa génération. Ainsi, le cycle de ses études classiques a été partagé entre l’École Nationale de Claire Heureuse de Savanette et le Collège des Bachelier Haïtien de Port-au-Prince, faute d’infrastructures adéquates dans sa commune.

Convaincue de la nécessité de l’éducation dans l’évolution de la personne humaine, Guerda a fait dans un premier temps des études professionnelles en informatique et en communication publique. Décidée à mettre toutes les chances de son côté, la députée Alexandre entame aujourd’hui des études universitaires dans le domaine des sciences juridiques. « Je veux rattraper ce que je n’ai pas pu m’offrir dans ma jeunesse faute de moyens économiques », dit-elle avec conviction.

Elle ne souhaite pas en rester là. En tant que témoin de la pauvreté de sa commune en termes d’infrastructures et de services en général, Madame  Benjamin Alexandre s’attribue le devoir « de rectifier le tir ».  Et,  la meilleure façon pour elle d’y arriver est de se lancer dans la politique.  Un choix qui n’a pas été de tout repos.

Guerda Bellevue Benjamin Alexandre, communément appelé députée Guerda par ses pairs, est mère de deux enfants. Elle fait partie des femmes croyant dur comme fer dans la famille et l’éducation. De ce fait, elle a entrepris des démarches qui ont permis à plusieurs jeunes d’aller à l’école et de poursuivre leurs études supérieures à travers des bourses d’études.

 L’air décidé, elle profite de la période où l’on rend hommage aux femmes (Mars –Avril) pour lancer un appel aux femmes haïtiennes en leur demandant de se ressaisir. «J’invite les femmes à penser à la famille. Car, je sens venir un fléau qui tend à déstabiliser les foyers, ce qui ne manquerait pas de grossir le taux de la délinquance juvénile », s’inquiète l’élue de Savanette. Selon elle, seules les familles responsables et soudées ayant des femmes comme « poto mitan » [Ndlr le pilier en français] pourront faire face aux conséquences

 

Fabienne Viltus