Haïti : Ban Ki-moon exprime sa solidarité aux familles touchées par le choléra

15 juil 2014

Haïti : Ban Ki-moon exprime sa solidarité aux familles touchées par le choléra

 Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH

Jamais Los Palmas, localité située à 25 minutes de route de Hinche, n’a vécu d’évènement aussi grandiose. Le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), Ban Ki-moon a visité cette localité le 14 juillet 2014, où il a lancé une campagne nationale d’assainissement et d’hygiène, en compagnie du Premier ministre, Laurent Lamothe. 

A 14 heures, cinq hélicoptères sont déjà sur le sol de Los Palmas. Des véhicules marqués de l’acronyme onusien se suivent et se dirigent vers cette plaine du village, transformée en piste d’atterrissage.

A 14 heures 40, un autre hélicoptère se pose. Les occupants, une vingtaine de hautes personnalités haïtiennes et onusiennes descendent, les unes après les autres.

Alors, la foule découvre un Secrétaire général de l’ONU d’une modestie frappante. Une modique paire de chaussures, un pantalon bleu marine et une légère chemise blanche, symbole du deuil qu’il porte en solidarité avec les familles affectées par le choléra en Haïti.

Silence absolu ! L’heure n’est pas à la réjouissance. Néanmoins, des applaudissements timides pour accueillir le chef de l’ONU, qui cache sous la casquette bleue, un vissage serrée d’émotion. Il traverse une foule composée en majorité des femmes et des enfants sur le visage de qui se lit la douleur.

Soutien moral

« Ce jour-là, le 11 novembre 2010, le choléra a tué ma mère et mon père », chuchote Pierre Noëlle, 22 ans, venue de la sous-section communale de Jacob. Une autre femme ajoute que l’épidémie a fauché sa tante et sa sœur cadette. Dans cette triste ambiance, la délégation prend la direction d’une famille éplorée, celle des Prospère, composée de 10 personnes.

Le cholera y a emporté deux membres. La femme est décédée à l’hôpital, et la mère lors de son transport vers un centre de sanitaire. « Ils sont tombés malades, nous les avons transportés à l’hôpital, et là-bas nous avons appris qu’ils souffraient du choléra », se souvient Emanie Pierre, de la famille Prospère.

Dans la discrétion, le Secrétaire général de l’ONU, accompagné de son épouse et du Premier ministre, Laurent Lamothe, apporte son soutien moral à cette famille installée non loin du lieu de la cérémonie. « Il [Ban Ki Moon] nous a rassurés qu’il fera tout pour aider à éliminer la maladie », déclare la dame, visiblement soulagée par cette visite. La rencontre entre la délégation onusienne et les familles affectées s’est tenue dans la cour, à l’ombre d’un arbre et sur des chaises en paille.

L’un des représentants des populations rappelle les moments tristes de l’épidémie, notamment ce jour mémorable de 2012 où 27 cas ont été enregistrés en un jour. Puis, 168 personnes des deux communautés devaient en mourir dans l’espace deux mois.

Chez les Prospère, comme au centre communautaire, Ban Ki-moon a partagé combien il ressentait les souffrances endurées par les familles. « Rien de ce que je dirai aujourd’hui ne pourra apaiser le désespoir qui accompagne la perte d’êtres chers. Je suis ici aujourd’hui avec ma femme pour vous dire que je partage votre peine. Étant nous-mêmes père et grand-père, mère et grand-mère, nous sommes affligés par la souffrance que vous avez dû endurer  », a-t-il déclaré.  

Engagement de l’ONU

Mais il ne s’est pas contenté pas de compatir. « Je tiens à vous assurer que l’Organisation des Nations Unies et ses partenaires sont fermement attachés à mettre un terme à l’épidémie dans les meilleurs délais. Nous faisons des progrès et nous allons continuer de mobiliser toute notre énergie pour libérer Haïti de la maladie », assure-t-il.

La Plan national pour l’élimination du choléra, lancée en 2012, conjointement par le gouvernement et les Nations Unies en vue d’éliminer le choléra nécessite un budget de 2,2 milliards de dollars américains sur dix ans. Sur le terrain de la lutte, des acteurs comme l’Unicef mènent depuis un an de sensibilisation pour susciter chez les familles le besoin de disposer de latrines et de traiter toute eau de boisson, avant sa consommation.

« Nous avons ciblé Los Palmas et Jacob, dans cette première phase du fait de leur vulnérabilité aux maladies liées à l’eau », confie Moustapha Niang, Responsable Wash chez l’Unicef. 20 communes sont ainsi concernées dans cette phase préliminaire.

« L’Unicef se réjouit de la prise de conscience des familles qui ont construit elles-mêmes leur latrines pour que les matières fécales ne contaminent pas l’eau et les aliments. Nous allons maintenir l’effort pour que les communautés ne retombent pas dans la situation de 2012 qui a rendu inévitable l’apparition du choléra », poursuit Niang.

Le programme mis en œuvre par l’Unicef et World vision à Jacob et Los Palmas et qui sert de cadre à l’évènement cible 1500 familles, soit 12 000 bénéficiaires. Ce programme a servi de base au lancement de la campagne d’assainissement total, sur une période de cinq ans, avec un budget de 200 millions de dollars.  

 

Antoine Adoum Goulgué-UNpol/MINUSTAH