L’édition 2012 du carnaval s’achève, après avoir mobilisé des centaines de milliers de personnes pendant plusieurs jours. Et, décentralisation oblige, la ville des Cayes (département du Sud) a accueilli, pour la première fois, du 19 au 21 février, la plus grande fête populaire haïtienne précédée de quelques jours celui qui s’est déroulé à Jacmel. Pour nombre de participants, le succès a bel et bien été au rendez-vous.

C’est sous le thème, « ayiti ap dekole, okay pran devan » (Haïti décolle, Les Cayes en avant) qu’a eu lieu la présente édition du carnaval. Et ils étaient des centaines de milliers  venus de tous les coins d’Haïti, mais aussi de la diaspora à s’être retrouvés aux Cayes pour marquer ces festivités dans une ambiance à la fois vivante et pacifique, plantée dans un décor de rêve,  fort riche en couleurs.

Pour les organisateurs, ce carnaval s’est inscrit dans le cadre du processus de décentralisation du pays, l’initiative devant permettre de lancer la ville des Cayes sur le plan touristique en mettant en valeur tous ses potentiels artistiques et culturels.

Ont répondu à l’appel, 18 groupes musicaux, parmi lesquels les stars des différentes tendances de la musique haïtienne dont 5 groupes des Cayes et un des Coteaux, ainsi que 11 chars allégoriques, 14 bandes à pieds dont 3 de Port-au-Prince, une dizaine d’écoles de danse des Cayes et 5 troupes de théâtre. Egalement de la partie, le groupe de rara "Vodoula", constitué exclusivement de femmes musiciennes, qui y a honorablement représenté la gent féminine.

Tous ont su conquérir le public avec des chorégraphies originales et /ou traditionnelles, au rythme du « méringue carnavalesque ». Dans la foulée, des  anciennes danses haïtiennes telles le petro, le nago, le kongo, le rada, le bese pise, le kwaze riban et le kwaze le 8, présentées par des troupes arborant des masques représentant diverses espèces du monde animal.

Le carnaval 2012, c’était aussi des jeunes déguisés en nombre de chefs d'Etat qui se sont succédés en Haïti, sans oublier les chars allégoriques sur lesquels l’on pouvait apprécier les prestations chorégraphiques des « rois et reines » habillés à l’haïtienne et représentant différents secteurs de la vie nationale, tels la présidence -qui symbolisait les 5 E (Education, Environnement, Etat de Droit, Emploi et Energie). Une initiative du gouvernement et du secteur privé des Cayes -qui présente la mer et ses richesses-, ou la Mairie des Cayes, mettant en valeur la culture du vétiver pratiquée dans certaines communes du département.

« C’est une réussite totale, surtout lorsqu’on voit des enfants de bas âge capables d’exécuter avec beaucoup de naturel des chorégraphies complexes, mais surtout à cause du climat de sécurité qui a régné pendant toute la période des festivités », a annoncé,  visiblement ravi, Bonhomme Jude, animateur à la Chaine 7, une télévision locale.

La satisfaction est également au rendez-vous chez l’ex-ministre de la Culture et de l’Information, Marie Laurence Jocelyn Lasègue. « Je me réjouis parce que je suis sudiste, mais surtout fière de voir Les Cayes en train de revitaliser les belles chorégraphies haïtiennes et surtout mettre en valeur les troupes de danse dans un défilé carnavalesque hors du commun », a-t-elle dit.

Hormis ses  retombées économiques pour les hôteliers,  les restaurateurs, les chauffeurs de taxi moto, les marchandes des plages, les marins, les agriculteurs, les ménages, etc., la présente édition du carnaval aura essentiellement permis d’améliorer certaines infrastructures  de la ville des Cayes, comme l’asphaltage de la route de Gelée et de la Rue du peuple, la réhabilitation de la Grand-rue, l’aménagement du site retenu pour les festivités, la réparation par l’Electricité D’Haïti (EDH) de son réseau local -qui a permis d’illuminer complètement la ville-, ainsi que  le nettoyage des plages de Gelée, de Lislet et de la Tourterelle.

Le ministre de la Culture, Pierre Raymond Dumas, s’est félicité de la façon dont s’est déroulé le carnaval national des Cayes et soutient qu’ « avec le président Michel Martelly, il est possible de transformer des utopies en réalité ».

Au départ était le carnaval de Jacmel…

Le coup d’envoi du carnaval 2012 a été donné une semaine auparavant, à Jacmel (Sud-Est). En effet, réputée pour son passé historique et culturel, la ville de Jacmel a connu, pour la  20^ème fois, un week-end d’effervescence, avec un flux important de touristes haïtiens et étrangers.

Le décor était planté depuis l’entrée principale de la ville, notamment les avenues la Liberté et Barranquilla, le long desquelles étaient érigés les stands des officiels et des grands noms du commerce haïtien, attirant ainsi de nombreux visiteurs.

Au menu, plusieurs dizaines de « groupes masqués », des « bandes à pieds » et des orchestres du pays, qui, tour à tour, ont servi au public diverses prestations artistiques. Etaient aussi de la partie, des marionnettistes français aidés de quelque 25 artistes haïtiens.

Le président de la République, Michel Joseph Martelly, accompagné de quelques membres de son gouvernement avaient aussi pris part à cette célébration, qui comme celle des Cayes, s’est déroulée sous l’œil avisé d’agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH).

Rédaction : Jean Kechnord Edmond & Patrick Mackintosh

Edition : Uwolowulakana Ikavi