Histoire à succès : 185 jeunes de Cité-Soleil formés dans différents métiers

16 mar 2017

Histoire à succès : 185 jeunes de Cité-Soleil formés dans différents métiers

Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH

Formés après dix mois de cours théoriques et pratiques, sous la tutelle des professeurs de l’Institut national de formation professionnelle (INFP) dans huit filières de formation : coupe et couture, cosmétologie, maçonnerie, pêche, pâtisserie, mécanique, cuisine et ferronnerie, ces jeunes issus de  Cité Soleil se disent mieux armés pour affronter l’avenir avec confiance et dignité.

Estrela Fildor, lauréate de la promotion, qui s’est exprimée au nom de ses camarades a exprimé sa fierté d’avoir aujourd’hui un métier qu’elle peut exercer dignement. « Cité Soleil peut offrir une autre image avec des jeunes qui prennent la voie du changement. Nous sommes fiers de pouvoir disposer dorénavant d’un outil qui nous permettra de gagner dignement notre vie », a-t-elle déclaré.

Avec le slogan « Apprendre pour mieux affronter la vie », ces jeunes se disent déterminés à démarrer une nouvelle étape de leur vie remplie d’espoir.

Le Ministre de l’Education Nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) qui présidait la cérémonie, a  salué la réussite de cette collaboration entre la Pan American Development Foundation (PADF), la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haiti (MINUSTAH) et le MENFP, à travers l’INFP, qui a permis à ces jeunes de mieux s’orienter vers le marché du travail et s’inventer une nouvelle vie.

Le projet titré : « Femmes et jeunes en situation de vulnérabilité : mise en œuvre d’un modèle communautaire d’autonomisation socio-professionnelle », a eu en effet l’appui du PADF et de la section Réduction de  la violence communautaire de la Mission des Nations unies pour la stabilisation d’Haïti.

Ceci ne peut avoir que des incidences positives sur leur famille, la communauté de Cité-Soleil et dans une certaine mesure sur toute la société haïtienne, a affirmé le ministre Nesmy MANIGAT, satisfait de la démarche d’encadrement de l’Etat à ces jeunes avec l’appui de ses partenaires.

« Cité Soleil n’est pas seulement ce lieu de désordres à répétition. C’est aussi et surtout un milieu où il existe des jeunes qui veulent préparer leur avenir », a souligné le Ministre.

 

Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH

Le ministre de l’Education nationale a insisté sur la nécessité d’offrir à ces jeunes l’opportunité de  mettre en pratique les notions théoriques acquisses, soit à travers l’insertion professionnelle, soit à travers des canaux d’accompagnement financier pouvant leur donner la possibilité de créer leur propre entreprise. Il a donné la garantie que l’Etat sera au rendez-vous tout en demandant aux partenaires de la communauté internationale d’en faire de même.

Rappelant l’importance du secteur de la formation professionnelle dans la  réforme de l’éducation haïtienne engagée à travers les 12 mesures, le numéro Un du MENFP a souligné les bienfaits de l’approche formation par compétence et de la stratégie de la valorisation des acquis de l’expérience permettant de placer dans un temps record de meilleurs techniciens sur le marché du travail.

La Secrétaire d’État à la Formation professionnelle, Mme Marina Gourgue a, de son côté, appelé les récipiendaires à œuvrer en vue de créer leur propre entreprise et/ou des activités génératrices de revenus.

L’Ambassadeur Daniel Supplice, parrain de la promotion a, pour sa part, mis l’accent sur la nécessité pour l’État haïtien, de continuer à élaborer des politiques publiques visant la formation de la jeunesse, tout en invitant les jeunes à s’intéresser à l’éducation et à la formation professionnelle, au lieu de s’adonner à la délinquance et à l’oisiveté.

Se félicitant de leur engagement à côté de l’Etat Haïtien, les représentants de la PADF et de la MINUSTAH, respectivement Nadia Cherrouk et Ian Rowe, qui se disent fiers, ont souligné la portée d’une telle cérémonie qui ouvre de nouvelles portes, loin de la délinquance, pour ces jeunes.” 

La cérémonie de graduation s’est déroulée le jeudi 26 février 2015 au Palais municipal de Delmas, en présence du titulaire du MENFP, M. Nesmy MANIGAT qui salue une autre image positive de la commune de Cité Soleil avec la disponibilité de ces jeunes qui veulent gagner leur vie dans la dignité et le respect.

Bureau de presse du MENFP

 

Deux (2) ans après, que sont-ils devenus ?

Quelques exemples de réussite, de réinsertion socio-économique dans la vie des Jeunes formés par la PADF avec le financement de la MINUSTAH.  Ils (Elles) en témoignent :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  1. Lydia Belange

Option : Cuisine et Pâtisserie

 

 

 25 ans, habitant de 3ème Cité Lumière, Philo au Collège Mixte Joseph Hervé à Sarthe

Lydia vis avec sa mère et ses 5 frères et sœurs. Elle a monté une petite entreprise de service traiteur avec  un groupe de 5 jeunes  filles issues de la même promotion qu’elle. Depuis la graduation en janvier  2015, le groupe a organisé 5 réceptions de mariages à Marin, Cité Soleil à Léogâne, entre autre. Les dividendes servent à l’acquisition de matériels et les uniformes. « Je voudrais monter un restaurant à Sarthe avec mes partenaires», confie-t-elle.

 

Estralia Phildor, Option : Coupe féminine

 

26 ans, en couple, 2 enfants, habitant Bois neuf, Cité Soleil

Le quotidien de Estralia Phildor, la Lauréate de la promotion des gradués de janvier 2015 est difficile à cause de l’insécurité. Habitant bois neuf, ses journées sont rythmées par les rafales d’armes automatiques de gangs qui s’affrontent.  A la question comment va Bois neuf, elle répond, laconique «  il est en guerre ». Malgré les vicissitudes elle est confiante en des lendemains moins dangereux. Cette situation de terreur plombe ses activités qui pourtant étaient en plein essor. «  J’avais beaucoup de commande avant mais les gens ont laissé la zone. D’autres clients ont peurs de venir passer leurs commandes à Cité Soleil. Mais je ne vais pas me décourager pour autant ». Elle confie que grâce à cette formation, malgré tout elle parvient à tirer son épingle du jeu. L’argent gagner grâce à la confection d’uniforme pour la rentrée des classes lui a permis de payer l’écolage des enfants.  

 

Adler Aimé, Option : Mécanique moto

 

28 ans, Cité Soleil, Rue Volcy. En couple, 2 enfants Rhéto

Ancien chauffeur de taxi moto, Adler Aimé voulait faire autre chose. «  Je faisais ce boulot par nécessité. Je ne l’aimais pas. Il était dangereux de surcroit ». L’occasion de changer de vie s’est présentée à lui grâce à cette formation en mécanique moto. «  C’est une aubaine. J’ai toujours du travail. Parce que j’étais déjà dans le milieu j’ai une clientèle fidèle ». Il a monté un garage avec 4 étudiants. Les choses vont bon train confie-t-il. Il parvient à prendre soin de sa famille grâce à ses rentrées. 

 

Majeur Eunide, Option Maçonnerie

 

28 ans, Fourgy, Cité Soleil

La vie n’a pas été clémente envers Eunide. Cette jeune dame est victime dans sa chaire et son esprit de la violence qui caractérise Cité Soleil. Avant d’habiter Fourgy elle vivait à bois neuf. Sa capacité à surmonter les épreuves que lui impose la vie est phénoménale et c’est ce qui a forgé son caractère.  Véritable touche à tout elle a appris la maçonnerie. «  Si un homme peux le faire, je le peux aussi » martèle- elle. Forte de ses connaissances elle a construit avec l’aide de ses amis sa propre maison. Elle travaille sur des chantiers de temps en temps et  rêve de transmettre ses connaissances à d’autres jeunes.  Elle dirige actuellement un Centre de Formation Professionnelle à Cité Soleil transmettant ainsi son savoir à d’autres jeunes filles et garçons. 

 

Zamor Kerley, Option : Plomberie

 

 

22 ans, Martissant

Zamor Kerley ne rêve que de laisser le pays dès que l’occasion se présenterait. « isit se mizè map pase, m pral St Domeng » dit –elle, dégoutée malgré sa formation académique.. Elle explique que les raisons de son dégoût sont nourries par l’insécurité chronique et la famine. La jeune fille vis chez ses parents à la route des Dalles. Elle a eu son certificat en Plomberie, ce qui a changé sa situation socioéconomique. Elle espère progresser davantage en formation pour pouvoir exercer valablement sa profession. 

 

Charles Bernanie, Option : Électricité bâtiment

 

22 ans, Cité Soleil/ Plaine du Cul-de-Sac, en couple,  2 enfants

Charles Bernanie travaille comme opératrice dans une factory à Tabarre 27 avec sa formation en électricité bâtiment.  Elle est en quête de formation additionnelle pour parfaire sa connaissance.  En attendant, elle suit  des cours en genre et savoir vivre.  

 

Sauvagère Mackendy

Option Carrelage

26 ans, Belair

Mackendy Sauvagère vis au sein d’une fratrie de 6 enfants du côté de sa mère à Bel-Air et « beaucoup plus d’enfants du côté de son père », confie-t-il.  Ce jeune homme a toujours voulu apprendre un métier pour pouvoir s’occuper de sa mère et de ses sœurs. Grâce à l’aide d’un oncle prêtre (décédé il y a quelques années) et du commerce de sa maman il est parvenu en 8ème secondaire. « J’étais heureux d’apprendre un métier parce que je sais que c’est une étape primordiale de ma vie si je veux aller de l’avant ». Au départ il souhaitait apprendre l’électricité bâtiment. Pourtant, après le test d’orientation il a démontré plus d’aptitude pour le carrelage.  Il s’est mis au travail et a décroché son certificat. Peu de temps après il s’allie avec trois (3) autres bénéficiaires et obtient son premier contrat dans un atelier à Bel-Air «  Une Ebénisterie m’a contacté pour l’ornement de tables en céramique parce qu’on savait que j’avais suivi des cours. J’ai signé un contrat pour trois mille (3,000.00 Gdes) gourdes. A ma grande surprise après la remise des travaux, le monsieur, très satisfait m’a donné 5 mille gourdes ».  Le huitième étage du ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales  porte aussi ses empreintes. En effet avec des amis ils ont pavé cette partie de l’immeuble de céramique. Aujourd’hui il est à l’affut de contrats et espère devenir ingénieur électricien. 

 

Saint Vistal Yolène

Option : Réfrigération, climatisation

 

 

22 ans, Grand Ravine/ Réfrigération-Climatisation

La mère  de Yolène s’occupe de la lessive chez les voisins pour prendre soin de ses 11 enfants et petits-enfants.  Ainée de cette grande famille, Yolène est consciente de sa lourde responsabilité. Malheureusement son cursus en réfrigération et climatisation mérite d’être approfondi, dit-elle. Malgré tout, elle trouve des stages et n’hésite pas d’accompagner ses amis pour travailler dans les chantiers.  Elle entretient également un petit commerce de vêtement grâce à l’initiative de mise en place des (TPE) Très Petites Entreprises financé par les fonds de la MINUSTAH.