Journée Mondiale de l’Environnement : Les Volontaires des Nations Unies font germer l’espoir à l’école de Corail-Cesselesse

4 juin 2012

Journée Mondiale de l’Environnement : Les Volontaires des Nations Unies font germer l’espoir à l’école de Corail-Cesselesse

Port-au-Prince, 3 juin 2012 - Des Volontaires des Nations Unies ont planté une centaine d'arbres dans la cour de l’Ecole Nationale du site de déplacés de Corail-Cesselesse, à Port-au-Prince, dimanche 3 juin. Organisée en prélude à la Journée Mondiale de l’Environnement célébrée tous les 5 juin, l’activité visait à rendre hommage au Prix Nobel de la Paix 2004, Wangari Maathai, et diffuser la philosophie de l’environnementaliste kenyane auprès des écoliers haïtiens.

Journée Mondiale de l’Environnement : Les Volontaires des Nations Unies font germer l’espoir à l’école de Corail-Cesselesse
Photo : Jose Rendee Torres

A dix heures du matin ce dimanche 3 juin, malgré le soleil de plomb et les bourrasques de vent chargées de poussière, la cour de récréation de l’Ecole Nationale du site de Corail-Cesselesse est en chantier. Vêtus d’un T-shirt blanc siglé du logo de la Journée Mondiale de l’Environnement, une cinquantaine de Volontaires des Nations Unies (VNU) accompagnés de parents d’élèves, d’écoliers en uniforme, de professeurs et de Casques bleus de la MINUSTAH creusent le sol caillouteux de la cour et plantent à la chaine manguiers et amandiers en rangées espacées. Accroupie, les mains dans la terre caillouteuse, la cantinière de l’école, Mandat Bénita est hilare. «  Je plante pour la vie ! », lance-t-elle. «  Sans arbres, la pluie ne tombe pas. Quand il pleut ailleurs il ne pleut pas ici à Corail car nous n’avons pas d’arbres », regrette cette mère de huit enfants qui habite dans un des 1200 abris provisoires construits en avril 2010 sur ce grand terrain aride pour accueillir les déplacés du séisme du 12 janvier. Avec les jeunes plantes, Bénita espère avoir « des fruits à manger, de l’ombre, pouvoir s’asseoir sous les arbres et se détendre ». Plus loin, Rudy, 13 ans, saisit à deux mains la jeune plantule pour la poser doucement sur du compost dans un trou fraichement creusé. « Moi je voulais participer parce que c’est mon école ! » sourit-il. « C’est difficile de jouer dans la cour sous le soleil. Ces arbres vont nous amener le changement ! »

Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la couverture forestière en Haïti est passée de 20% au début des années 80 à moins de 2% aujourd'hui. Une situation qui a poussé un groupe de VNU kenyans à se mobiliser à l’occasion de la Journée Mondiale de l’Environnement. Portés par la philosophie de leur compatriote le Professeur Wangari Maathai, Prix Nobel de la Paix 2004 pour son combat en faveur de la reforestation par les communautés, ils ont choisi cette école au sol aride et dépourvu d’arbres. En écho à la phrase célèbre de la fondatrice du ‘Mouvement de la ceinture verte’, « quand vous plantez des arbres, vous plantez les graines de la paix et de l’espoir », Jemimah Kiiru, une VNU kenyane de la MINUSTAH, s’est lancée dans ce projet afin, dit-elle, de « donner quelque chose en retour de mon expérience en Haïti, et d’inspirer les enfants pour qu’ils apprennent l’importance de planter des arbres, pour donner de l’ombre, mais aussi préserver l’environnement et le climat ».

Pour Boyer Sansoir, le directeur de cette école publique qui accueille 1139 élèves de la 1ere à la 9ème année, c’est un « événement inoubliable ». « Depuis l’inauguration de l’école [le 11 janvier 2011] nous n’avions aucun arbre sur la cour », explique t-il. « Vivre ici à Corail sans arbres c’est vivre dans un désert. Quand la cloche de la récréation sonne, plutôt que de jouer ou faire de l’exercice dans la cour, les élèves restent sous la galerie ou dans les classes car il y a trop de soleil ». Une situation que le fonctionnaire résidant sur place déplore. « Mais ces jeunes-là c’est l’avenir du pays ! » s’exclame t-il.

Après deux heures de travail, les plantules sont toutes en terre, leurs jeunes feuilles frissonnant déjà dans le vent de la plaine du Cul-de-Sac. S’adressant à la cinquantaine d’écoliers, de parents d’élèves et d’instituteurs qui ont travaillé aux côté des visiteurs, Boyer Sansoir les met gentiment en garde : « Traitez-les comme un ami que l’on visite souvent. Arrosez-les et respectez-les ! »  Organisé, il prévoit déjà de former des comités dans chaque classe pour entretenir les arbrisseaux et distribuer des primes aux groupes aux plus soigneux. Il voudrait aussi construire des gouttières pour récupérer l’eau de pluie pour l’arrosage, qui dépend pour l’instant de la livraison d’eau à l’école par une organisation non-gouvernementale. Entre-temps, les VNU vont reprendre le projet dès le mois de juillet avec la réfection de la bibliothèque, qui portera le nom de  Wangari Maathai, son approvisionnement en livres, la construction de bancs sous les arbres et l’organisation d’activités de sensibilisation sur les droits de l’homme et l’environnement, deux domaines chers à la Prix Nobel. Le sourire de l’activiste kenyane décédée en 2011 plane sur la cour de l’école. En écho à ce sourire connu des médias, celui du directeur de l’école qui a vu ce refuge aux victimes du séisme se transformer en une communauté organisée. « Corail est comme un petit village », dit-il. « C’est à ses habitants de travailler ensemble pour le transformer ».

 

Sophie Boudre