Protection de l’environnement en Haïti: la MINUSTAH s’implique

5 juin 2012

Protection de l’environnement en Haïti: la MINUSTAH s’implique

Dans le souci de limiter son impact sur l’environnement, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) a mis en place plusieurs initiatives originales. Mise en terre de plantules, recyclage du plastique et de l’aluminium, installation de lampadaires solaires ou production de biogaz, telles sont quelques-unes des initiatives en faveur d’une Haïti plus verte.


Protection de l’environnement en Haïti: la MINUSTAH s’implique


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Photo : Logan Abassi – UN/MINUSTAH

Selon un récent rapport du programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP), les 17 missions de maintien de la paix de l’ONU déployées dans le monde représentent la majorité de l'empreinte carbone du système des Nations Unies. En effet, de par leur taille et leur équipement, les opérations dont la MINUSTAH fait partie contribuent à l’émission de gaz à effet de serre propice au réchauffement climatique. Cependant, selon ce document intitulé ‘Verdir les casques bleus : environnement, ressources naturelles et opérations de maintien de la paix des Nations Unies’, des exemples de bonnes pratiques environnementales ont vu le jour dans le secteur, notamment depuis l'adoption, en 2009, d’une politique environnementale au sein du Département des opérations de maintien de la paix.

Et la MINUSTAH n’est pas en reste. Pour Kevin Kennedy, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l’ONU en Haïti, « nous avons le devoir de trouver des solutions pour réduire notre impact, ainsi la Mission s’est engagée à faire partie d’une Haïti plus propre et plus verte. » Plus verte, avec la mise en terre de plus de 4,000 plantules autour des bureaux de la MINUSTAH dans le pays et dans les campements des Casques bleus depuis mi-2010 afin de lutter contre la déforestation, cause de nombreux dégâts pendant la saison des pluies. Plus propre, avec l’utilisation de l’énergie solaire, le tri sélectif et le recyclage au sein de la Mission et de ses contingents.
Par exemple, la Compagnie sud-coréenne de génie militaire (ROKENCOY) utilise des microorganismes pour traiter l’eau des déchets humains, et a installé 25 lampadaires solaires dans son camp à Gressier. Le Bataillon brésilien (BRABAT 1), lui, recycle les produits plastiques, papier, et aluminium à travers un projet intitulé ‘zéro déchets’ et pilote aussi un projet de compostage. Enfin, depuis 2007, plus de 170,000 gallons d’huile de vidange usagée provenant de la MINUSTAH à Port-au-Prince ont été récupérés par une entreprise locale pour la fabrication d’huiles essentielles en Haïti. Idem pour plus de 15,000 pneus et 650,000 kg de métaux et pièces électroniques qui ont été recyclés ou réutilisées par l’entreprise depuis 2008. Et depuis un an, deux entreprises Haïtiennes récupèrent les cartons, cannettes d’aluminium et bouteilles en plastique qui sont compactées sur place et envoyées pour être recyclées en Chine et en Inde. Ces projets pilotes sont actuellement en cours de développement dans les autres départements d’Haïti où siège la MINUSTAH.

Montrer l’exemple

Au-delà de ses installations propres, la MINUSTAH a intégré la préservation de l’environnement dans plusieurs de ses projets en faveur des Haïtiens. Par exemple, hormis l’utilisation de l’énergie solaire dans certains camps de Casques bleus, plus de 480 lampadaires solaires ont été installés à date en Haïti par les sections des Affaires Civiles et de Réduction de la Violence Communautaire, et 182 autres sont en attente.
Les 1,290 soldats des contingents de génie militaire de la Mission contribuent aussi à la construction de canaux et la réhabilitation d’importantes ravines afin de faciliter l’évacuation des eaux et de prévenir les inondations. Enfin, depuis 2007, la Section de la Réduction de la Violence Communautaire de la MINUSTAH a employé près de 74,000 habitants de quartiers vulnérables pour la construction de murs secs et la plantation d’arbres pour stabiliser les sols dans les bassins versants de plusieurs villes du pays.

Du biogaz à Cité Soleil

Afin de pousser plus loin les bénéfices économiques pour les communautés tout en préservant l’environnement, le Bataillon brésilien (BRABAT 1) de la MINUSTAH a mis en place un centre de production de biogaz à partir du traitement des déchets humains à Cité Soleil. Appelée Bio-digesteur, cette installation originale permet de transformer les excréments humains en méthane pour l’utilisation domestique et en engrais pour l’agriculture.

Installé au niveau du Bloc F du quartier Drouillard de Cité Soleil, le Bio-digesteur vise à trouver une réponse au manque de curage des latrines publiques desservant quelques 100 familles de la zone, qui finissaient par faire leurs besoins à l’air libre. Dans le cadre de ce projet, 8 toilettes ont été installées - desservant 5 à 6 familles chacune - sous un même toit à partir desquelles les excréments collectés dans un réservoir sont transformés par décomposition en biogaz. Une conduite amène ensuite le gaz ainsi produit dans une cuisine communautaire adjacente où les habitants de Drouillard peuvent préparer gratuitement leur repas. Dans un autre réservoir, le liquide provenant des toilettes est transformé en engrais susceptible de faire pousser des plantes.
Selon le Lieutenant Commander, Alexandre Pinheiro, chef-adjoint du Bureau de l’Information publique du contingent brésilien, un tel projet a aussi l’avantage d’« offrir une alternative à l’utilisation du charbon de bois pour la cuisson », l’une des principales causes du déboisement dans le pays.

Rédaction : Pierre Jérôme Richard
Edition : Sophie Boudre