La PNH accueillera-t-elle davantage de femmes gardes rapprochées ?

11 aoû 2016

La PNH accueillera-t-elle davantage de femmes gardes rapprochées ?

 

Sous un ciel ensoleillé, Paul Jean-Michel Marie Monna se place à cinq mètres face à une cible. Elle applique avec rigueur les techniques de tir qu’elle a apprises il y a quelques jours. Sur instruction des formateurs, elle manipule son arme avec dextérité. Le chargeur introduit dans le pistolet, elle effectue une demi-flexion, se concentre sur le guidon, puis elle fait parler la poudre autant de fois que demandé. C’était le 03 août au centre de tir de l’Ecole Nationale de Police lors d’une séance d’évaluation d’une formation des gardes rapprochées.

Depuis 2012, Marie Monna est mutée à la protection des bâtiments de la Primature et ne savait rien de la sécurité rapprochée. Membre de la 21e promotion de la PNH, Monna demeure au grade premier. Cette spécialisation en sécurité rapprochée lui offre l’opportunité de développer sereinement sa carrière. Mariée et mère d’une fille, elle se sent néanmoins apte pour ce rôle souvent réservé aux hommes. « Nous sommes tous des gens. Si tu le fais, moi aussi je peux. Ma fille a 11 ans, elle est assez grande. Mon mari est un policier, il comprend. Il suffit d’avoir la volonté », dit-t-elle.

« J’entends souvent des policières se plaindre [je suis une mère, je dois m’occuper de mon bébé, je dois entretenir ma maison, je n’ai pas assez de temps pour apprendre] », reproche la coordinatrice des affaires féminines de la PNH, la Commissaire divisionnaire Marie Louise Gauthier. Mais, Monna ne semble pas rechigner à l’apprentissage. Elle n’a qu’un seul désir: « Si je pouvais, je passerai tout mon temps ici à apprendre à tirer, à écrire, à écouter. C’est super » s’exclame-t-elle à la fin de l’exercice. 

Elle manifeste sa joie d’avoir appris de nouvelles choses, notamment les techniques de protection rapprochée ainsi que le tir d’armes : « La sécurité rapprochée est une très belle chose mais qui demande beaucoup de tactiques, de force mentale et psychologie. L’agent doit savoir quoi faire en cas d’attaque, au moment où le VIP se déplace, au moment où il monte dans sa voiture…», énumère-t-elle avec fierté.

La formation a regroupé trente agents venus de la primature en vue de les certifier comme membre de la garde rapprochée. Elle est en cours et est animée par 12 instructeurs de la PNH fraîchement formés par des spécialistes de la MINUSTAH entre le 20 et le 23 juillet 2016.

Edouard Bolivard, l’un des nouveaux instructeurs, révèle que peu de gardes haïtiens sont qualifiés. Ils ont parfois des comportements dangereux. « Lorsqu’un garde rapproché marche derrière le VIP qu’il est censé protéger ou tient un sac d’une main, ce n’est pas efficace. C’est pourquoi ces agents devraient être formés au préalable » conseille-t-il.

Marie Monna espère faire partie de la vingtaine d’agents qui seront certifiés à la fin de l’évaluation pour intégrer la sécurité rapprochée d’une personnalité d’Haïti, pourquoi pas celle du premier Ministre.

 

Antoine Adoum Goulgué UNPOL/PIO