Le 188, un numéro d’urgence pour l’enfance maltraitée

19 juin 2012

Le 188, un numéro d’urgence pour l’enfance maltraitée

Lancé officiellement le 14 mai 2012, le 188 est le numéro d’urgence mis à disposition par la Brigade de Protection des Mineurs (BPM) de la Police Nationale d’Haïti, dans l’objectif de venir en aide aux enfants victimes de violences. Ce numéro qui devrait fonctionner 24h/24 et 7 jours sur 7, est une initiative du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) de concert avec l’Unité de Protection de l’Enfance de la MINUSTAH.

Le 188, un numéro d’urgence pour l’enfance maltraitée

Photo : Srdan Slavkovic– UN/MINUSTAH

Dans une petite pièce située à l’entrée de la BPM, en face de la Direction Centrale de la Police Judiciaire à Tabarre (Port-au-Prince), une secrétaire prend les appels de la nouvelle ligne d’urgence pour l’enfance maltraitée. Affectée au modeste centre d’appel de la BPM, composé de deux téléphones connectés à la ligne gratuite 188, elle note sur une fiche les doléances de ses interlocuteurs, avant de les transmettre à son supérieur dans le bureau d’à côté. De 16h00 à 8h00 du matin, c’est un agent de la Police Nationale d’Haïti (PNH) qui prend le relai pour la permanence de nuit.

« On reçoit en moyenne une douzaine d’appels par jour, le plus souvent pour des cas de viols sur mineurs et de vols», explique le Chef du Personnel de la BPM et Responsable des mineurs en conflit avec la loi. L’Inspecteur Guerson Joseph souligne cependant que certains appels que reçoit la BPM sont de fausses alertes, voire des demandes d’emploi. Mais opérationnelle seulement depuis un mois, la ligne en est à ses débuts, tempère-t-il, optimiste.

A chaque appel, la réceptionniste note au stylo sur une fiche d’enregistrement des appels, la date, l’heure, la zone et les circonstances de l’incident tels que rapportés par son interlocuteur. Elle remet ensuite ces informations à l’Inspecteur Guerson Joseph qui, selon la nature du cas rapporté (viol, vol ou violences…) décidera d’envoyer une équipe composée de policiers de la BPM et d’agents civils sur le terrain pour, le cas échéant, porter secours à l’enfant en difficulté.

Pour l’Inspecteur Joseph, le 188 est porteur d’espoir. « Depuis l’ouverture de la ligne, nous avons déjà résolu 9 cas qui nous avaient été rapportés à partir du 188 ». Le plus souvent, poursuit le responsable, ce sont des voisins qui appellent pour secourir un enfant subissant des violences de la part d’un adulte. L’Inspecteur affirme que ce numéro d’urgence permet à la BPM de mieux protéger les enfants. « Le 188 allège notre tâche puisqu’il nous permet de coordonner avec nos différentes cellules – qui sont un peu partout à travers le pays – en un laps de temps beaucoup plus court pour faire le suivi sur le terrain », explique-t-il, poursuivant qu’avant cela, c’étaient les parents ou encore les victimes elles-mêmes qui venaient au local de la BPM porter plainte.

Selon Géraldine Alféris, de l’Unité de Protection de l’Enfance à la MINUSTAH, la création du numéro d’urgence visait à l’origine à « donner une réponse aux problèmes auxquels faisaient face de nombreux enfants haïtiens, rendus encore plus vulnérables après le séisme du 12 janvier 2010 ». En effet, poursuit-elle, les enfants ayant perdu un ou leurs deux parents dans la catastrophe sont les premières victimes de la traite et du trafic d’enfants.

Une des branches de la PNH rattachée à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), la BPM, qui a vu le jour le 23 mai 2003,  est constituée d’une équipe de 24 policiers et de 25 agents civils. Sa mission est de protéger les enfants contre toutes formes d’abus ainsi que de la traite et du trafic, notamment le long de la frontière haïtiano-dominicaine où elle dispose d’une présence permanente. Au total, la Brigade dispose de trois agents à Malpasse (Ouest), deux à Anse-à-Pitre (Sud-est), deux à Belladères (Centre) et deux à Ouanaminthe (Nord-est).

Rédaction: Jonas Laurince

Edition: Sophie Boudre