Le cancer : un problème urgent de santé publique en Haïti

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4 fév 2015

Le cancer : un problème urgent de santé publique en Haïti

Photo :Nektarios Markogiannis - UN/MINUSTAH Photo :Nektarios Markogiannis - UN/MINUSTAH

Si au niveau mondial le cancer est un problème sérieux de santé, « en Haïti, c’est un problème urgent de santé publique », estime le Dr Jean Ronald Cornelly directeur du programme d'oncologie au Ministère de la santé publique et de la population, MSPP.

 

« Nous avons l’incidence la plus élevée, le taux de mortalité le plus élevé. Nous n’avons pas un programme structuré de dépistage. Les diagnostics sont tardifs, et nous n’avons pas à disposition de la population des méthodes modernes de traitement », ajoute le responsable qui annonce que les fonds ont été débloqués, le terrain est disponible, il ne reste plus qu’à démarrer la construction du centre national de cancérologie.

 

Sur l’échelle des causes de mortalité, les cancers de la femme, c’est-à-dire le cancer du col de l’utérus, suivi du cancer du sein, occupent « le plafond ». « Les femmes portent le plus haut fardeau du cancer » dans le pays, déplore le spécialiste. Les décès surviennent généralement entre 40 et 50 ans.

 

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Tenant compte du fait que la femme est le pilier de la famille en matière d’éducation et de transmission des valeurs, avec leur décès , il en résulte qu’un groupe de jeunes assez important manque de l’encadrement nécessaire et augmentent le taux de délinquance, avec les conséquences ‘’que nous subissons dans les rues actuellement’’, ajoute le médecin.

 

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Malheureusement les chiffres témoignant du taux national de malades du cancer ne sont pas disponible, la mise en place du registre national étant dans sa phase finale.
 

Cependant, selon le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) cité par le Dr Cornelly, Haïti a l’incidence la plus élevée par rapport aux statistiques régionales de la zone Amérique Latine et Caraïbes. Pour le cancer du col, le taux est de 93,2 pour 100.000 et le taux de mortalité est de 53 pour 100.000.
 

Le pays le plus proche d’Haïti dans le dit classement, le Nicaragua, a une incidence de 61,1 pour 100.000 avec un taux de mortalité de 28 pour 100.000. Haïti ayant un tiers de cas d’incidence de plus et près de 50 pour cent de cas de mortalité en plus que le pays ayant les taux les plus proche en matière de cancer du col ce qui est très préoccupant.

 

‘‘L’une des raisons à la base de cette situation est que “80% des femmes souffrant de cancer viennent à l’hôpital seulement quand la maladie est à un stade avancé”, déplore le Dr Vincent DeGennaro, chef de médicine interne pour le projet Medishare, à l’Hôpital Bernard Mevs, à Port-au-Prince, principal centre de traitement du cancer dans le pays.

 

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Si les statistiques pour le cancer du sein ne sont pas disponibles, le Dr Cornelly se réfère aux nombres de femmes qui vont au centre Bernard Mevs pour leur chimiothérapie pour se faire idée de la situation.

 
« Nous avons reçu plus de 135 femmes atteints de cancer du sein de juin 2013 à nos jours et nous réalisons des séances de chimiothérapie pour deux à quatre femmes chaque jour », chacune venant plusieurs fois recevoir son traitement durant toute la durée de la chimiothérapie soutient le Dr DeGennaro.

 

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Et la maladie ‘’se rajeunit’’ en touchant de plus en plus les jeunes de 25 ans, note encore le Dr Cornelly. Pour lui c’est « catastrophique et on doit prendre des mesures de santé publique », en accentuant par exemple la sensibilisation et le dépistage.
 

Grace à un support de l’OMS et d’autres partenaires, le MSPP envisage de vacciner contre le cancer du col les adolescentes et les jeunes femmes âgées entre 10 et 26 ans qui seraient environ 2.500.000.

 

C’est aussi, dans le cadre des initiatives visant à lutter contre le cancer que le MSPP avec le support de l'Université de Floride et le Project Medishare a organisé à la fin du mois dernier une formation intensive de trois jours sur le cancer en faveur de 50 membres du personnel médical haïtien en provenance des 10 départements géographiques du pays, à Port-au-Prince.
 

Au cours des trois jours, les 20 médecins et 32 infirmières ont été instruits sur les protocoles de soins au cancer incluant le diagnostic, le traitement et la chirurgie au niveau des seins, du col utérin, de la prostate et celui associé au VIH / SIDA.
 

 

Rédaction : Pierre Jérôme Richard

 

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