Le Centre d’Ecoute de Cité Soleil : le rayon de lumière de la Cité

20 avr 2017

Le Centre d’Ecoute de Cité Soleil : le rayon de lumière de la Cité

Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH

À la ruelle Croix bleu de Cité Soleil, les marres d’eaux boueuses ainsi que les tonnes d’ordures malodorantes laissées par les averses de pluie de la veille sont montées à plus de 30 centimètres. Ce qui aujourd’hui, rend l’accès de cette artère plus difficile que d’habitude même pour les véhicules. C’est cet environnement qui a servi de cadre d’accueil à  Susan D. Page, Représentante Spéciale adjointe du Secrétaire général (Etat de droit) de la mission des Nations Unies en Haïti, qui a visité, pendant la période pascale, le « Centre d’Ecoute » de Cité Soleil.

Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une prise de connaissance des projets supportés par la section de Réduction de la Violence Communautaire (CVR) de la MINUSTAH, notamment le projet « Konbit Pou Pwoteksyon Fanm nan Site Solèy/ Combite pour la protection des Femmes à Cité Soleil (en français) ».

Dénotant l’engouement de la population bénéficiaire des actions du projet, nonobstant les difficultés d’accès liés à l’état de la route, le numéro deux de la MINUSTAH se dit très satisfaite. « Moi, je trouve que le soutient de CVR ainsi que l’aide des autres partenaires étaient très  importants. J’ai vu les activités, j’ai parlé avec les femmes, les enfants, j’ai vu combien ils étaient content d’être là, le centre était rempli …», affirme Susan D. Page. Plus loin, elle a renouvelé la volonté des Nations Unies de continuer, dans la limite de ses moyens, à appuyer ces types de projets. 

En effet, le « centre d’écoute  de Cité Soleil » est non seulement un lieu où les  femmes et les enfants peuvent trouver un appui psychosocial, mais aussi  un espace de recréation et de détente. Il y existe une ambiance d’entraide et de convivialité entre les visiteurs. L’atmosphère suscite la créativité chez les uns comme les autres ainsi que la détermination de combattre la violence sous toutes ces formes.

Photo : Fabienne Viltus- UN/MINUSTAH

Aussi, les habitués  du Centre ne se laissent pas intimider par l’état de la route. Quand il s’agit de participer aux activités d’AVSI, ils mettent les pieds dans l’eau. « Je ne pouvais pas m’empêcher de venir car AVSI  a changé ma vie », témoigne Mirlène Dorilas, l’une des femmes bénéficiaires de l’appui psychosocial. Âgée d’une trentaine d’années environ, Mirlène avoue devenir une meilleure maman grâce au centre.

 

AVSI, (Association des Volontaires pour le Développement International), est une ONG espagnole qui est présente en Haïti depuis 1999. Ces interventions à Cité Soleil, notamment depuis 2004 touchent plusieurs axes tels que : la protection de l’enfance et l’éducation, la réinsertion sociale et la réduction de la violence communautaire, des activités génératrices de revenus et la promotion des droits des femmes.

Aussi, la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH),  dans le cadre de son mandat d’appui à  l’état haïtien pour le renforcement de la gouvernance locale et de l’état de droit, a cofinancé le projet « Konbit Pou Pwoteksyon Fanm nan Site Solèy »  implémenté par AVSI.

Photo : Fabienne Viltus- UN/MINUSTAH

Pendant une période de dix mois (de Juillet à Avril 2017), la mission onusienne et sa  section de réduction de la violence communautaire (RVC) a fourni un appui  financier au Ministère à la Condition Féminine et au Droit des Femmes (MCFDF)  pour  la mise en place d’une politique de réduction de la violence faite aux femmes à Cité Soleil. Ce support de la MINUSTAH au MCFDF via l‘AVSI devrait permettre d’encadrer cinq mille deux cents cinquante bénéficiaires directs dont cent femmes.  

Accompagnement psychosocial, médical et assistance juridique pour les victimes de viols ont été,  entre autres, des services auxquels les bénéficiaires ont eu accès pendant la durée du projet. Le renforcement de la capacité économique des femmes a été un autre volet du projet. Ce dernier a permis aux femmes de suivre des séances de formations professionnelles, ainsi que le renforcement des organisations communautaires de base à Cité Soleil.

Toutefois, la coordonnatrice de programme d’AVSI, Maria Elena Lattni dit regretter les quelques obstacles auxquels l’association a dû faire face dans la mise en œuvre de ce projet. « Notre plus grand problème est la faiblesse des institutions étatiques, surtout les institutions judiciaires », explique Maria Elena. « Quand on fait face à des cas spécifiques de violence, comme les abus sexuels sur des femmes ou sur des mineures, les accompagner a toujours été problématique car assurer les suivis légaux  est très  difficile»,  poursuit-elle.

En dépit de tout, Mirlène qui a pu jouir des retombées positives de l’accompagnement d’AVSI, avoue que sa vie a changé. « Mes problèmes de couple ont provoqué en moi un comportement violent qui, en retour, a rejailli sur ma relation avec mes enfants. Je les frappais tout le temps… »,  confie-Mirlène dans un souffle. Mais tout cela a changé grâce au support d’AVSI. « Nous avons une meilleure communication et notre train de vie à la maison s’est nettement amélioré», ajoute-t-elle vantant les mérites du centre d’écoute.

 

Rédaction : Fabienne Viltus