Le rara, rythme vaudou

28 mar 2013

Le rara, rythme vaudou

Tout de suite après le carnaval débute la période du rara, une musique typiquement haïtienne inspirée du vaudou et née de la rencontre des premiers esclaves avec les populations indigènes.

Source : UN/MINUSTAH

Que ce soit à Léogâne, à Port-au-Prince ou aux Gonaïves, des foules de gens célèbrent le Carême, du mercredi des Cendres jusqu’au dimanche de Pâques, au rythme du rara, inspiré du vaudou.

Chercheur en anthropologie et lui-même hougan (prêtre du vaudou), Norluck Dorange explique que « le rara est une des manifestations culturelles d’Haïti qui traduit l’expression de la survie des traditions des indigènes – communément appelés Indiens – qui peuplaient l’île avant l’arrivée des Noirs d’Afrique amenés par des Européens ».

Selon lui, son origine remonte à des milliers d’années. « De même qu’avant le christianisme, plusieurs peuples rendaient un hommage au soleil, les premiers habitants d’Haïti choisissaient cette époque, appelé équinoxe, qui coïncide avec la fête de Pâques des chrétiens, pour célébrer l’arrivée du temps des semailles ».

Cependant c’est au moment du marronnage, c’est-à-dire la fuite des esclaves noirs dans les mornes pour échapper à leur condition, que les populations noires sont entrées en contact avec les derniers des indigènes, qui leur ont transmis plusieurs de leurs pratiques, dont le rara.

Ces populations pratiquant le culte vaudou, le rara est donc né de la rencontre de ces deux cultures. Les dirigeants des groupes de rara sont d’ailleurs le plus souvent des hougans ou des mambos (prêtresses du vaudou).

Bien qu’il soit à l’origine une fête en faveur de l’agriculture, typique des zones rurales du pays, principalement des départements de l’Artibonite et de l’Ouest, le rara gagne de nos jours toutes les grandes villes d’Haïti, où les différents groupes sont installés dans des quartiers populaires.

Un groupe Rara se compose de chanteurs et de trois tambours, suivis d’au moins trois instruments en bambou, appelé « banbou » ou « vaksin », de cornes en métal appelées « konet », puis de plusieurs vagues de percussionnistes avec de petits instruments portables, comme le « tchatcha » et  le « graj ».

On trouve également un noyau d'artistes connus sous le nom de « Majò Jon » ou jongleurs de bâton, ainsi que des « Wa » (Rois) et « Rèn » (Reines) qui dansent à la demande, contre une contribution du public.

Vêtus d’habits aux couleurs vives, les membres des groupes de rara chantent leur quotidien, leurs problèmes, leurs espérances, mais se moquent également de personnalités de la zone.

« Tout comme dans le vaudou, les paroles de ces chants entonnés dans les raras ont pour objectif d’instruire la communauté sur ce qui est bon, mauvais ou qui mérite d’être amélioré », souligne Norluck Dorange, qui ajoute que « si ces chansons tournent en dérision un homme ou une femme sur une mauvaise action commise, c’est pour que cela ne se reproduise plus dans la communauté ».