Marie Gladice St-Jean Lundy : une députée, une femme dévouée à la cause des femmes.

3 avr 2017

Marie Gladice St-Jean Lundy : une députée, une femme dévouée à la cause des femmes.

Photo : Fabienne Viltus - UN/MINUSTAH

Si hier la journée de Marie Gladice St-Jean Lundy était ordinaire, aujourd’hui elle est désormais marquée par de multiples rencontres et des séances qui ne lui laissent presque plus de temps libre. C’est la nouvelle réalité quotidienne de Marie Gladice,  députée de la circonscription de Jérémie. 

Sa présence à la chambre des députés n’est pas un évènement anodin. Après 49 législatures, elle est la première femme députée de la circonscription de Jérémie. Son accession à ce poste a été tout un combat. 

Marie Gladice a commencé sa lutte contre l’injustice et pour l’égalité des sexes à l’âge de 13 ans.  Elle est membre fondateur de la Fédération des Élèves de Jérémie (FEJ), à l’époque la plus jeune d’ailleurs. Déjà en classe fondamentale, elle s’employait non seulement à ses études, mais consacrait aussi du temps pour défendre ses pairs conjointement avec ses camarades de la FEJ.

 «Mes camarades et moi, nous réclamions entre autres, de meilleures conditions hygiéniques, la régulation des conditions de travail des professeurs qui observaient souvent des arrêts de travail. Quelques années plus tard, notre mouvement a pris de l’ampleur pour revendiquer des services de base pour toute la communauté comme l’eau, l’électricité, des lycées additionnels, etc. »,  raconte-t-elle, tout en soulignant que nombre de ces revendications ont été prises en compte par les autorités locales.

Toutefois, tout le long de la mouvance, une réalité a fortement attiré l’attention de la jeune militante, et celle-ci allait canaliser sa lutte vers l’égalité homme-femme. « Ce qui m’a le plus marqué, c’est que nous n’étions que 3 filles au sein de cette fédération qui regroupait une dizaine d’écoles environ », regrette Gladice. «Cela m’a fait prendre conscience de la faible représentativité des filles et des femmes au sein de cette structure qui défendait  une noble cause qui  les touchent elles, au même titre que les hommes », raconte  Mme Lundy.  

« La politique est l’affaire des hommes et non des femmes », articule l’élue de Jérémie pour répéter plus d’un. De son avis, c’est une théorie qui va à l’encontre de la lutte pour l’égalité homme-femme et qui ne date pas d’aujourd’hui.  « Mes parents ne voulaient pas que je fasse partie de la  Fédération des Ecoles de Jérémie (FEJ) simplement parce que je suis une fille. C’était la même réalité pour mes deux autres camarades filles de la FEJ », dit-elle avec un air lointain.

Si ces souvenirs la font sourire aujourd’hui, ils ont été par ailleurs déterminants pour son futur. Ils ont contribué à façonner son caractère laissant des empreintes sur celle qu’elle est devenue aujourd’hui. « Tu es une fille, et en tant que telle, ce n’est pas ton cercle de fréquentation, me disait mon père. Il va sans dire que ma mère l’appuyait dans ses dires», se souvient Marie Gladice. Confiante dans le bien-fondé de leur mouvement, Gladice et ses camarades organisaient des rencontres clandestines lorsqu’elles devaient accompagner les autres membres pour gagner les rues dans le but de faire pression sur les autorités étatiques afin de doter la communauté des services publics. « Tout cela a nourri en moi la conviction de toujours me battre pour représenter cette majorité de la population (52%,  selon ONU femme).

De militante au ministère à la condition féminine

Plus décidée que jamais à défendre la cause des femmes, Mme Lundy est nommée, en 1995, Directrice départementale du Ministère à la Condition Féminine et aux Doit des Femmes (MCFDF) pour le département de la Grande-Anse. Elle a occupé ce poste pendant 21 ans. Durant son passage à la tête de cette direction, elle a travaillé entre autre à accompagner et assister les femmes victimes de violences de tout genre et de discriminations sexistes. Elle s’est également investie dans la lutte contre toute forme de stéréotypes et discrimination visant à entraver l’émancipation des femmes

« Ce qui m’a franchement décidé à me porter candidate fut cette longue expérience  au commande de la direction départemental du MCFDF. Là,  j’ai pris conscience que les femmes n’étaient pas assez présentes dans les sphères décisionnels et sur la scène politique. Alors, je me suis dit : si on reste derrière le rideau, nos revendications ne seront jamais prises en comptes. Donc, c’est à nous femmes de prendre notre destin en main », rapporte Marie Gladice avec fierté.

 

Née à Jérémie, Marie Gladice Saint-Jean Lundy est la 7ème d’une famille de 9 enfants.  Marie Gladice est mariée et mère de deux garçons. Elle est détentrice d’une licence en anthropo-sociologie, en communication sociale et en sciences juridique, et fait partie de la catégorie de femme qui accorde beaucoup d’importance à l’équilibre familiale.

 

Du pain sur la planche après l’ouragan Matthew

La représentante de la circonscription de Jérémie se dit préoccuper par la nouvelle situation du département suite au passage de l’ouragan Matthew. En effet, le Grand Sud d’Haïti a été fortement ravagé par l’ouragan Matthew. « Sept mois de cela, la  Grande-Anse était considéré comme la réserve du pays en matière de végétation. Tout cela se dit au passé aujourd’hui », se désole le parlementaire.

Pour se relever, ce département a besoin d’une attention particulière de la part des nouveaux décideurs du pays. Le nouveau gouvernement devrait inclure dans son plan  des actions qui prennent en compte les problèmes de la Grand-anse, avec un focus sur le secteur agricole et la communication routière.

De son coté, en tant que parlementaire, Marie Gladice St-Jean Lundy promet de travailler conjointement avec les autres autorités de la Grande-Anse de manière à amener le gouvernement et les partenaires internationaux à Injecter beaucoup plus d’argent dans le budget national en faveur de la région. « Implémenter des projets durables avec, et en faveur, des victimes de Matthew est le seul moyen de relever l’économie des familles appauvries par le désastre », rappelle madame Lundy qui invite les femmes de Jérémie en particulier à participer activement dans le relèvement de leur communauté.

 

Rédaction : Fabienne Viltus