Raymonde Rival : 4 ans pour changer la situation économique des femmes

3 avr 2017

Raymonde Rival : 4 ans pour changer la situation économique des femmes

Photo : Fabienne Viltus - UN/MINUSTAH

« Apres mon 1er mandat en 2000, j’ai toujours eu à l’idée de revenir un jour au parlement pour continuer ce que je n’ai pas terminé… » Déclare sereinement la députée Raymonde Rival Auguste. Elle représente la circonscription de Cornillon Grand-Bois à la chambre des députés, l’une des 18 communes du département de l’Ouest, situé à environ 52 km de Port au Prince, en plein cœur de l’arrondissement de Croix-des-Bouquets.

De nature calme et joviale, l’ancienne députée de la 47e législature se soucie de la situation économique précaire des habitants de sa zone, notamment celle des femmes. Ces dernières évoluent pour la plupart, dans le commerce informel et l’agriculture pour subvenir tant bien que mal au besoin de leurs familles. «Les femmes de ma commune n’ont d’accès qu’à des prêts dont le taux d’intérêt est souvent élevé. Ils ne répondent pas tout à fait à leurs besoins fondamentaux, car ils ne sont pas adaptés à leur situation», dénote Raymonde Rivale.

La députée déplore le fait que les femmes n’ont d’autres recours que de s’adresser aux institutions financières de la place.  « Elles sont bien obligées, car elles n’ont pas d’autres sources de financement, soit pour exploiter leur champs agricoles ou financer leurs petits commerce », poursuit Raymonde qui connait bien la réalité pour l’avoir vécu de prêt.

Le manque d’encadrement des femmes négociantes n’est pas le seul problème soulevé par l’élue de Cornillon. Selon elle, les femmes risquent quotidiennement leur vie pour répondre aux besoins primaires de leurs foyers. Mme Rival Auguste met l’accent sur les conditions générales d’existence de ces dernières.

« Ces femmes, quelque fois cheffes de familles monoparentales ont la vie dure. Elles mènent des activités commerciales au péril de leur vie, car le mauvais état des routes reliant Cornillon à Port-au-Prince, principale ville de leurs échanges commerciaux, est à la base de plusieurs accidents qui ont conduit parfois à la perte de leurs marchandises voir même leurs vie », regrette – elle.

Dans le souci d’améliorer la situation, Raymonde Rivale a entrepris des démarches auprès d’une organisation frontalière de la contrée qui octroie des prêts en intrants agricoles. Une démarche qui a abouti à des crédits en engrais et/ou semences aux paysannes de manière à cultiver leur parcelle de terre.

Parallèlement, elle a aussi mis sur pied une mutuelle de solidarité qui permet aux femmes de mettre ensemble leurs avoir pour créer un fonds d’entraide. Ce dernier leur permet d’avoir accès tour à tour à des prêts simples et adaptés à leurs besoins.

D’un autre côté, députée Rival travaille actuellement sur un projet de loi relatif à un système de crédit en faveur des femmes, en vue d’apporter une réponse plus durable à cette problématique.

 

Respect des droits des femmes:  

La représentativité égale homme-femme sur la scène politique en Haïti tarde encore à devenir une réalité en dépit de la provision légale du quota de 30% de la constitution. La preuve : on a seulement 4 femmes au palais législatif sur un total de 149 parlementaires pour les deux chambres combinées. Selon la députée Raymonde Rival, vice-présidente de la commission « condition féminine et équité de genre », cette situation est la résultante d’un manque de conscientisation des autorités sur la question "Genre".

Elle souligne aussi le manque de préparation des femmes à affronter les élections dans le contexte haïtien. « Il ne faut surtout pas attendre le lancement des élections pour dire : je vais me porter candidate », dit-elle en s’adresse aux femmes qui s’intéressent à la politique. « Le meilleur moment pour commencer à préparer le quota de 30% à la prochaine législature, c’est maintenant », affirme Raymonde avec conviction.

Pour le bien fondée de cette lutte, elle invite les organisations de femmes à se regrouper autour d’une plateforme, pourquoi pas un mouvement, afin de mieux conjuguer les efforts au bénéfice de la question de genre en Haïti.

Avocate de profession, épouse et mère d’une fille, la députée Raymonde Rival a fait toutes ses études à Port-au-Prince, faute d’infrastructure scolaire adéquate à  Cornillon. Adolescente,  elle fréquentait déjà les espaces politiques au côté de son père avant d’occuper son premier poste électif à 33 ans.

Par la suite, elle a rejoint les organisations communautaires de base comme l’Organisations des Femmes Actives pour le Développement Economique et Sociale de Cornillon (FADES), Mouvement Paysan Mathurin de la 2e section Boukan Bwapen, sa localité natale, avant de fonder, en 1995, une école communautaire qui, aujourd’hui, est devenu une école nationale.

 

Rédaction : Fabienne Viltus