Matthew: des victimes parmi les victimes

3 nov 2016

Matthew: des victimes parmi les victimes

Logan Abassi - UN/MINUSTAH

Entre les dommages matériels flagrants- déperdition quasi-totale de la flore,  des habitations, des plantations agricoles, des infrastructures communautaires, des fondations publiques et routières- la dure réalité de certaines communes du département du Sud reste indescriptible. C’est le cas de la commune  de Roche- à- Bateau, une des 18 communes composant le département, situé  à 1heure de la ville des Cayes. Entièrement coupée du reste du département depuis la fameuse nuit du 03 au 04 Octobre 2016, cette ville côtière compte parmi celles qui sont les plus ravagées par le passage de l’ouragan Matthew.

« J’habitais en bord de mer, j’ai tout perdu. Les vents de l’ouragan, accrus par la proximité de la mer ont arraché ma maison, ma boutique et mon potager. Les eaux et le vent ont ensuite tout emportés me laissant dans la nature les mains vides », raconte Lamide Louis-Jean dans un souffle. 35 ans, mère célibataire, cette jeune dame courageuse fait partie des centaines de femmes victimes de l’ouragan.

Combative, elle est aussi de celle qui ne se laisse pas abattre facilement. Elle n’en a pas le droit d’ailleurs, car entant que leader communautaire, la population de sa communauté, notamment les femmes comptent sur sa capacité de leadership pour les aider à faire face à la dure et nouvelle réalité engendrée par Matthew.

Marie Yolette B. Daniel - UN/MINUSTAH

Un premier Pas, une lueur d’espoir.

 

 

En se remémorant les évènements de cette nuit inoubliable pour les vivants du Grand-Sud, Lamide a l’impression de revivre le cauchemar. Se ressaisissant, elle convient qu’elle n’est pas là pour parler de son petit univers. « Depuis cette nuit, Roche-à-Bateau n’existe plus. Chacun vie le drame à sa façon mais, il va sans dire que la situation des femmes est doublement compliquée », fait-elle valoir. Lamide rappelle que malheureusement, même les autorités locales sont impuissantes et absentes. Cependant,  en prenant part à cette rencontre inespérée réalisée par ONU FEMME, elle estime faire un premier pas… 

 

Les femmes-sinistrées de la commune de Roche-à- Bateau ne sont pas les seules à vivre une situation particulière suite au passage du monstre Matthew. Outre les problèmes liés à la perte de leurs avoirs (jardins, commerces, maisons, les souvenirs les plus chers etc.),  certaines femmes ont été contraintes de prendre refuge dans des abris provisoires. Des espaces pris d’assaut par des victimes de tous sexes, catégories sociales et d’âges confondus.

Aussi, ces dernières vivent sous les jougs d’autres menaces plus traumatisantes si rien n’est fait pour les prévenir. « Je ne suis pas à l’aise, la nuit je dors peu car, tout le monde, hommes, femmes, enfants  se retrouve dans le même espace. Je ne suis pas tranquille » confie Anose ainsi connu, une jeune fille de 17 ans, contrainte de prendre refuge au lycée Philippe Guerrier des Cayes. Son plus grand rêve, c’est de retourner chez elle et de reprendre le chemin de l’école.

 

Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH

Le tableau est le même dans tous les abris ; toutes les personnes sont installées dans un même espace sans la moindre possibilité pour les femmes d’avoir un peu d’intimité. Et ceci, quel que soit leur condition physique ou sanitaire : (femmes âgée et/ou à mobilité réduite, enceintes ou allaitantes etc.). Conscient de l’ambigüité  de la situation, les autorités locales notamment Jean Gabriel Fortuné, maire de la commune Des Cayes se dit préoccuper. Ce dernier multiplie  les rencontres et les négociations avec les partenaires pour y remédier. « Certaines femmes sont victimes d’abus sexuel dans les abris provisoires », confirme Jean Gabriel Fortuné. Indigné et décidé, le premier citoyen de la ville indique qu’il travaille d’arrache-pied pour faciliter un retour à la normal.

Photo : Logan Abassi - UN/MINUSTAH

Les Nations Unies à pied-œuvre.

Au-delà des interventions d’urgences dans le cadre des actions humanitaire, les Nations Unies à travers ses Agences, Fonds et programmes ont apportés leurs supports aux populations victimes de Matthew à travers les autorités locales. Entre autres, une évaluation des besoins urgents en assistance alimentaire conduite par le gouvernement d'Haïti, la Coordination nationale pour la sécurité alimentaire (CNSA), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), dans la semaine suivant l'ouragan. Ce diagnostic a permis de confirmer très rapidement l’urgence d'aider les communautés à commencer à reconstruire leurs moyens de subsistance. (https://minustah.unmissions.org/haïti-la-sécurité-alimentaire-de-800000-personnes-gra....)

 

 

Dans cette même logique, l’entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU FEMME), en partenariat avec Femmes en Démocratie, a tenu le jeudi 27 Octobre 2016, un atelier de travail avec une douzaines de représentants de Roche-à-Bateau, Port Salut et les Cayes, trois (3) des communes les plus touchées par L’ouragan dans le département du Sud. L’objectif visé : Identifier, de concert avec  des leaders communautaires, des actions appropriées pouvant répondre aux besoins post Matthew. Il s’agit entre autres, l’autonomisation des femmes dans le cadre des actions humanitaire après le passage de la catastrophe. Reconstruire les communautés en recapitalisant les familles tout en s’assurant d’un égal accès des  personnes les plus vulnérables, dont les femmes et les personnes à besoins spéciaux a été le fil conducteur des échanges.

 

Rédaction : Marie Yolette B. Daniel