OMD 3 : Quand les hommes luttent contre la violence faite aux femmes

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25 nov 2014

OMD 3 : Quand les hommes luttent contre la violence faite aux femmes

Photo : UN/MINUSTAHPhoto : UN/MINUSTAH

En Septembre 2000, les dirigeants de 189 pays du monde ont adopté à l’unanimité la Déclaration du Millénaire des Nations Unies, ils se sont mis d’accord sur une série d’objectifs assortis de délais qui visent à réduire l’extrême pauvreté dans le monde. Ces objectifs sont connus aujourd’hui sous le nom d’objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et la date limite pour les atteindre est 2015.

Un an avant la date butoir, nous jetons un regard sur les Objectifs du Millénaire pour le développement en Haïti : les défis et les succès, et le travail qu’il reste à faire. Chaque mois, nous allons éplucher chacun des objectifs du Millénaire pour le développement, et d’explorer les histoires qui découlent de chacun des thèmes.

Cette semaine, nous portons notre attention sur le troisième objectif du Millénaire : « promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes », et examinons attentivement le sujet en ce qui concerne Haïti. 

 


 

Quand les hommes luttent contre la violence faite aux femmes en Haïti

 
« Nous devrions tous nous unir pour une politique de zéro tolérance envers toutes formes de violence contre les femmes, qu’elles soient physique, verbale, psychologique ou morale », a estimé la ministre de la Santé publique et de la population, Dr Florence Duperval Guillaume.

Des déclarations faites dans le cadre de l’inauguration en novembre 2013, d’un bureau de lutte contre la violence faite aux femmes, à Port-au-Prince.

Selon la « Table de Concertation nationale sur les violences spécifiques faites aux femmes et leur prise en charge », en 2005 quelque 85%des victimes de violences enregistrées dans les centres de santé étaient des femmes.

A ce titre, l’ONG internationale « Médecins du monde », (MDM), avait rapporté en 2011 que sur 1068 cas reçus dans ses locaux à Port-au-Prince, 776 relevaient de la violence physique, 284 de violence sexuels, 6 de violence économiques et 2 cas de violence psychologique, selon un rapport publié sur le site du Fonds des Nations Unies pour la population, FNUAP.

Et, l’enquête relative à la « Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services » (EMMUS V) réalisée en 2012, démontre que plus d’une femme sur 10 – soit 13 % – a été victime de violences sexuelles à un moment de sa vie et 20 % des femmes de 15-49 ans ont subi des violences physiques.
 
Le dialogue comme cheval de bataille

Pour faire cesser ces actes, les haïtiennes, à l’instar de femmes de beaucoup d’autres pays du monde, mènent une lutte quotidienne. Elles sont rejointes peu à peu par des hommes. Des associations masculines se sont même formées à travers le pays.

Mais que pensent les citoyens de cette initiative visant à associer les hommes à ce combat ? Pour avoir une meilleure idée du rôle qu’un homme peut jouer dans cette bataille, nous avons interrogé des gens de plusieurs secteurs de la vie d’Haïti.

 

Me Urvens Phanord, avocat au Barreau de Port-Prince :  Il faut comprendre que quand une femme est violentée, les hommes, eux aussi en souffrent. Quand on fait violence sur une femme, on fait violence sur la société en général.

 

Mme Elvire Eugène, militante féministe, ex-candidate au Sénat, au Cap-Haitien : L’implication des hommes dans cette lutte doit mettre l’accent sur les valeurs, les droits humains. Ses actions doivent refléter le fait que nous sommes nés libres et égaux. Ce qui signifie qu’il n’y a ni femme ni homme. Il faut que tout soit bien balancé, de manière à mettre de côté les pouvoirs qu’il croit détenir, et à favoriser l’équilibre dans la société.

 

Lesly Chéry, étudiant en diplomatie, dans une école privée, à Port-au-Prince : En face d’une femme un homme doit éviter tout comportement rappelant celui du bourreau face à un esclave. Il n’a aucun besoin de maltraiter, d’utiliser la brutalité pour obliger son conjoint à travailler. Il ne faut pas laisser l’impression d’un geôlier en face d’un prisonnier. Il doit se souvenir que la femme et lui détiennent les mêmes droits.

 

Mme Marjorie Victor, mère de famille, vend des objets d’art au Champs de Mars, Port-au-Prince : Même quand assez souvent les femmes font preuve d’incompréhension, d’intolérance, il est important que les hommes puissent s’élever et faire preuve de tolérance et éviter d’utiliser la violence. Il est mieux d’user de dialogue, car le dialogue est la clef de toute ouverture. Sans lui, rien n’est possible.

 

 

En guise de solution au problème de la violence faite aux femmes, le décret du 6 juillet 2005, a modifié le Code pénal haïtien notamment en son article 278. Un article réclamant une peine de dix ans de travaux forcés contre toute personne qui commettrait « un crime de viol, ou sera coupable de toute autre agression sexuelle, consommée ou tentée avec violence, menaces, surprise ou pression psychologique contre la personne de l’un ou l’autre sexe ».

Pour renforcer la lutte, la ministre à la condition féminine et aux droits des femmes (MCFDF) Yanick Mézil a annoncé le 6 février 2013 la finalisation des travaux d’élaboration d’un avant-projet de loi-cadre pour lutter contre ce que sa prédécesseur, Marjory Michel, avait appelé « fléau dévastateur » à « combattre dans tous les sens ».

La « violence à l’égard des femmes » telle que définie par les Nations Unies, désigne tout acte de violence dirigé contre les personnes de sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques.

Elle prend également en compte la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée.

Depuis 1999, le 25 novembre a été proclamée la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes par l’Assemblée générale de l’ONU afin de sensibiliser l’opinion publique sur le fléau mondial qu’est la violence contre les femmes, et pour agir en vue de l’éradiquer.

Cependant, en 1981 déjà, Haïti avait ratifié la Convention pour l’élimination de toutes formes de discriminations à l’égard des femmes (CEDEF), qui constitue le fondement du droit international en la matière.

Rédaction : Pierre Jérôme Richard