Point de presse des Nations Unies du Jeudi 15 mars 2012

15 mar 2012

Point de presse des Nations Unies du Jeudi 15 mars 2012

Animé par :

Le Représentant du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti et Chef de la  MINUSTAH

 

Intervention de la porte parole de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Sylvie van den Wildenberg

Bonjour à toutes et à tous, merci de votre présence, comme annoncé,  nous avons l‘honneur d’avoir avec nous aujourd’hui le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti , M. Mariano Fernández Amunátegui , qui a souhaité vous faire un petit point sur sa récente visite de travail ӑ New York, ou il est allé présenté le dernier rapport du secrétaire général sur Haïti devant le Conseil de sécurité, lequel a également tenu un débat élargi sur la situation en Haïti, jeudi dernier, 8 mars.  Je donne tout de suite la parole à M. Fernandez.

Intervention du Représentant spécial du Secrétaire général en Haïti, et chef de la MINUSTAH, M. Mariano Fernández Amunátegui

Bonjour à toutes et à tous,

L’idée de cette conférence de presse, était de  pour vous informer  sur ma rencontre avec le Conseil de Sécurité la semaine dernière. Je ne vais pas revenir sur le discours que j’ai prononcé  (disponible sur le site de la MINUSTAH). Je veux simplement vous expliquer l’objet de cette réunion et comment elle s’est déroulée.

Le Secrétaire général des Nations Unies présente des rapports intermédiaires au Conseil de Sécurité avant d’examiner et de se prononcer sur la résolution relative au renouvellement du mandat de la Mission de la paix, chaque mois d’octobre. C’est pour présenter ce rapport que je suis rendu à New York devant le Conseil de sécurité, aux Etats qui en sont membres – 15 – dont 5 permanents et 10 non permanents mais aussi aux pays contributeurs de la MINUSTAH et a d’autres Etats qui ont participé au débat qui a suivi la présentation du rapport lors de la séance. A cette occasion, 13 pays non membres du Conseil ont demandé la parole. Au total, près d’une trentaine de représentants d’Etats, membres et non membres du Conseil, sont intervenus dans le cadre du débat et je dois dire qu’ils se sont montré dans l’ensemble, ils ont marqué leur appui au travail de la MINUSTAH de manière presqu’unanime, avec bien entendu, diverses nuances dans le langage.  En général, l’appréciation du travail que nous faisons ici, a été très positive. La réunion avec les pays contributeurs de troupes a elle aussi été très positive parce qu’aucune voix ne s’est levée pour annoncer une fin de contribution, au contraire.

Dans mon discours, j’ai fait état des deux grands piliers et d’un pilier complémentaire, essentiels du  travail que la MINUSTAH doit poursuivre: le renforcement, mais aussi la création, la modernisation des institutions et de l’Etat de droit. C’est la question essentielle pour un pays comme Haïti. L’autre pilier est le renforcement et la mise à jour  de la police haïtienne, la PNH. En ce qui concerne le pilier complémentaire, important du point de vue matériel, il consiste en les  travaux que nous faisons en coopération avec les autorités à tous les niveaux, dans les domaines de l’appui à la paix et  à la sécurité en Haïti qui contribuent également au développement. Je prendrais comme exemple, car c’est l’un des plus parlants, celui de la construction ou de la réhabilitation de tribunaux de paix. Nous avons construits une cinquantaine dans le pays et nous parviendrons à 80 dans les deux prochaines années. C’est une forte contribution à la construction de l’Etat de droit. Un tribunal de paix qui ne dispose pas de bâtiment pour exercer la justice est inconcevable puisqu’il n’y a pas de lieu pour produire de décisions de justice. En outre, les bâtiments des tribunaux de paix sont des bâtiments resteront en place, au service de la communauté, après le départ de la MINUSTAH.  Cela constitue donc un appui au développement à plus long terme.

Lors de mon intervention devant le Conseil, j’ai aussi commenté la situation politique actuelle, avec un Premier ministre démissionnaire. Et j’ai  informé le Conseil de Sécurité que la volonté de la MINUSTAH était  de travailler avec le Gouvernement et le Parlement pour trouver une solution dès que possible, parce qu’Haïti émet des signaux très négatifs chaque fois qu’il n’y a pas de gouvernement/des gouvernements en affaires courantes  à la tête du pays. Cela contribue à augmenter la violence, et c’est évident, comme vous l’avez vu ces derniers jours ; à ralentir les activités économiques, et donc le développement économique ce qui est important partout dans le monde, et primordial dans le cas d’Haïti  pour assurer l’amélioration des conditions de vie des Haïtiens.

Nous sommes très engagés à travailler avec tous les acteurs importants de la société haïtienne –  les partis politiques, le Parlement, le gouvernement, et autres – pour assurer qu’il y a un Gouvernement en Haïti qui puisse gérer, pas seulement les affaires courantes, mais aussi, tout ce qui concerne le futur du peuple haïtien. Tout ceci a été dit au Conseil de Sécurité, qui en  plaçant sa confiance en moi pour continuer le travail déjà commencé, qui m'a encouragé à poursuivre mes effort. Voilà, je m'arrêterai ici, Si vous avez des questions, je suis prêt à répondre.

 

 

Questions-Réponses

 

RFM : M. Fernández dites nous dans quel sens comptez vous travailler avec tous les acteurs concernés pour aider Haïti à avoir un nouveau gouvernement ?

SRSG : Nous travaillons en discutant avec l’Exécutif, le Parlement et les autres acteurs sur la nécessité qu’il y a d’avoir un gouvernement tout en respectant les normes politiques haïtiennes. Passer beaucoup de temps sans un gouvernement est très négatif et à des conséquences néfastes sur la croissance du pays. La communauté internationale que nous représentons est inquiète. Pour 2011, les prévisions statistiques de la Commission économique pour l’Amérique Latine  et les Caraïbes (CEPAL) envisageaient une croissance de 10%. pour Haiti Mais après avoir passé plusieurs mois sans  gouvernement, la croissance réelle du pays n’a été  que de 4.5%. Pour l’année 2012, la même institution  a prévu un taux de croissance de 8% mais sans gouvernement la croissance risque de diminuer.

Scoop FM : Le  Président du Pays,  Joseph Michel Martelly, après une réunion avec vous avant votre départ à New York à déclaré qu’il n’y avait  pas de remontée de l’insécurité dans le pays.  Pourtant les populations elles, sentent une augmentation de l’insécurité. La MINUSTAH compte-elle prendre des dispositions pour accompagner la population haïtienne face à ce phénomène.

 

SRSG : Ce que j’ai dit que  je n’aimais pas parler de « crise », sauf quand il y avait une véritable crise, forte. Ce que j’ai constaté c’est qu’ici, en Haïti, quand il n’y a pas de gouvernement,  la violence, l‘insécurité augmentent et cela ralenti la croissance économique. Nous ne faisons pas de commentaires sur les déclarations du Président de la République. Mais ce que nous avons constaté c’est quand il y a  n’y a pas de gouvernement systématiquement la violence augmente avec pour conséquence un ralentissement de la croissance économique et provoque un arrêt de la coopération internationale.  La population haïtienne peut compter sur la MINUSTAH pour sa sécurité.  Nous avons un mandat de coopération avec la PNH pour combattre l’insécurité et la violence installées dans quelques secteurs en Haïti.

 

Vision 2000 : Je reprends la question de mon confrère. Est-ce que la MINUSTAH n’est pas préoccupée par la remontée de l’insécurité  ces derniers jours dans la capitale haïtienne ?

SRSG : Mais oui ! Nous nous inquiétons. Bien sur.  Parce qu’à chaque fois qu’il n’y a pas de gouvernement,  l’insécurité augmente. C’est le cas aujourd’hui comme et c’était le cas avant la mise en place du gouvernement Conille et nous travaillons pour réduire ce problème. Mais il est très important qu’il y ait un gouvernement dans le meilleurs délais.

Vision 2000 : Alors si je comprends bien tout passe par la mise en place d’un nouveau gouvernement ?

SRSG : Je ne dirais pas que tout passe par la mise en place d’un nouveau gouvernement. Je dis qu’en regardant les chiffres, qu’à chaque fois qu’il n’y pas de gouvernement en Haïti, l’insécurité augmente alors que quand il y a un gouvernement, les choses fonctionnent mieux. C’est le constat que j’ai fait depuis mon arrivée ici, en Haïti.

Vision 2000 : Le deuxième volet de ma question est que le Sénateur Latortue a fait savoir  cette semaine que les deux soldats impliqués dans un cas de viol sur un mineur aux Gonaïves ont été jugés par une Cour martiale pakistanaise aux  Gonaïves.  Il a  aussi  fait mention de discussions  qui sont en cours entre les Nations Unies, le Pakistan et l’Etat haïtien pour une réparation civile. Dans le cas ou c’est  vrai, a quel niveau sont ses discussions ? 

SRSG : Effectivement, une Cour martiale pakistanaise a condamné les abus sexuels des FPU pakistanais.  Si vous avez lu le deuxième paragraphe de mon discours  prononcé la semaine dernière, devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, j’ai clairement fait référence à la nécessité qu’il y a à être plus radicaux à l’encontre des personnes impliquées dans des actes d’abus sexuels à l’encontre de mineurs dans les missions de paix des Nations Unies. 

Sur la déclaration de Mr Latortue, en ce qui concerne la réparation civile  pour la victime, cette question dépasse le cadre des Nations Unies, c’est une question qui concerne l’Etat haïtien et l’Etat pakistanais.

En ce qui concerne les abus sexuels, pour nous, à la MINUSTAH c’est la tolérance zéro. Chaque personne qui travaille à la MINUSTAH, militaire, civil, policier, signe un contrat qui interdit de mener un certain nombre de choses, et notamment, la prostitution, le commerce sexuel sur les mineurs.  Une implication dans de telles activités suffit pour isoler quelqu’un, qui a violé les termes de son contrat et pour le mettre à la disposition de la justice selon les traités et accords signés entre les Nations Unies et les pays contributeurs.

 

Caraïbes FM : Vous avez parlé de tolérance zero, M.  Fernandez, est ce que la condamnation des soldats Pakistanais servira de jurisprudence pour l’avenir ?

SRSG : Je crois que c’est un cas important qui peut servir pour  de  prochains cas de potentiel abus sexuel. Parce que nous voulons un processus  transparent.   Nous,  de notre coté,  nous avons renforcé  fortement les mesures pour prévenir les abus.  Nous  le disons encore, Il ne doit plus exister de cas d’abus sexuel en Haïti de la part des membres de la MINUSTAH et à chaque cas révélé,  les sanctions seront de plus en plus radicales. 

 

 Bonne Semaine à tous !