Port-de-Paix/Jean Rabel : La route de l’espoir

12 sep 2013

Port-de-Paix/Jean Rabel : La route de l’espoir

Près de 20 ans après les derniers travaux de réhabilitation, la route qui relie les communes de Jean Rabel et de Port-de-Paix (Nord-ouest) vient d’être rénovée. Un projet important de la MINUSTAH qui suscite de l’espoir parmi les agriculteurs et commerçants de ces zones reculées.

Le soleil vient de se lever sur la petite section communale de Cabaret (1e section de la commune de Jean Rabel), lorsque, au niveau de l’école nationale, un gros camion, rempli de passagers et de marchandises, freine brusquement. Le chauffeur avait oublié de prendre une autre passagère dans la plateforme de son véhicule déjà surchargé. Malgré les protestations des passagères recouvertes de poussière, le chauffeur exulte.

« Je suis heureux de reprendre du service. Cela faisait six mois que je ne travaillais pas, à cause du mauvais état de la route », explique-t-il, tendant le bras à la passagère chargée de paniers.

Le colosse, poitrine au vent et coiffé d’un chapeau de paille, se nomme Elie Joseph. Il est chauffeur de camion sur cette route depuis 17 ans.

« Depuis que la route est finie, nous avons repris espoir. Et pouvons préparer la rentrée scolaire avec sérénité », explique ce père de trois enfants.

« Nous faisons plusieurs voyages par jour. Et je suis sûr d’envoyer tous mes enfants à l’école cette année », ajoute-t-il, avant de redémarrer en trombe. Direction : Port-de-Paix. Une immense couche de poussière s’élève encore, comme à chaque passage de véhicule, sur cette route en terre battue, qui traverse et contourne des collines presque totalement déboisées.

Le revers de la médaille, c’est la vitesse. « Depuis la fin des travaux de réhabilitation de la route, les chauffeurs abusent. Comme s’ils voulaient se venger de nombreuses années passés sur une route cahoteuse », s’inquiète le responsable de l’Assemblée de la section communale (Asec), Dugat Esaie.

Le représentant local envisage de renforcer les mesures pour limiter la vitesse sur cette route empruntée par les commerçants. Chaque jour, ils vont vendre leurs produits à Port-de-Paix, le chef-lieu de région.

Ambiance au marché

Au marché du bord de mer, à Port-de-Paix, l’ambiance est animée. Commerçantes et acheteurs négocient dur le prix des denrées alimentaires. La qualité des produits de la commune de Jean Rabel est appréciée. On y trouve de la banane, des avocats, du manioc, des ignames et autres fruits prisés.

« Par le passé, nous faisions parfois deux à trois jours sur cette route avec nos marchandises. Nous étions parfois victimes d’agressions », se rappelle Elina Jean, 42 ans et mère de six enfants. « Depuis que la route été refaite, nous respirons et travaillons mieux ». Cette marchande de bananes, d’avocats, de manioc, et de l’âme véritable, fruit typiquement haïtien, emprunte cette route depuis près de 20 ans.
« Maintenant, nous ne mettons qu’une à deux heures pour atteindre Port-de-Paix. Nos marchandises arrivent fraiches, et nous les écoulons rapidement. Ce qui va me permettre d’envoyer les enfants à l’école toute l’année », ajoute-t-elle avant de plier son étal et regagner son domicile à Jean Rabel.

Et la santé des commerçantes s’en ressent aussi. « Lorsque la route était mauvaise, nous faisions trois jours de voyage, parfois sous la pluie, souvent obligées de pousser le camion et les marchandises. Ce qui nous rendait malades », se rappelle une autre commerçante.
Elle espère que l’Etat travaillera « avec la MINUSTAH pour maintenir la route dans un bon état, pour que nous ne revivions pas les misères du passé ».

Après huit mois de travaux, la route reliant Port de Paix à Jean Rabel (Nord-ouest), a en effet été rénovée et inaugurée le 3 septembre 2013. Longue de 50 km, cette route située dans le département le plus pauvre du pays, mais aussi l’un des plus enclavés, était en mauvais état, limitant les conditions d’accès et de déplacement des 150 000 habitants de la zone.

UN/MINUSTAH UN/MINUSTAH

Les travaux, exécutés par les ingénieurs militaires indonésiens de la MINUSTAH ont consisté à refermer les trous sur la chaussée, aménager des espaces d’écoulements des eaux sur les bas-côtés, construire 7 ponceaux et raffermir la chaussée. 54 soldats ont travaillé sur ce projet d’une valeur de 673 000 dollars US.

Vicky Delore Ndjeuga