Portrait – Pierrette Blackburn, une UNPol canadienne au service des femmes haïtiennes

9 aoû 2012

Portrait – Pierrette Blackburn, une UNPol canadienne au service des femmes haïtiennes

A 55 ans, Pierrette Blackburn, une policière canadienne, membre de la Police des Nations Unies (UNPol) de la MINUSTAH, est chargée des questions du genre au Cap haïtien (Nord). A la veille de son départ d’Haïti après un an passé aux côtés de sa collègue de la Police Nationale d’Haïti (PNH), Véronique Dorvil, et de son équipe, elle revient sur un an de luttes, de défis mais aussi de joies au profit des victimes de violences basées sur le genre.

Portrait – Pierrette Blackburn, une UNPol canadienne au service des femmes haïtiennes

Photo : Alban Mendes De Leon – UN/MINUSTAH

Après 32 passés au sein de la Police du Québec, province francophone du Canada, Pierrette Blackburn considère sa mission dans la deuxième ville d’Haïti comme « un cadeau du ciel ». En effet, quand elle endosse son uniforme, elle se sent policière, mais aussi, dit cette mère de deux filles, « femme avant tout » et proche des victimes qu’elle assiste. Que ce soit avec les enfants abandonnés, les victimes de viols ou de violences conjugales, elle est sur tous les fronts avec Véronique Dorvil, son homologue de la PNH. “Nous conduisons les victimes de viol à l’hôpital pour les tests médicaux contre le VIH/SIDA, la grossesse et les maladies sexuellement transmissibles (MST). Il y a des journées où nous sommes sollicités pour deux, voire cinq ou six cas de viols”, confie-t-elle, après avoir transporté une jeune victime de viol à l’hôpital Justinien du Cap Haïtien. Elle confie, épongeant la sueur de son front, faire des kilomètres à pied chaque semaine pour aller porter secours à des victimes dans des villages isolés du département avec son équipe mixte UNPol-PNH.

Impressionnée par l’engagement de la canadienne, Véronique Dorvil avoue se demander parfois si sa consœur n’est pas un peu haïtienne. “Elle est vraiment dynamique, et quelle que soit la proposition que je fais, elle prend le temps de l’apprécier et après, ensemble, on bouge ”, affirme cette agent de la PNH spécialisée en questions du genre.

Le Projet Justinien en héritage

Après une première mission de paix en Haïti (de juillet 2007 à octobre 2008), Pierrette y est retournée il y a un an pour mettre sur pied une équipe du genre composée d’UNPol et d’agents de la PNH. Ensemble, Pierrette et Véronique ont formé 157 policiers haïtiens dans la prise en charge des violences sexuelles et basées sur le genre, ce qui, selon le Porte-parole de la UNPol Michel Martin, a sensiblement contribué à augmenter le nombre des cas rapportés à la police dans le Grand Nord, suite à l’amélioration de la prise en charge des plaintes par les agents de la PNH.

Un projet qui lui tient à cœur, et qu’elle ne verra malheureusement pas se réaliser alors qu’elle quitte Haïti, est la construction au sein de l’hôpital Justinien d’une salle de dépistage du VIH/SIDA et des MST et d’un bureau de police spécial pour recueillir les plaintes des victimes de violences sexuelles et basées sur le genre et leur prodiguer les premiers soins. Prévu pour démarrer en mars 2013, le « Projet Justinien » est financé par la section de la Réduction de la Violence Communautaire (RVC) de la MINUSTAH et l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Après des mois de plaidoyer, Pierrette est fière de voir débuter ce « projet pilote qui fera du Cap Haïtien une région qui combat fermement ce crime », déclare-t-elle, convaincue d’apporter sa pierre à l’amélioration de la condition des femmes dans le Nord. Mais elle convient que beaucoup reste à faire car, dit-elle, « les viols, les abandons d’enfants et la violence faite aux femmes et aux enfants constituent de réels problèmes sociaux en Haïti ».

Satisfaite, partiellement, mais aussi un peu triste à l’heure du départ, Pierrette Blackburn dit laisser au Cap une partie de son âme. « Je n’ai pas été toute seule, j’ai eu du monde autour de moi, j’ai eu de l’aide et je crois que je vais revenir de toute façon. Je quitte avec tristesse mais en même temps je sais que le travail est accompli et qu’il se poursuivra », dit-elle, optimiste.

Rédaction : Tahirou Gouro Soumana
Edition : Sophie Boudre

Regardez la vidéo 24h avec un casque bleu consacrée à Pierrette Blackburn

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