Pour une « révolution hygiénique » dans les écoles en Haïti

21 mar 2012

Pour une « révolution hygiénique » dans les écoles en Haïti

Ce mardi 20 mars a été lancée, à Port-au-Prince, l’Alliance Eau, Assainissement et Hygiène en Milieu Scolaire (EAHMS). Une initiative de la Direction de la Santé, Nutrition et Education (DSNE) du Ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), appuyée par plusieurs partenaires dans le but de parvenir à « un environnement sain et propice à l’apprentissage » des écoliers haïtiens.

LeTitreDeLArticle

Photo : Sophia Paris – UN/MINUSTAH

S’appuyant sur le slogan « Une école amie de la santé », le Gouvernement haïtien, les agences des Nations Unies que sont le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), l’Organisation Panaméricaine de la Santé/l’Organisation Mondiale de la Santé (OPS/OMS), le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et des Organisations non-Gouvernementales (ONG), telles Save The Children, Caritas et Oxfam Québec, se sont unis en vue d’une « action conjointe » relative à l’assainissement dans le milieu scolaire.

En effet, une étude réalisée en 2010 dans les écoles de Port-au-Prince a révélé que « 72% des institutions visitées n’ont pas d’installations sanitaires adéquates ou sont mal entretenues et que dans 83% des cas, les pratiques d’hygiène sont inadéquates, notamment le lavage des mains ». Par conséquent, les acteurs intervenant dans l’éducation ont jugé la situation « préoccupante » au point de « fortement » recommander la mise en place d’un cadre national destiné à une stratégie EAHMS afin de fixer les normes susceptibles de « garantir la durabilité » des résultats escomptés.

La plate-forme « Alliance EAHMS », une série de démarches permettant de « satisfaire l’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène en milieu scolaire », vient donc combler cette attente.

Les enfants, « porte-drapeaux de l’hygiène »

Puisque « éducation et santé vont de pair », selon les membres de l’Alliance EAHMS,  le programme compte sur le rôle capital que les enfants peuvent jouer comme « porte-drapeaux » de l’assainissement et de l’hygiène dans leurs communautés.

Le ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle, Réginald Paul, qui considère les enfants comme « des vecteurs de changement social », estime que bien dirigés, ils peuvent encourager l’ensemble de la communauté à adopter les comportements et les technologies WASH (Eau, Assainissement et Hygiène) et ainsi « améliorer la santé» en aidant à « contenir les maladies diarrhéiques et hydro-fécales », lesquelles tuent quelque 4000 enfants chaque jour dans le monde.

Jugé déterminant dans la réussite scolaire, M. Paul croit également qu’un « environnement sain et agréable » peut favoriser un apprentissage de qualité. Voilà pourquoi, a-t-il annoncé, le gouvernement entend mettre en place des structures « adéquates et puissantes » de santé scolaire, notamment pour éviter d’éventuelles « conséquences désastreuses » dues à l’absence d’hygiène, comme ce fut le cas après le séisme de janvier 2010 et l’épidémie de choléra qui a débuté le mois d’octobre suivant.

Le document présentant le programme EAHMS corrobore cette thèse puisqu’il y est mentionné que « dans plus de 40% des cas de diarrhée dont sont atteints les écoliers, la transmission des microbes survient à l’école et non à la maison ». Pis, « 100% de ces cas d’infestation enregistrés chaque année dans le monde sont imputables à un assainissement et une hygiène qui laissent à désirer ».

Pour avoir une éducation de qualité en Haïti, la Représentante de l’UNICEF de ce pays, Mme Françoise Gruloos-Ackermans, juge « obligatoire » non seulement des bâtiments adéquats, mais aussi l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène. Car, ajoute-t-elle, lorsqu’on n’arrive pas à lutter contre les infestations telles que les vers intestinaux, « le développement cognitif des enfants est menacé et l’on se trouve en présence d’un cycle récurent d’absentéisme, de mauvais résultats scolaires et de progression de la pauvreté ».

A Mme Geneviève Pierre, spécialiste de programme Education au bureau de l’UNESCO en Haïti, de rappeler que « la capacité d’apprentissage des enfants, des jeunes est parfois compromise par des conditions de l’environnement physique et des comportements qui entravent le bien-être physique et émotionnel grâce auxquels l’éducation est possible ».

Selon elle, l’épidémie de choléra qui a frappé le pays en 2010 a montré l’importance de la prise en compte « dans nos écoles, des conditions de l’environnement physique et notamment de l’approvisionnement en eau potable et de l’assainissement ».

S’appuyant sur une approche participative, des outils de motivation tout en laissant place à l’innovation et à l’appropriation au niveau local, le programme WASH, piloté dans les écoles pour un « assainissement total », souhaite « accélérer la couverture sanitaire » dans l’ensemble du pays en créant un «mouvement social en faveur de l’élimination de la défécation en plein air ».

Rédaction : Pierre Jérôme Richard

Edition : Habibatou Gologo