Quand pédaler prend la forme d’un rêve

24 fév 2016

Quand pédaler prend la forme d’un rêve

Photo Jean Patrick Mackintosh UN/MINUSTAH

« Me forger une place dans la communauté, pouvoir construire ma renommée constituent mon unique objectif », affirme   avec fierté, Sterling Jean Philippe bien installé dans son ‘’atelier’’ de couture, dans le quartier populaire de Raboteau, aux Gonaïves. Logé sous le perron d’une galerie, cet espace de travail improvisé n’est protégé du soleil ou de la poussière que par un simple morceau de tissu lui servant de rideau.

Agé de 26 ans, Sterling fait partie de 75 jeunes défavorisés de la Cité de l’Indépendance à avoir bénéficié d’un cycle de formation professionnelle de 6 mois,  dont 25 en coupe et couture. Une formation patronnée par la section Réduction de la Violence Communautaire (RVC) de la MINUSTAH, dans le cadre de sa campagne  pour la non-violence.

Outre l’apprentissage en confection, cet apprentissage a également porté sur les spécificités des machine-à-coudre industrielle et domestique, la sérigraphie, et le perlage. Un volet sur le dépannage d’ordinateur et la réparation de téléphone cellulaire et de motocyclettes, était inclus dans le projet. Cette activité était financée à hauteur de 154,607.36 dollars américains par la Mission onusienne.

 

Photo Jean Patrick Mackintosh UN/MINUSTAH

Rêver par la compétition

Sans enseigne ni publicité, et avant même d’avoir eu son diplôme, en septembre 2015, Sterling avait gagné, dans un laps de temps la confiance de bon nombre de clients, même s’ils sont de petites bourses. 

« L’argent ne peut empêcher une personne de bénéficier de mes services » a souligné ce jeune tailleur qui entretemps a renforcé son équipe comprenant actuellement deux tailleurs professionnels, issus de  sa promotion, et trois apprentis.

Quant à ses outils de travail, ils se composent d’une machine-à-coudre, une paire de ciseaux et un ruban métrique.

Déjà père de 4 enfants, Sterling  rêve de monter une entreprise capable d’embaucher tous ses camarades de promotion, question d’être « compétitif sur le marché local ». Pourtant, il voit beaucoup plus loin plus que ça. Il souhaite se lancer dans la création de la mode moderne.

 

 

Devenir tailleur professionnel a toujours été sa plus grande aspiration. D’ailleurs, tout jeune, il savait utiliser une aiguille et un dé pour rapiécer ses habits. Et, à l’aide des morceaux de tissus trouvés çà et là, il commençait à pratiquer les rudiments du métier, avec pour seul guide son imagination.

« Avant la formation, utiliser une machine-à-coudre était pour moi un rêve. Aujourd’hui, mes aptitudes à manœuvrer cet outil pour donner forme à  des pièces de tissus, ne sont plus à démontrer », raconte Sterling l’air joyeux. Selon lui, ce métier est une source de motivation professionnelle qui le pousse à délaisser l’oisiveté.

 

 

Une grande première Aux Gonaïves

Inspirée du talent entrepreneurial de Sterling Jean Philippe,  la mairie des Gonaïves de concert avec la RVC de la MINUSTAH a décidé d’étendre le projet. Aussi, les autorités municipales ont- elles mis à la disposition de la RVC des terrains publics afin de construire une dizaine de kiosques en faveur des jeunes ayant bénéficié du cycle de formation.

Des espaces qui leur serviront d’ateliers soit de réparation  de  téléphones cellulaires, de motocyclettes, d’ordinateurs ou de pratique de sérigraphie, ou de perlage.  À la clôture de la série de formation, les bénéficiaires ont reçu chacun des outils et des kits relatifs à leur domaine de compétence.

Tout comme les kiosques, ces matériels doivent faciliter leur intégration sur le marché et continuer à pratiquer leurs métiers respectifs. Une grande première qui, selon les vœux de la CVR, peut susciter des effets multiplicateurs, pour le grand bien de la jeunesse des quartiers défavorisés de la région.    

En effet, par l’implémentation de ce projet,  la RVC  a choisi de venir en aide à plusieurs dizaines d’étudiants finissants des Gonaïves et des zones avoisinantes, vivant la même situation, c’est à dire l’oisiveté qui oblige de nombreux jeunes à s’impliquer dans des actes de violence, consommer de l’alcool ou utiliser la drogue.

 

Jean Patrick Mackintosh