A strike that accentuated pre-trial detentionUne grève qui accentue la détention provisoire

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23 déc 2013

A strike that accentuated pre-trial detentionUne grève qui accentue la détention provisoire

The Court of First Instance of Port-au-Prince resumed its hearings on December 2nd following a significant accumulation of dossiers piling-up on judges desks...Zemanta Related Posts Thumbnail

The court has now returned to its usual functioning – with parked cars and several small groups evidencing the slow return to complete normality.

"Today, at least, the judge may see my brother, and perhaps he'll be released," hopes one man - speaking following a brief conversation with a lawyer dressed in black. The man's brother is accused of computer theft - and has been jailed for two years at the National Penitentiary, the most populated prison in Haiti.

At 10 am, one of the judicial authorities arrives with a bodyguard – everyone turns and chatter dies-down... "It's the new government commissioner, " whispers one.

All commotion dies down – with everyone moving in all directions...
Handles turn – and doors open and close...

Since the last hearing – held on October 24th - the first public hearing (since the end of the strike) finally begins...
There are not many people in the chamber but, as usual, judges in black robes listen to the arguments of counsels. This case is a civil case in which a local telephone company is being sued for breach of contract.
At the Office of the Government Commissioner, all is a scramble...
The secretariat is overwhelmed... Kerson Charles, the new chief prosecutor of Port-au-Prince, takes stock of the immense task ahead. Prudent, he refuses to make any statement to the press, but concedes that "the lawyers' strike has had enormous consequences and that prisoners are the victims of the strike."

For Vincent Mumyaneza of the United Nations Development Programme (UNDP), the lawyers' strike is just the straw that broke the camel's back. The appointment of Francisco René as Head of Prosecution has generated much disturbance within the Haitian judicial system."Regular joint meetings between the UNDP and MINUSTAH held with judicial actors at the trial court were not held because of the prevailing climate of misunderstanding between the players," he notes.

According to Mumyaneza, these disturbances have cancelled all progress made in the follow-up of the criminal chain supported by the joint efforts of UNDP and MINUSTAH which had begun to yield positive effects. The number of defendants had declined steadily during the three months preceding the strike – notably a month-on-month decrease of 1.62%, 2.25%, and 6%.

The joint office was set-up in March 2013 by UNDP and MINUSTAH to assist the Court of First Instance of Port-au-Prince, the high court in the country - but also to help the most needy to combat pretrial detention. Material and human resources were used to organize immediate appearances identified as the best solution to avoid the slow process - unanimously condemned as the main cause of prolonged pretrial detention.

The strike has caused great harm to inmates, extending their stay in detention for some, like Olga - a woman accused by her half-brother as the cause of the sudden death of their father. "I am in prison for six years and nobody wanted to know if I'm guilty or not; that attitude has nothing to do with justice, it has to do with what seems good to him [her brother]," sighed the woman presumed guilty of patricide.

The strike has also opened cells to new defendants who may now see their detention significantly extended. The number of these newcomers stands at 186 – a total of eighty admitted in October and 109 in November – which constitutes an increase of those on remand of 1.18% and 1.56 % respectively.

Now, with the resumption of judicial activity, 6,954 people await trial, forming 70% of the total prison population. Compared to 2,383 places – the maximum capacity of all prisons - Haiti now has an overcrowding rate of 400 %, which translates to a space of just 0.62 metres square per prisoner.

MINUSTAH deplores this inflated number of people in pretrial detention, as well as the inhumane conditions that prisoners experience. The UN Mission will continue to support the Haitian Government to achieve the reduction targets of preventive detention and its duration, but also to improve the conditions of prison detention.

During a press conference commemorating United Nations Day on October 24th, 2013, Carl Alexandre, Deputy Special Representative of the Secretary-General of the UN, stated that "The alarming conditions of detention and prolonged pretrial detention led the department of Justice and Public Safety to include in its 'Action Plan 2012-2016' (unveiled at the beginning of 2013), a specific objective to reduce the rate of prolonged pretrial detention. The intended results are a reduction in remand of less than seventy-five percent (65%) for prisons in Port-au-Prince and less than twenty percent (20%) for prisons in the region."
Is the willingness shown by the Ministry of Justice and the Head of the Bar Society following the signing of the agreement that ended the strike enough to restore confidence in Haitian legal processes?

Antoine Adoum Goulgué

Le tribunal de première instance de Port-au-Prince a repris ses audiences le 2 décembre après une paralysie due à une grève des avocats. Durant ces 35 jours de perturbations, de nouveaux dossiers se sont entassés sur les bureaux des juges.

MINUSTAH/TV MINUSTAH/TV

La cour du tribunal de première instance de Port-au-Prince renoue avec son affluence habituelle. Plusieurs voitures garées, des usagers en petits groupes attendent la reprise.

« Aujourd’hui au moins il faut que le juge voie mon frère, peut-être qu’il bénéficiera d’une libération,» espère cet homme après une brève conversation avec un avocat vêtu de noir. Son frère est accusé de vol d’ordinateur et est incarcéré depuis deux ans au pénitencier national, la plus peuplée des prisons d’Haïti.

A 10 heures, arrive une autorité accompagnée d’un garde du corps. Tout le monde se retourne, les causeries s’estompent. « C’est le nouveau commissaire du gouvernement,» chuchote-t-on. Le remue-ménage s’installe. Comme à la foire, tout bouge  dans tous les sens. Des poignées tournent, des portes s’ouvrent et se referment.

Depuis la dernière en date du 24 octobre, la première audience publique s’ouvre enfin. Il n’y a pas grand monde dans la salle. Comme ils en ont l’habitude, les juges en toge noire, écoutent les plaidoiries des avocats. Il s’agit d’une affaire civile dans laquelle une compagnie de téléphonie locale est poursuivie pour rupture abusive de contrat.

Au bureau du commissaire du gouvernement, c’est la bousculade. Le secrétariat est débordé. Kerson Charles, le nouveau chef du parquet de Port-au-Prince mesure l’immensité de la tâche qui l’attend. Prudent, il se refuse à toute déclaration à la presse mais concède du bout des lèvres : «  la grève des avocats a eu des conséquences énormes et les détenus sont les victimes de cette grève ».

Pour Vincent Mumyaneza du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la grève des avocats n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. La nomination de Francisco René à la tête du parquet a suscité beaucoup de perturbations au sein de l’appareil judiciaire haïtien. « Les réunions habituelles que le bureau conjoint PNUD/MINUSTAH tenaient avec les acteurs judiciaires au tribunal de première instance ne se tenaient plus à cause du climat d’incompréhension qui régnait  entre les acteurs », note-il.

Selon  Mumyaneza, ces perturbations ont annulé les progrès réalisés dans le cadre du suivi de la chaine pénale soutenu par le bureau conjoint  PNUD/MINUSTAH et qui avait commencé à produire des effets positifs. Le nombre des prévenus avait régulièrement baissé, au cours des trois mois ayant précédé la grève, notamment 1,62%, 2,25, et 6% de baisse.

Le bureau conjoint a été mis en place en mars 2013 par le PNUD et la MINUSTAH pour aider le tribunal de première instance de Port-au-Prince, la plus grande juridiction du pays mais aussi la plus touchée, à combattre la détention provisoire prolongée. Des moyens matériels et humains sont mis en œuvre pour organiser des comparutions immédiates identifiées comme la meilleure solution pour éviter la lenteur unanimement décriée comme la cause principale de la détention provisoire prolongée.

Extrait de la Constitution d'Haïti de 1987 Extrait de la Constitution d'Haïti de 1987

La grève a commis un grand tort aux détenus, prolongeant  le séjour en détention provisoire de certains à l’image d’Olga, cette dame accusée par son demi-frère d’être à l’origine de la mort subite de son père. « Je suis en prison depuis six ans et personne n’a voulu savoir si je suis coupable ou pas, je n’ai rien à dire à la justice, elle n’a qu’à faire ce qui lui semble bon », soupire la présumée coupable de parricide. La grève a aussi ouvert les portes des cellules aux nouveaux accusés qui risquent de voir leur détention se prolonger. Ces nouveaux-venus sont au nombre 186 dont 80 personnes admises en octobre et 109 en novembre pour une hausse de 1,18% et 1,56% respectivement.

Des sources de la Direction de l'Administration pénitentiaire (DAP) et de l'Unité Correction de la MINUSTAH indiquent que 6 954 personnes attendaient d’être jugées à la fin du mois de novembre 2013, formant 70% de la population carcérale. Comparée aux 2 383 places, capacité maximale des toutes les prisons,  Haïti affichent un taux de surpopulation carcérale de 400%, soit 0,62 mètre carré par détenu et devient  ainsi le plus mauvais élève en matière de protection des droits de prisonniers au monde.

La MINUSTAH déplore ce trop grand nombre des personnes en détention provisoire prolongée et les conditions inhumaines que cela entraine pour les détenus. La mission est déterminée à apporter  "son support au gouvernement haïtien afin d’atteindre les objectifs de réduction de détention préventive et sa durée mais également améliorer les conditions de détention des détenus".  Aussi, Carl Alexandre, Représentant spécial adjoint du Secrétaire General de l’ONU, annonce-t-il  le 24 octobre 2013 lors d’une conférence de presse commémorant la journée des Nations Unies : « Cette situation alarmante des conditions de détention et de détention provisoire prolongée a amené le ministère de la Justice et de la Sécurité publique à inscrire dans son plan d’action 2012-2016, énoncé au début de l’année 2013, un objectif spécifique qui vise à réduire le taux de la détention préventive prolongée. Les résultats escomptés sont une réduction du taux de détention provisoire à moins de soixante-cinq pourcent (65%) pour les prisons de Port-au-Prince et à moins de vingt pourcent (20%) pour les prisons en région ».

La volonté affichée par le ministère de la Justice et le responsable du Barreau lors de la signature de l’accord levant la grève suffira-t-elle pour redonner confiance à cette catégorie d’Haïtiens ?

Antoine Adoum Goulgué