Vers la création d’un institut des Droits de l’homme en Haïti

22 nov 2012

Vers la création d’un institut des Droits de l’homme en Haïti

Dans le cadre de leur soutien à l’Etat haïtien dans sa lutte contre l’impunité, des pays d’Amérique du Sud ainsi que la MINUSTAH réfléchissent, ensemble avec les autorités, sur la création d’un institut des droits humains dans le pays afin d’instaurer une « culture des Droits de l’homme ».

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Photo : Logan Abassi – UN/MINUSTAH

L’idée d’un institut des Droits humains est née d’une réflexion engagée par les ambassades d’Argentine et du Brésil et l’Union des Nations Sud-Américaines (UNASUR), en consultation avec le Ministère haïtien aux Droits humains. Selon Abdoul Aziz Thioye, qui dirige l’Unité des Politiques publiques à la Section des Droits de l’Homme de la MINUSTAH, impliquée dans ce processus, les causes de l’impunité en Haïti se résument à « l’absence de culture de droits humains, la faiblesse de l’appareil judiciaire et l’absence de travail de mémoire pour retracer le passé des violations des droits de l’homme dans le pays ». Un institut indépendant pourrait donc, selon l’officier des Droits de l’homme, contribuer à comprendre et documenter les causes profondes des violations des droits de l’homme dans le pays, par la recherche académique et la formation des citoyens, afin de parvenir à une société plus stable avec des institutions qui jouent pleinement leur rôle.

En visite en Haïti cette semaine à l'invitation de l'Office de protection du citoyen (OPC), le Secrétaire exécutif de l'Institut de politiques publiques en matière de Droits humains (IPPDH) au sein du Marché Commun du Sud (MERCOSUR) basé en Uruguay a ainsi offert son expertise aux autorités haïtiennes pour la mise place d’une telle institution. Lors d’une conférence de presse ce mardi, l’avocat Victor Abramovich a en effet partagé l’expérience de pays sud-américains marqués par de graves violations des droits de l’homme tels le Chili et l’Argentine et qui, par le biais d’institutions spécialisées, ont réussi à engager un travail de mémoire, de vérité, de justice et de réparation en faveur des victimes et leurs familles.

Un travail d’autant plus important, selon le juriste argentin, qu’Haïti est lié par ses obligations conventionnelles internationales et par sa législation nationale afin de prendre des mesures de promotion et de protection des Droits de l'homme. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), ratifié le 31 janvier dernier, déterminent précisément les droits fondamentaux qui doivent être protégés en tout temps et constituent le cadre pour l'élaboration des lois, la conception des politiques et la mise en application de ces lois et politiques de manière à faire progresser le respect des Droits de l'homme dans le pays.

Tahirou Gouro Soumana/Sophie Boudre